Le compte épargne-carrière. Vraiment une bonne idée ?

L’idée peut séduire. Grâce au compte épargne-carrière, on pourrait envisager d’économiser chaque année quelques jours de congé et les prendre en une seule fois pour le voyage de ses rêves. Mais est-ce vraiment une bonne chose ?

Image retirée.L’idée peut séduire. Marie travaille à temps-plein. Elle a toujours dit que pour ses 50 ans, elle ferait un grand voyage. Mais avec 20 jours de congé par an, elle ne pourra pas aller bien loin. Grâce au compte épargne-carrière, elle pourrait envisager d’économiser chaque année quelques jours de congé et les prendre en une seule fois pour le voyage de ses rêves. Mais est-ce vraiment une bonne chose ? Voyons pourquoi notre syndicat émet de sérieuses réserves.

Le principe du compte épargne-carrière permet au travailleur qui le désire d’épargner du temps pour le prendre plus tard, sous forme de congés. Le système, entré en vigueur le 1er février 2018, doit encore faire l’objet d’une convention collective de travail au niveau du secteur ou de l’entreprise avant de pouvoir être appliqué.

Epargner du temps

Le système permettra au travailleur qui le désire d’épargner certaines heures supplémentaires légales, des heures supplémentaires  « volontaires » ainsi que des jours de congés conventionnels accordés via CCT. En cas d’application du système d’ «horaires flottants » dans l’entreprise, le solde positif d’heures prestées en plus à la fin de la période de référence pourra également être épargné. Par contre, les congés légaux ne pourront pas être épargnés.

Pour le moment, le gouvernement a juste défini un cadre légal. C’est au sein des secteurs que les règles précises seront déterminées. Et il reste de nombreuses inconnues. Epargner quoi, pendant combien de temps ? Le travailleur pourra-t-il prendre les congés épargnés à sa guise ? Que se passera-t-il en cas de faillite ? Et qui gèrera le système ? Autant de questions qui n’ont pas encore de réponses.

La prudence de mise

Pour la Centrale Générale – FGTB, la prudence doit donc rester de mise.

Notamment parce que tout le monde n’aura pas la possibilité d’épargner du temps.

  • Imaginez les travailleurs à temps-partiel par exemple.
  • Ou encore les femmes de certains secteurs comme celui du nettoyage qui font un travail trop dur ou encore ceux et celles qui ont déjà du mal à combiner leur vie privée et professionnelle.

Pour tous ces gens, épargner du temps sera un luxe auquel ils n’auront pas accès.

Le système pose aussi question en matière de santé et bien-être des travailleurs.

  • En effet, le système revient à travailler plus pendant certaines périodes avec tout ce que cela implique en terme de charge de travail...
  • ...et de stress.

C’est en outre un système purement individualiste alors que la Centrale Générale – FGTB prône pour un renforcement des systèmes existant... que ce gouvernement s’évertue à détricoter. On pense au crédit-temps, à l’interruption de carrière ou encore au RCC.

Une telle mesure nous fait clairement craindre un agenda caché de ce gouvernement. En effet, quelle garantie avons-nous qu’en épargnant son temps, le travailleur ne se retrouve pas à terme contraint de devoir financer lui-même sa fin de carrière ?