Pour un changement de cap de l’Europe
Crise des réfugiés, TTIP, crise politique et sociale en Europe, climat…l'Europe va mal et se soigne par des cures d''austérité. Via l'Alter Summit, nous luttons pour une Europe sociale.

Si nous voulons renforcer notre capacité d’action et peser concrètement sur les décisions au niveau européen, il est essentiel d’élargir le front. C’est la raison pour laquelle la Centrale Générale - FGTB continue de s’investir dans l’Alter Summit. Il s’agit d’un réseau d’ONG, syndicats et mouvements sociaux qui unissent leurs forces et luttent contre les politiques d’austérité et pour une Europe sociale.
A l’heure où les syndicats sont mis à rude épreuve, la Centrale Générale - FGTB est d’autant plus convaincue de l’importance de s’impliquer dans un réseau au niveau européen tel que l’Alter Summit. L’assemblée générale du réseau s’est tenue fin février dans nos locaux bruxellois. Thème central de cette assemblée : « Renforçons notre capacité à mobiliser » sur différents fronts.
La crise des réfugiés, le TTIP, le contexte de crise politique et sociale européenne, les droits sociaux en Europe, le climat… les problématiques abordées lors de cette journée étaient nombreux.
La Grèce abandonnée par l’UE
Les témoignages des différents camarades qui ont pris la paroles étaient pour le moins poignants. Antonios, un syndicaliste de la fonction publique a relaté la situation en Grèce : « D’une part, la Grèce est dans une situation économique désastreuse. D’autre part, la crise des réfugiés vient compliquer davantage la situation. Les Grecs ne peuvent pas faire face seul à l’afflux des migrants. Il faut que les autres pays se montrent également solidaires envers les réfugiés. Or, jour après jour, les frontières des pays d’Europe se ferment»
Un discours qui résonne comme un appel à l’aide. Les Grecs font preuve d’une formidable hospitalité envers les réfugiés mais se sentent abandonnés par l’Europe. Cette situation risque de raviver les idées xénophobes
La Grèce s’enlise
Le contexte économique et social de la Grèce va mal en pis. Suite à la suppression des conventions collectives, certains travailleurs ont du faire face à des réductions de salaires jusqu’à 40%. Le salaire d’un travailleur sur trois dans le secteur privé est de 300 euros net et assorti d’un contrat de travail flexibles. D’autre part, le salaire de 45% des employés est passé sous la barre de 751 euros. Les chiffres du travail au noir semblent dépasser les 800.000 travailleurs. Un grand pourcentage de travailleurs dans le secteur privé sont payés avec un retard de plus de 12 mois tandis que les chiffres du chômage approchent les 1,5 millions. Une véritable catastrophe sociale ! Et l’Union Européenne laisse la situation s’enliser en continuant de prétexter que le pays n’a pas d’autre issue que de réaliser une cure d’austérité drastique.
Mais la mobilisation du peuple grec contre les mesures d’austérité reste intacte. La grève générale du 4 février contre la réforme des retraites fut un succès. Toutes les couches de la société étaient réunies : travailleurs, les agriculteurs, les chômeurs, les jeunes,… et entendent bien faire bouger les choses.
C’est par la mobilisation de tous que nous vaincrons le TTIP
Même si l’objectif de ce réseau est d’avoir un impact sur les décisions au niveau de l’Union Européenne, s’ancrer au niveau local et régional est essentiel.
C’est dans cette optique que l’Alter Summit sensibilise les citoyens aux dangers du TTIP et du CETA en mettant en place des campagnes à tous les niveaux. Ces accords de libre-échange faciliteraient les relations commerciales de l’Europe avec les Etats-Unis et le Canada. Le hic, c’est que ces traités en cours de négociation n’ont aucun intérêt pour les citoyens, ils font uniquement le jeu du monde de la finance et des multinationales. Ils mettent en danger notre démocratie et auraient de lourdes répercussions pour les travailleurs, les consommateurs et l’environnement.
La sensibilisation porte ses fruits. Des villes européennes se sont déclarées « zone hors-TTIP » et sont un formidable atout dans la lutte contre les nouveaux accords de libre-échange.
Cette année 2016 sera décisive pour les accords de libre-échange. Le CETA pourrait être soumis au vote du Parlement européen au mois de mai alors que les négociateurs du TTIP rêvent de faire ratifier l’accord fin de l’année. Il est donc urgent que les élus belges et européens s’expriment pour empêcher l’entrée en vigueur de ce traité en l’état.
Les récentes expériences spécialement en Grèce et lors des négociations du TTIP ont démontré le vrai visage des institutions européennes et leurs pratiques non démocratiques et autoritaires.
Il est grand temps qu’il y ait une mise en relation de la réalité des gens de terrain et les tractations européennes qui se tiennent entre chefs d’états et l’union européenne ! L’Alter Summit réclame un changement de cap de l’Europe pour tendre vers une Europe proche du citoyen.
Attaques des droits syndicaux en Europe
Les libertés syndicales dans cette Europe qui se revendique démocratique sont encore bafouées. Certains pays n’hésitent pas à emprisonner des syndicalistes. 300 syndicalistes sont poursuivis en Espagne pour fait de grève, de graves menaces planent sur le droit de grève en Belgique, une répression antisyndicale s’abat en France avec notamment la condamnation de 8 syndicalistes français de Goodyear à des peines de prison ferme. Cette condamnation sonne comme un avertissement à tous les syndicalistes qui voudraient lutter contre les plans de destruction d’emplois qui ne vont que s’intensifier à l’avenir. Il s’agit d’une attaque frontale contre les droits syndicaux et l’action collective.
En France et en Espagne : la colère gronde
Les huit syndicalistes espagnols d’Airbus, contre qui le ministère public avait requis de lourdes peines de prison pour fait de grève, ont tous été acquittés ce 17 février. La décision du tribunal montre que la mobilisation peut encore payer. Une manifestation avait réuni près de 10 000 personnes le 9 février à Madrid alors que s’ouvrait leur procès, à l’appel notamment des deux plus importantes confédérations syndicales du pays, l’UGT (Union générale des travailleurs) et les CCOO (Commissions ouvrières). « Ils ne sont pas huit. Nous sommes des milliers », pouvait-on lire sur la banderole de tête.
En France également la mobilisation s'organise pour s'opposer à la criminalisation de l’action syndicale et un projet de loi qui prévoit la destruction du code du travail. La journée de contestation du 9 mars a rassemblé entre 400.000 et 500.000 manifestants de source syndicale. Une deuxième journée de contestation aura lieu le 31 mars. La revendication principale est le retrait du projet de la loi sécurisant les actionnaires, affaiblissant les conventions collectives et facilitant les licenciements. Une vraie régression sociale... La pétition contre la loi travail a déjà récolté plus de 1 million de signatures.
Prochaines actions européennes
- 7 avril 2016 : Journée européenne contre la commercialisation de la santé et de la protection sociale. Rejoignez l’action au rond-point Schuman à 11h ou si vous ne pouvez pas participer à l'action, faites pendre un drap blanc à votre fenêtre ou à celle de votre institution de soins, en signe de solidarité.
- 13 avril 2016 : Réunion de coordination Pour une campagne 2016 « Stop TTIP » à la CGSP de Bruxelles, rue du Congrès 17-19, 1000 Bruxelles, pendant le 13ème round de négociation qui a lieu aux USA. L'objectif est d'entre autres mettre en place une grande action commune à l'automne 2016. Inscription avant le 9 avril à info@stop-ttip.be | Signer la pétition contre le TTIP