Témoignage de délégués de la construction sur le dumping social

“Nous sommes mis au chômage alors qu’il y a trop de travail ”

Je suis échafaudeur depuis 5 ans, mais il y a très peu de jeunes comme moi qui peuvent encore trouver du travail dans la construction. A cause du dumping social, ils ne sont pratiquement plus engagés. Ce sont des travailleurs étrangers qui sont mis au travail, pour un salaire de misère. Et s’ils ne conviennent pas, ils sont purement et simplement renvoyés chez eux. Quant aux Belges, ils doivent soit prendre des jours de congé, soit être mis au chômage alors qu’en réalité, il y a trop de travail. Nick Reyns, délégué

“Ces travailleurs étrangers sont nos camarades”

Les ouvriers de la construction étrangers sont des gens comme nous. Nous sommes à leurs côtés. Nous ne menons pas d’actions contre eux, ce que nous combattons, c’est la manière dont ils sont traités. Ils sont parqués dans des baraquements ou des caravanes. Et ils doivent encore donner une partie de leur salaire pour payer le loyer. Récemment, nous sommes allés sur le chantier de Deurgancksluis, un gigantesque projet de prestige. Mais les travailleurs étrangers y sont logés dans des containers. Ils y sont enfermés, ils ne peuvent même pas en sortir puisque le chantier se trouve au milieu de nulle part. C’est véritablement de l’esclavagisme. Jeroen Boone, délégué

“En Espagne, nous vivions à 18 dans une maison”

Je suis Portugais. J’ai quitté mon pays parce qu’il y avait beaucoup de travailleurs ukrainiens qui venaient travailler pour moins cher. En Espagne, je me suis retrouvé à partager une maison avec 18 autres travailleurs. Nous dormions à même le sol et malgré tout, nous avons eu la mauvaise surprise d’apprendre que le patron ne payait même pas le loyer. Et puis je suis arrivé en Belgique. Aujourd’hui, je suis délégué ici. Ce que j’ai envie de dire, c’est non, vous ne devez pas nous blâmer. Si mes compatriotes acceptent de travailler pour 3 euros, c’est parce que c’est toujours plus que de ne rien gagner du tout. Certains profitent de cette situation pour les exploiter. Manuel Joaquim Moreira De Costa, délégué