Les pires endroits au monde
L'Indice CSI des droits dans le monde montre un affaiblissement des droits des travailleurs dans le monde. 2015 était la pire année en termes d’atteintes à la liberté d’expression et à la démocratie.

L'Indice CSI des droits dans le monde montre un affaiblissement des droits des travailleurs dans la plupart des régions. 2015 était la pire année en termes d’atteintes à la liberté d’expression et à la démocratie.
Depuis plus de 30 ans, la Confédération Syndicale Internationale, la CSI, recueille des données sur les violations des libertés syndicales et du droit de négociation collective des travailleurs dans le monde. Pour la troisième année consécutive, la CSI présente ses conclusions dans l’Indice des droits dans le monde. L'indice montre que dans presque toutes les régions du monde, les droits des travailleuses et des travailleurs se sont affaiblis.
Dans au moins 89 pays, certains employeurs et gouvernements refusent de négocier avec des syndicats représentatifs, et 50 pays ont imposé des restrictions à la liberté d’expression et au droit de mener des protestations publiques. 82 pays excluent certaines catégories de travailleurs du droit à liberté syndicale. On observe aussi une très nette hausse du nombre de pays – de 36 à 52 – où la main-d’œuvre a subi des violences physiques, des enlèvements, des menaces et des intimidations.
Les pires régions au monde
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord restent les pires régions au regard des droits fondamentaux du travail. Les migrants qui constituent la majorité des travailleuses et des travailleurs des pays du Golfe sont exclus des protections de base de la législation du travail.
Si certains pays d’Europe et d’Asie centrale continuent d’offrir la meilleure protection des droits syndicaux, ce sont aussi ces régions qui enregistrent la détérioration la plus marquée de ces mêmes droits.
Les 10 pires pays
Les dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses sont le Belarus, la Chine, la Colombie, le Cambodge, le Guatemala, l’Inde, l’Iran, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis.
En Colombie, où la Centrale Générale – FGTB soutient le syndicat USO, 20 syndicalistes ont été tués en 2015, le nombre le plus élevé de tous les pays.
Le Cambodge, l’Inde, l’Iran et la Turquie ont fait leur entrée, pour la première fois en 2016, dans le classement des dix pires pays pour les travailleurs et les travailleuses. La Turquie cible les fonctionnaires engagés dans des activités syndicales légitimes et pacifiques, dont au moins 1 390 font l’objet d’enquêtes. Le gouvernement turc est également devenu synonyme d’atteintes à la liberté d’expression.
La Belgique tombe en catégorie 2
L’année passée, la Belgique se situait dans la catégorie 1 et pouvait être considérée comme l’un des meilleurs pays pour les travailleurs. Selon le rapport : “La Belgique dispose de lois et d'institutions à tous les niveaux, permettant aux travailleurs d’influencer à la fois les politiques nationales et les conditions de travail".
Néanmoins, récemment certains responsables gouvernementaux se sont mis à attaquer ces dispositions de sauvegarde en suggérant des modifications qui affaibliraient les fondations du système actuel des relations de travail. En outre, de plus en plus de policiers en civils participent aux manifestations syndicales et ils n’hésitent pas à recourir à la force pour gérer les troubles d’une minorité tout en empiétant sur les droits des manifestants pacifiques.
Quant aux employeurs, ils sont toujours libres de se débarrasser des représentants syndicaux en payant une indemnité pour leur licenciement. Ainsi, en 2015, au moins 100 représentants syndicaux auraient été licenciés de la sorte.
Menace terroriste
L’autre tendance marquante cette année est la hausse spectaculaire des actes d’ingérence et des restrictions de la liberté d’expression et du droit de se réunir pacifiquement. Les gouvernements se servent de la menace terroriste pour mettre en avant des programmes de sécurité qui affaiblissent les droits à la liberté d’expression et de réunion.
« Nous sommes confrontés au rétrécissement de l’espace démocratique et à une augmentation de l’insécurité, de la crainte et de l’intimidation des travailleurs et des travailleuses. L’escalade des atteintes aux droits, même dans les démocraties, révèle une tendance alarmante pour les travailleurs et leur famille », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.