Les employeurs ferment les yeux sur les dangers dans le secteur de la céramique

Les travailleurs du secteur de la céramique sont particulièrement exposés à de multiples risques pour leur santé. Cette problématique était au programme d'une journée d'étude début mars.

La Centrale Générale – FGTB organise régulièrement des journées d’études pour ses délégués. Ces journées permettent toujours des échanges enrichissants, tant pour les délégués que pour nos services. Ce fut le cas en mars dernier lors d’une journée d’études consacrée au secteur de la céramique. Une attention toute particulière a été accordée à la santé des travailleurs du secteur, particulièrement exposés à de multiples risques pour leur santé.

Outre les risques courants que l’on retrouve dans d’autres secteurs comme l’exposition à des charges lourdes, le bruit ou encore le stress, le secteur de la céramique est principalement touché par deux fléaux : l’exposition aux fibres céramiques réfractaires d’une part et aux poussières fines d’autre part. Toutes deux sont, sur le long terme, cancérogènes.

Plus de prévention

Dans un tel contexte, on ne le dira jamais assez, la prévention reste le meilleur moyen de protéger les travailleurs. Quant au suivi médical, il doit lui aussi être au centre des préoccupations. D’ailleurs, vu le genre d’exposition, la législation sur le bien-être au travail prévoit que les travailleurs soient soumis à des examens spécifiques, adaptés aux risques encourus. Or, il semblerait que cela soit rarement le cas dans le secteur. Les visite médicales annuelles sont souvent standardisées et ne sont donc pas en mesure de déceler préventivement les pathologies caractéristiques de ce type d’expositions. Il faudrait par exemple des radios du thorax ou encore des examens sanguins.

Mais le plus troublant, c’est que nous constatons que même dans les entreprises où un suivi médical plus adapté a pu être réalisé, certains travailleurs se sont vus refuser l’accès à leur dossier médical et même aux résultats de leurs examens. Une situation totalement inacceptable contre laquelle nous réagissons.

Une situation inquiétante

Les délégués nous ont fait part de leurs craintes pour la santé des travailleurs. Ainsi, dans une même entreprise, trois décès des suites de cancers de l’œsophage sont à déplorer. Les trois travailleurs comptaient plus de 30 ans d’ancienneté. Mais pour la direction, rien à voir avec le fait que durant toutes ces années, ces travailleurs ont inhalé des poussières fines. Elle tente plutôt de se dédouaner en cherchant d’autres explications à ces décès. Une réaction totalement inacceptable.

Pour Brahim Hilami, secrétaire fédéral, certains employeurs ont une attitude criminelle : « Aujourd’hui, ce que nous exigeons, c’est que les employeurs assument leurs responsabilités et que la santé des travailleurs devienne enfin leur priorité. Ce que nous voulons, ce sont des moyens de protection plus efficaces, des contrôles médicaux adaptés et plus de transparence au niveau des résultats de ceux-ci ». Il va de soi que ce dossier n’en restera pas là et que des initiatives seront prises pour faire bouger les choses via notamment, les organes de concertation sociale.