Gagnez 10.000 € en travaillant dans une ETA !

Pour certaines directions d'ETA, il semble que l'entreprise soit simplement une vache à lait. C'est vite oublier la mission sociale de ces institutions qui perçoivent des aides publiques.

Les entreprises de travail adapté (ETA) ont pour objectif de développer l’insertion socioprofessionnelle des travailleurs porteurs d’un handicap. Un emploi de qualité, un salaire convenable,… autant de leviers pour valoriser ces travailleurs et leur assurer une indépendance financière. Pour cette mission sociale, les ETA perçoivent des aides publiques et doivent respecter des dispositions légales précises. Malheureusement, les dérives sont fréquentes : course à la productivité, recrutement sélectif des travailleurs, détérioration des conditions de travail, concurrence déloyale avec d’autres secteurs,… Dernier fait en date : un salaire mirobolant pour un directeur.

Un salaire de 10.000 € par mois. Ça laisse rêveur. Ce n’est ni plus ni moins la somme que s’octroyait le directeur d’une ETA basée dans la province du Luxembourg. Voici quelques mois, ce dernier a voulu créer une entreprise parallèle au Grand-Duché du Luxembourg. Officiellement, son objectif était de créer davantage d’emplois dans l’ETA belge. Mais en coulisse, son but était de profiter de la fiscalité luxembourgeoise pour percevoir un salaire brut égal au salaire net. Soit la coquette somme de 10.000 € par mois. Pour payer son salaire et celui de son personnel grand-ducal, il puisait simplement dans les caisses de l’ETA belge. Mais son plan a basculé lorsque l’ingénierie fiscale a été découverte.

« On ne peut pas occuper deux postes de directeur. A partir de là, nous avons découvert les réelles intentions du directeur concerné. Nous avons donc contacté les autorités compétentes, pour dénoncer cette situation » annonce Christian Gomez, Secrétaire adjoint à la Centrale Générale - FGTB Luxembourg.

Limiter le salaire de la direction

Suite à cette affaire, il apparaît urgent d’empêcher que pareille situation se répète. Du côté syndical, une idée est mise sur la table : instaurer une limite maximale au salaire de la direction et lier cette limite au salaire minimum des ouvriers.

« C’est un premier pas. Il est essentiel d’y voir plus clair, d’avoir un meilleur contrôle sur ces directions qui se croient tout permis. Il faut beaucoup plus de transparence dans les ETA. Les directions ont trop souvent tendance à oublier l’objectif social de ces entreprises particulières » renchérit Christian.

A l’heure actuelle, l’entreprise luxembourgeoise panse ses plaies. Et une fois n’est pas coutume, ce sont les travailleurs qui en paient le prix. Ainsi, dernièrement des travailleurs valides ont été licenciés dans l’espoir de maintenir l’entreprise à flot. Les prochains mois seront décisifs pour redresser la barre, sans quoi, d’autres mesures devront être prises.

Plus globalement, nous répétons notre besoin d’avoir un cadre légal plus clair en matière de bonne gouvernance et de conditions de travail. Du travail oui, mais pas à n’importe quelles conditions !