Lettre ouverte aux Diables Rouges : Les gars, on ne va pas tout supporter !

Le maillot des Diables Rouges est vendu 90€. Tout bénéf pour l'UB et Adidas. Mais quid des conditions de travail et du salaire des travailleurs qui le fabriquent? Nous voulons des garanties.

90€ le maillot, jackpot pour l'Union belge et son sponsor ! Mais quelles conditions de travail et quel salaire pour les travailleurs qui s'affairent à sa fabrication? Adidas, l'équipementier de l'équipe nationale n'offre pas vraiment de garantie en la matière. Partagez la lettre ouverte d' Achact Asbl , dont est membre notre centrale, pour appeler aussi à la victoire sur le terrain des travailleurs.

Peu importe les adversaires, des diables qui produisent du beau jeu, sont solidaires et mouillent leur maillot, on adore et on en redemande. Surtout du 15 juin au 14 juillet !

Un maillot vintage « rétro 84 », pas vraiment symbolique de grands souvenirs, on aime ou on n’aime pas. Ce n’est pas trop notre souci.

Mais un maillot de supporter vendu à 90€ dont l’objectif est de rapporter le jackpot au sponsor et à l’Union belge, ça, on n’aime franchement pas. Votre réussite ne se mesure pas uniquement aux bénéfices générés par la vente des maillots.

Si seulement nous avions la certitude que ces maillots ont été fabriqués dans de bonnes conditions de travail. Mais force est de constater que l’équipementier de notre équipe nationale n’offre pas vraiment de garantie. Adidas se fournit dans plus de 1.000 usines situées dans 60 pays, dont le Bangladesh, l’Indonésie, le Cambodge et l’Ukraine. Dans ces pays, les salaires des travailleuses et des travailleurs qui produisent pour Adidas sont tellement faibles qu’ils ne leur permettent pas de loger, nourrir et éduquer leur famille.

En Ukraine, une travailleuse de l’habillement, peut-être une de celles qui ont fabriqué notre maillot national gagne en moyenne 82€ par mois à temps plein, soit moins que le prix d’un seul maillot de supporter. Le salaire vital, pour qu'une famille puisse subvenir à ses besoins fondamentaux, devrait être cinq fois plus élevé, soit environ 438€ par mois. Certains jours, cette travailleuse et sa famille n’ont tout simplement rien à manger.

En Indonésie, 1300 travailleuses et travailleurs de l’usine PT Panarub Dwikarya, fournisseur d’Adidas, ont été renvoyés abusivement en juillet 2012 suite à une grève menée pour exiger le respect de leur droit à la liberté d'association et le paiement rétroactif de leur salaire. Cette usine fait partie du groupe PT Panarub. Depuis 2000, cinq usines de ce groupe ont été impliquées dans des violations des droits des travailleurs, allant de l'obstruction de la liberté d'association à la discrimination salariale. Adidas est impliqué dans chacun de ces cas. A l’heure actuelle, les travailleurs des fournisseurs indonésiens voudraient négocier un salaire vital directement avec Adidas et d'autres marques de sport.

A cela s’ajoutent des conditions de travail périlleuses telles que l'exposition à des chaleurs extrêmes et à des produits chimiques toxiques, des ateliers insalubres, des heures supplémentaires obligatoires non rémunérées et un traitement abusif de la part de la direction. Les travailleuses, les syndicats et les organisations qui dénoncent ces conditions sont intimidés, menacés, voire réprimés.

Les valeurs du foot belge ne doivent pas être que financières !

En tant que supporters, nous n’éprouvons aucun plaisir à revêtir un maillot fabriqué dans de telles conditions. Assumez votre statut de favoris et montrez-nous l’exemple : les valeurs du foot belge ne sont pas que financières ! Exigez une transparence totale sur les lieux de production et la garantie que nos maillots sont fabriqués dans de bonnes conditions. Pour la Coupe du Monde 2014 et l’Euro 2016, Adidas a publié la liste de ses fournisseurs. Pour 2018, nous voulons aller plus loin et savoir exactement où notre maillot national a été fabriqué et dans quelles conditions. Adidas doit s’engager à améliorer les conditions de travail et nous communiquer leur démarche pour y arriver. Adidas, tout comme l’Union belge, disposent des moyens financiers nécessaires pour assurer un salaire vital et des conditions de travail décentes à ces travailleurs.

Pour un salaire vital !

Aujourd’hui, les femmes et les hommes qui fabriquent nos maillots et chaussures de foot en Asie ou en Europe revendiquent un salaire vital. S’ils ne nous attendent pas pour se battre, ils méritent bien le soutien de tous les supporters de beau jeu et des droits humains. Tous ensemble, nous arriverons à convaincre Adidas à garantir un salaire vital aux femmes et aux hommes qui fabriquent notre vareuse nationale ; qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas…

Des supporters agissant avec achACT et ses organisations membres (ACRF, CNCD-11.11.11, CNE, CSC, FGTB, FGTB-Centrale Générale, Gresea, écoconso, Nature & Progrès, Oxfam-Magasins du Monde, Oxfam Solidarité, SETca, Solidarité mondiale, Solidarité Socialiste, Test-Achats, …)