L’espérance de vie des travailleurs de l’amiante réduite de 20 ans

Une étude récente démontre que les travailleurs des entreprises d'amiante-ciment vivent 20 ans de moins que les reste de la population. Une étude basée sur les décés chez Coverit et Eternit.

Le fait que l’amiante ait fait de nombreuses victimes parmi les travailleurs des usines d’amiante-ciment n’est plus un secret. Mais une étude récente d’Adrass (Association pour le développement de la recherche appliqué en sciences sociales) a apporté des éléments complémentaires. Les chercheurs belges ont conclu que les travailleurs de ce secteur ont vécu en moyenne 20 ans de moins que le reste de la population.

Les démographes d'Adrass ont étudié les décés causés par l’amiante dans trois fabriques d’amiante-ciment : Coverit à Harmignies (Hainaut) et dans les usines Eternit de Kapelle-op-den-Bos (Brabant flamand) et Tisselt (Anvers). Au total, 237 travailleurs sont décédés entre 1965 et 2015. Ils ont calculé l’espérance de vie moyenne par génération et l’ont comparée à la durée de vie moyenne des travailleurs décédés.

Le résultat démontre que la durée moyenne de vie des victimes d’Harmignies était de 61,93 ans alors que la durée moyenne de vie des personnes appartenant à la même génération était de 82,70 ans. Une différence de presque 21 ans ! On observe la même tendance chez les travailleurs des usines Eternit : la durée moyenne de vie des victimes était de 63,88 ans alors que la durée moyenne de vie était de 82,54 ans.

Le fait de travailler au contact de l’amiante a donc coûté environ 20 ans de leur vie aux travailleurs. Selon les chercheurs, d’autres personnes vont encore mourir des conséquences de l’amiante dans les prochaines années. La sensibilisation aux dangers de l’amiante et les mesures de sécurité accrue devraient diminuer le nombre d’années de vie perdues, mais la vigilance reste de mise.

Lors de la présentation des résultats de ces recherches à Bruxelles, les participants ont rendu hommage à Michel Verniers, un ancien ouvrier et délégués syndical aujourd’hui disparu, de l’usine Coverit. Constatant un nombre élevé de décès parmi ses anciens compagnons de travail après la fermeture de l’usine, c’est lui qui a commencé à établir une liste de travailleurs décédés et malades. Cette liste a constitué le point de départ du travail des chercheurs.

L’étude complète est disponible sur le site de l’Institut syndical européen