La gauche unit ses forces contre le dumping social

Le dumping social au sein de l'UE cause des dégâts dans de nombreux secteurs de notre économie. Des solutions existent, mais rien ne bouge. La gauche avance des alternatives.

Des solutions existent, mais rien ne bouge. Aucune réponse forte ne vient face au fléau du dumping social. Il y a bien des déclarations ronronnantes, mais aucune mesure forte, ni de la part des institutions européennes, ni de la part de ce gouvernement de droite. Certains plans vont même dans la direction opposée. Il faut attaquer le taureau par les cornes. La Centrale Générale-FGTB et l’UBT, l’Union Belge du Transport, ont organisé avec le PS et le sp.a un colloque afin d’avancer des alternatives crédibles.

Le colloque s’est tenu le 22 avril dernier et a rassemblé près de 300 participants. Des militants de la Centrale Générale-FGTB et de l’UBT, mais aussi ceux d’autres centrales, comme par exemple ceux des centrales du métal. Il est évident que le dumping social au sein de l’Union Européenne cause des dégâts dans de nombreux secteurs de notre économie. Des travailleurs étrangers qui sont utilisés chez nous en tant que main-d’œuvre bon marché, sans compter les nombreux abus causés par les entreprises frauduleuses, sont non seulement utilisés dans la construction, mais aussi dans le nettoyage, les services de gardiennage, les entreprises de métallurgie et d’alimentation. En ce qui concerne le transport, tout le monde voit sur nos routes et parkings l’ampleur du problème. Le transport international se prête particulièrement bien à toutes sortes de pratiques peu recommandables. Il s’agit très souvent de sociétés boîtes aux lettres et de faux-indépendants.

Politique de droite faiblarde

Il est temps d’agir de manière ferme et résolue. C’est d’ailleurs pour cela que les centrales professionnelles et les partis socialistes ont uni leurs forces. La politique actuelle présente un déficit grave. En mars, la commissaire européenne Marianne Thyssen est venue avec une proposition d’amélioration de la législation européenne. Mais celle-ci n’apporte pas grand-chose en plus et surtout, elle vient bien trop tard. Rien n’est fait pour attaquer les grandes différences au niveau de la sécurité sociale et pas un mot sur les faux-indépendants.

Alors que les améliorations annoncées par la commissaire Thyssen n’apportent en réalité que très peu d’améliorations, d’autres projets européens sont eux aussi sur la table et ceux-là vont encore favoriser le dumping social. Comme par exemple la directive SUP, une réglementation qui rend la création d’entreprise unipersonnelle tellement facile qu’il n’y aura bientôt plus aucun frein à la création d’entreprises boîtes aux lettres fictives et donc frauduleuses. Et puis vient l’idée du passeport de services qui permettra aux entreprises de travailler partout en Europe, sans que le pays hôte ne puisse encore procéder au moindre contrôle. Il va sans dire que ces deux points ont été vivement rejetés lors du colloque.

Les communes doivent donner l’exemple

Le dumping social ne doit pas uniquement être abordé au niveau européen. En Belgique aussi, des choses peuvent être entreprises. A l’initiative de la commune de Herstal dont le parlementaire européen PS Frédéric Daerden est bourgmestre, une charte communale sur les marchés publics est d’application. Les autorités locales s’engagent à ne travailler qu’avec des entrepreneurs qui offrent des prix équitables, qui paient le salaire légal et qui respectent les conditions de travail. Selon cette charte, lors de l’adjudication d’un marché, le prix ne doit pas être le seul élément pris en compte. Les droits sociaux méritent eux aussi de l’attention ainsi que l’environnement. De plus en plus d’autorités locales adoptent cette charte. Détail croustillant à Anvers, nos militants syndicaux et le sp.a ont proposé que l’administration communale signe la charte, ce qui a été catégoriquement rejeté par la majorité de droite du bourgmestre Bart De Wever. D’ailleurs, le gouvernement fédéral va dans le même sens, avec un projet de loi sur les marchés publics qui n’attaque pas fermement le dumping social.

Soutenez la pétition pour un secteur du transport équitable

Pourtant, nous avons vraiment besoin d’une action ferme. C’est ce qui est une fois de plus ressorti des nombreux témoignages des syndicalistes présents au colloque. Parmi eux, notre secrétaire syndical Sébastien Dupanloup qui a dénoncé la situation inadmissible du chantier ‘Rive Gauche’ à Charleroi. Depuis plusieurs mois, des ouvriers égyptiens n’étaient plus payés par le consortium italien Edile. Voilà qui illustre encore le besoin de contrôles strictes et qui prouve que les pratiques criminelles de sous-traitants obscurs doivent être sanctionnées. De nombreuses propositions qui vont dans ce sens ont déjà été formulées. John Reynaert de l’Union Belge du Transport est revenu sur les nombreuses actions que sa centrale professionnelle a déjà entreprises. Il a d’ailleurs lancé un appel afin de signer la pétition européenne pour un secteur du transport équitable. Dès qu’un millions de signatures auront été récoltées à travers l’Europe, la Commission Européenne sera obligée de prendre en considération les propositions pour un secteur du transport équitable.

Des solutions crédibles existent

L’objectif final du colloque était d’arriver à formuler 10 mesures concrètes et efficaces à court et long terme. Le but est que celles-ci poussent les autorités belges et européennes a enfin vraiment faire quelque chose contre le dumping social. Ces propositions communes seront très prochainement rendues publiques et nous y reviendrons plus longuement. Ce qui est important, c’est que les forces syndicales et politiques de gauche agissent ensemble contre une politique beaucoup trop laxiste et qu’elles fassent clairement savoir que des solutions crédibles existent.

Signez la pétition pour un transport équitable : www.fairtransporteurope.eu.

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