Bain de sang pour les pensions des femmes

Le gouvernement s’apprête à présenter une nouvelle réforme des pensions. Il la présente comme sociale, mais en réalité, ce plan est synonyme de plus grande pauvreté pour les femmes.

Le gouvernement s’apprête à présenter une nouvelle réforme des pensions. Il la présente comme sociale, mais en réalité, ce plan est synonyme de plus grande pauvreté pour les femmes et pour beaucoup d’hommes. L’augmentation de l’âge de la pension a déjà un impact conséquent pour les femmes.  Ce sera encore pire maintenant que le gouvernement a décidé de sabrer dans les périodes assimilées. D’autre part, les femmes doivent également faire face aux réformes concernant le temps partiel et les allocations de garantie de revenu. Les femmes, et les ouvrières en particulier sont la cible préférée du gouvernement.

Ecart salarial et écart pension homme-femme

La pension légale mensuelle moyenne des travailleuses en Belgique était de 701 euros en janvier 2014 et de 943 euros pour les hommes. En Belgique, il y a donc un écart en matière de pension de 26% entre les hommes et les femmes. C’est la conséquence des carrières plus courtes des femmes et de l’écart salarial homme-femme : il faut avoir effectué une carrière de 45 ans pour percevoir une pension complète, alors que la carrière moyenne des femmes est de seulement 36,6 ans !

Travailler plus pour une pension moindre

Les récentes mesures du gouvernement ont augmenté les inégalités. D’une part, le gouvernement Michel a repoussé l’âge légal de la pension à 67 ans à partir de 2030. D’autre part, l’âge de la pension anticipée est passé à 63 ans à condition d’avoir presté une carrière de 42 ans. Or, il s’avère que trois femmes sur quatre qui prennent leur pension n’atteignent pas une carrière de 42 ans, même lorsqu’on prend en considération les périodes assimilées. Elles ne pourront donc pas recourir à la pension anticipée. Dernièrement, le gouvernement a décidé d’augmenter le montant de la pension minimum mais uniquement pour les personnes qui ont une carrière de 45 ans derrière elles…

Travailler jusqu’à 67 ans et percevoir une pension de misère sera donc la norme pour beaucoup de femmes. Et pourtant, de nombreuses ouvrières ont besoin d’arrêter le travail plus tôt. Elles sont confrontées à un métier exigeant sur le plan physique et à un stress important. Nous pensons particulièrement aux travailleuses du nettoyage ou aux femmes actives dans les soins de santé.

Les périodes assimilées sous pression

La carrière moyenne des femmes qui entre en considération dans le cadre du calcul de la pension diminuerait encore davantage si l’on venait à sabrer dans les “périodes assimilées”. Telle est la volonté du ministre des pensions Daniel Bacquelaine. Les périodes assimilées sont des périodes durant lesquelles vous ne travaillez pas, mais qui sont prises en compte pour votre pension comme par exemple les périodes de chômage, de RCC (anciennement prépensions), crédit-temps, temps partiels avec maintien des droits,…

Cette tendance n’est pas neuve. Depuis 2012 certaines périodes assimilées ne sont plus prises en compte. Désormais, on ne se base plus sur le dernier salaire mais sur une rémunération annuelle minimum de 22.916 euros. C’est le cas pour les RCC et les Canada Dry, ainsi que pour le chômage en troisième période.

Sabrer dans les périodes assimilées s’apparenterait à un véritable bain de sang pour les pensions les plus faibles et particulièrement pour les femmes. Dans certains cas, cela pourrait conduire à une diminution de moitié de leur pension ! La moitié (53,4%) de la carrière des ouvrières est constituée de périodes assimilées. Cette moyenne est de 38,6% chez les ouvriers.

Les travailleuses à temps partiel particulièrement concernées

Les travailleuses à temps partiel doivent une nouvelle fois faire face à de nombreuses limitations et réductions drastiques. Leurs revenus, leur droit à la pension et leurs conditions de travail vont être gravement attaqués. (Le travail à temps partiel encore plus flexible et meilleur marché)

La carrière incomplète n’est pas un choix volontaire

Les femmes ont souvent des carrières plus courtes suite à des interruptions pour prendre soin des enfants, au chômage ou à cause du temps partiel. La plupart du temps, ce n’est pas par choix. Seulement 8,5% des travailleuses à temps partiel ne souhaitent pas obtenir un temps plein.

Une grande majorité de femmes travaillent donc à temps partiel car elle n’ont pas d’autre choix pour combiner leur vie privée et leur vie professionnelle ou car elles ne trouvent simplement pas de travail à temps plein. Cette année, l’Equal Pay Day (journée de l’égalité salariale) met d’ailleurs l’accent sur cet aspect car il s’agit d’une des causes majeures de l’écart salarial homme-femme.

Dans des secteurs tels que le nettoyage et les titres-services, il est souvent impossible de travailler à temps plein à cause des horaires mis en place. D’autre part, la garde des enfants coûte cher ou n’est pas adaptée aux horaires de travail.

Les femmes interrompent plus souvent leur carrière car elles doivent prendre à leur charge l’éducation des enfants ou le ménage. S’arrêter temporairement et ensuite à nouveau reprendre le travail peut souvent entrainer des périodes de chômages.

Il serait donc extrêmement injuste de ne plus tenir compte des périodes assimilées, ou de les restreindre, dans les calculs. Octroyer une pension inférieure aux femmes n’est ni plus ni moins qu’une double peine.

En Belgique, le niveau de pensions est parmi les plus bas d'Europe selon l’OCDE. Il en résulte qu’un pensionné sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. C’est d’autant plus vrai pour les femmes dont la pension est en moyenne 26% inférieure à celle des hommes.

La FGTB réclame une pension juste pour tous. La pension n’est pas de la charité mais un revenu à part entière.

  • Il faut porter les pensions du secteur privé à 75% du salaire moyen.
  • Ne pas toucher aux périodes assimilées
  • Les pensions minimum doivent être relevées à au moins € 1.500 bruts par mois.