Les travailleurs du secteur du nettoyage complètement bradés

Le secteur du nettoyage, déjà rudement touché par de multiples formes de concurrence, doit maintenant faire face à la concurrence des Entreprises de Travail Adapté.

Le secteur du nettoyage est déjà rudement touché par de multiples formes de concurrence : sous-traitance, travail au noir, faux indépendants… Aujourd’hui, une nouvelle forme de concurrence apparait : les ETA, les Entreprises de Travail Adapté, viennent concurrencer les entreprises du secteur du nettoyage.

En soi, nous sommes pour l’intégration de la personne handicapée. Sauf que dans le cas présent, les travailleurs ne sont pas engagés par des entreprises de nettoyage, avec des conditions salariales plus avantageuses, mais ils sont utilisés par certaines ETA qui y voient de nouveaux marchés sur lesquels elles sont très concurrentielles. En effet, avec des salaires subsidiés à 50 % par la Région wallonne, difficile de faire mieux.

Les mêmes conditions pour tous

En faisant appel aux ETA, les travailleurs sont littéralement bradés : pour une catégorie 1 A, un travailleur du nettoyage gagne 12,38 € de l’heure. Pour un travailleur des ETA, ce sera 9,47 € dont 50 % financés par la Région wallonne. Le calcul est vite fait. Ce que nous disons, c’est si les travailleurs des ETA doivent faire du nettoyage, alors ils doivent se retrouver dans la bonne commission paritaire, sans quoi, c’est la porte ouverte à tous les abus et à l’exploitation des travailleurs des ETA, déjà fragilisés. Sans parler des emplois perdus dans le nettoyage, mais aussi dans ceux du verre, de la céramique ou encore de la chimie.

Des travailleuses dans la détresse

A ce propos, sur le terrain, les effets négatifs se font déjà sentir. C’est ce que nous explique Laura, qui vient de perdre 15 heures de travail suite à la reprise de son chantier par une ETA. « En me retirant 15 heures de travail, je perds la moitié de mon salaire. En plus, si le chantier avait été repris par une autre entreprise du nettoyage, j’aurais pu bénéficier des 6 mois de reprise de chantier, le temps de me retourner, mais ici, même pas vu que c’est un autre secteur qui reprend le boulot, il n’a pas les mêmes obligations. J’ai peur pour demain. Déjà avec un salaire de 1325 €, c’était dur, mais là, je ne vais plus y arriver. »

Aujourd’hui, syndicats et employeurs du nettoyage sont unis pour dénoncer une situation extrêmement dangereuse. Pour tirer la sonnette d’alarme, Laura, Anna-Maria, Angélique et les autres sont venues exposer leur situation au cabinet du ministre wallon Prévot, en charge de l’action sociale. Le comble, c’est que bien souvent, ce sont des intercommunales ou des administrations communales qui utilisent de la main-d’œuvre bon marché…subsidiée par la Région wallonne. C’est donc clairement le chien qui se mange la queue.