SADSAWU apprend aux travailleuses domestiques à lutter contre la violence

Gladys, Hester, Glorya et Suzan sont des travailleuses domestiques sud-africaines affiliées à notre partenaire SADSAWU. Nous avons parlé avec eux de la violence envers les femmes dans leur pays.

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Gladys, Hester, Glorya et Suzan sont des travailleuses domestiques sud-africaines affiliées à notre partenaire SADSAWU. Nous avons parlé avec eux de la violence envers les femmes dans leur pays: “quand une travailleuse domestique est maltraitée quelque part, elle continue souvent à malgré tout y travailler.”

Glorya (53 ans) est coordinatrice du bureau de la violence sexiste de SADSAWU, le syndicat sud-africain des travailleurs domestiques. Ce bureau organise différents ateliers destinés à sensibiliser ses membres à la problématique des violences envers les femmes et à échanger les expériences.

“Par le passé, nous ne savions pas que si un homme nous battait et nous présentait ensuite ses excuses, il s’agissait aussi de maltraitance”, explique Glorya. “Pour bon nombre de femmes, c’est une révélation d’apprendre que ton mari n’a pas le droit de te frapper ou de te soumettre."

“Les chiffres sur la violence envers les femmes et les enfants en Afrique du Sud sont très élevés”, annonce Hester (70 ans). “Ça signifie que nous perdons le contrôle. Les lois et le système judiciaire, qui devraient protéger les femmes et les enfants, sont très faibles. Ça nous inquiète.”

“La violence domestique affecte les enfants et l’ensemble de la société. Une expression dit qu’on ne peut pas laver son linge sale en public, mais nous devons absolument le faire. Nous devons ouvrir la bouche et ne pas abandonner."

Malades à cause du stress

La situation est si grave que beaucoup de femmes tombent malades à cause du stress. “Elles souffrent d’hypertension et de maladies chroniques”, explique Suzan (73 ans). "Au point que leur corps ne peut plus le supporter. A ma pension, j’ai ressenti ces méfaits sur tout mon corps. Comme si tout le stress accumulé durant ma carrière se manifestait.”

“Se rendre chez le psychologue, c’est totalement nouveau pour nous” poursuit Suzan. “Auparavant, et particulièrement lors de l’Apartheid, ces soins étaient réservés aux blancs. D’autre part, le salaire d’une travailleuse domestique ne le permettait pas non plus.”

Violences au travail

Il y a beaucoup de violence domestique, mais beaucoup de femmes sont également victimes de violence sur leur lieu de travail.

Glorya : “Si une travailleuse domestique est maltraitée quelque part, elle continue souvent d’y travailler. Dans le minibus qui les emmène au travail, tu peux entendre ce genre d’histoires, mais elles restent confidentielles, sinon elles seront licenciées et peuvent faire leurs bagages. Et donc elles restent engluées dans cette situation pour pouvoir nourrir leurs enfants.”

“Le syndicat SADSAWU m’a appris à ouvrir ma bouche, à parler à mon employeur, à formuler des revendications”, explique Gladys (65 ans). "Avant, nous disions systématiquement ‘oui’, même si la dame avait tort. Nous n’en savions pas plus. Mais les ateliers m’ont ouvert les yeux et l’esprit."

Une vigilance accrue

Glorya: “De nombreuses travailleuses domestiques ne sont pas allées à l’école. Quand elles sont confrontées à une situation de mauvais traitements, elles ne savent souvent pas comment en discuter avec la personne qui peuvent les aider. Souvent, nous ne sommes pas prises au sérieux, même par d’autres femmes. C’est ce que SADSAWU veut changer. C’est pourquoi nous avons créé le forum du genre : si quelque chose arrive, nous devons apprendre à le gérer.”

“Nous voulons apprendre aux travailleuses domestiques à faire preuve de vigilance. Par exemple, ce n’est pas normal que ton employeur se présente chaque matin en sous-vêtements pour demander à repasser son pantalon, qu’il s’approche fortement de toi et te mette mal à l’aise. Car c’est comme ça que ça commence. En peu de temps, il se passe quelque chose et l’employeur vous dit que vous avez aimé le voir en sous-vêtements. Vous êtes clairement dans une relation de pouvoir”.

“Enfin, nous voulons aussi que les femmes sachent qu’elle peuvent venir nous voir, que nous sommes à leur écoute et que nous les accompagnerons dans un processus de guérison. Car il se passe beaucoup de choses et leur mal est profond. “