Charles Michel en Israël / Palestine. Non au conseil d'association !

Charles Michel est en visite en Israël et en Palestine alors qu'Israël relance la colonisation en force.La plateforme Moyen-Orient l'appelle à envoyer un signal fort contre cette politique.

Alors qu’Israël relance la colonisation en force depuis l’arrivée au pouvoir du Président Trump, l’UE prévoit un Conseil d’Association avec Israël le 28 février prochain. Le voyage du Premier ministre Charles Michel en Israël et en Palestine (6-8 février) tombe par conséquent à un moment crucial. La plateforme Moyen-Orient demande au gouvernement belge de s’opposer à la tenue du Conseil d’Association UE-Israël et de mettre en œuvre une politique cohérente de différenciation entre le territoire d’Israël et les colonies israéliennes, dont l’interdiction de l’importation des produits des colonies.

Colonisation débridée

Depuis le 20 janvier, le gouvernement israélien a approuvé la construction de plus de 6 000 nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, un chiffre qui dépasse déjà celui de 2016. Israël a aussi annoncé la construction d’une nouvelle colonie, ce qui n’était plus arrivé depuis 1999 (si on ne compte pas les colonies « sauvages »). Durant les trois premières semaines de janvier, 119 maisons palestiniennes ont été démolies par l’armée israélienne et 177 Palestiniens ont été déplacés de force. Au parlement israélien, un projet de loi est à l’examen pour légaliser rétroactivement les colonies « sauvages » (« outposts »), ce qui est qualifié par l’UE comme une étape claire vers l’annexion de la zone C [1].

L’annexion de facto par Israël du territoire palestinien semble donc se dérouler à un tempo inédit depuis le changement d’administration aux Etats-Unis. La colonisation et le déplacement forcé de personnes sont pourtant des crimes de guerre selon le droit international humanitaire. De plus, le Premier ministre Netanyahou se félicite du fait qu’aucun autre gouvernement « n’ait jamais autant fait pour les colonies » que le sien et qu’il donnera aux Palestiniens tout au plus qu’un « mini-Etat ». Plusieurs ministres israéliens se sont par ailleurs ouvertement déclarés en faveur d’une annexion du territoire palestinien.

Un très mauvais signal

Face à cette situation, l’UE se contente de « gérer le conflit », sans mettre de pression sur Israël, comme elle l’a toujours fait. La Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, se dit ainsi « inquiète » des annonces israéliennes de nouvelles constructions, mais s’en tient néanmoins à son habituelle approche équidistante, maintenant que le dialogue peut porter ses fruits avec Israël.

Pire encore : au lieu de sanctionner Israël pour ses multiples violations du droit international, l’UE est sur le point d’approfondir ses relations avec Israël. Le 28 février aura lieu un Conseil d’Association pour examiner la manière de renforcer les liens entre l’UE et Israël. Alors qu’Israël viole en permanence le droit international, la tenue de cette réunion apparait comme un très mauvais signal.

Besoin d'une politique européenne forte

Au lieu d’être récompensé pour sa politique d’occupation et de colonisation de la Palestine, Israël doit comprendre que cette politique a un prix. C’est une condition nécessaire pour la relance de pourparlers de paix qui aient du sens entre Israéliens et Palestiniens.

La situation en Palestine occupée se dégrade de jour en jour et il est urgent d’agir. La Belgique pour cela doit immédiatement plaider au sein de l’UE pour un report du Conseil d’Association. Tant qu’Israël ne respecte pas le droit international, empêchant de ce fait toute opportunité de développement pour le peuple palestinien, il ne peut être question de renforcer les relations bilatérales avec Israël. Au contraire : dans le sens de la récente résolution 2334 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Belgique doit travailler à approfondir la politique de différenciation européenne, c’est-à-dire l’exclusion systématique des colonies des relations politiques, économiques et financières entre l’UE et Israël. Les chefs de missions européens à Jérusalem-Est et le Parlement européen demandent également qu’une telle politique soit menée par l’UE. Il s’agit maintenant de transformer ces belles promesses en actes concrets comme l’interdiction de l’importation des produits des colonies sur le marché européen.