23 ans de résistance face à Esso

Le conflit opposant 17 chauffeurs à leur employeur Esso durera 23 ans. Ensemble, les travailleurs ont fait front pour faire valoir leurs droits, jusqu’à obtenir gain de cause.

Walter Simonet, Jean-Michel Brunin et 15 collègues chauffeurs se sont opposés à leur employeur, la multinationale Esso. Le conflit durera 23 ans, de 1990 à 2013. Ensemble, les travailleurs ont fait front pour faire valoir leurs droits, sans jamais baisser les bras, jusqu’à obtenir gain de cause.

Walter, Jean-Michel et leurs 15 collègues travaillaient comme chauffeur pour la section Esso Marketing. Tous disposaient d’un permis de conduire spécial ADR, pour le transport de produits dangereux et travaillaient en régime de deux équipes, dans des dépôts répartis sur tout le pays. Les problèmes ont débuté en 1990 lorsque la direction a voulu mettre en place une nouvelle organisation du travail.

La direction souhaitait alors passer à un horaire de travail atypique et flexible comme celui qui existait aux Pays-Bas. Un système nommé “horaire top”. Mais la proposition de la direction a été mal élaborée, simplement présentée sur de petites feuilles A4. Walter et Jean-Michel font très vite le calcul et arrivent à la conclusion que la proposition entrainerait une perte de 100.000 francs belges par an pour les chauffeurs. Inacceptable.

Les négociations se poursuivent. Mais la direction ne formule pas de proposition réaliste. C’est clair, la volonté de la direction n’est pas de mettre en place des règles de travail plus efficaces mais bien de faire des économies. La proposition finale de la direction est soumise aux travailleurs et rejetée à 98%.

Mais s’en suit une douche froide. En 1993, Esso décide de progressivement mettre un terme à l’utilisation de ses propres chauffeurs. Les chauffeurs sont licenciés. Et l’occupation du dépôt de Bruxelles n’y changera rien.

Walter, Jean-Michel et les chauffeurs ne se laissent pas abattre. Après tout, il existe un arrêté royal qui interdit l’externalisation des activités du secteur du pétrole. Ils décident d’instruire le dossier de Jean-Michel auprès du tribunal du Travail. En cas d’issue positive de ce dossier d’essai, les dossiers des autres chauffeurs pourraient ainsi être instruits à leur tour devant les tribunaux.

Un véritable parcours du combattant débute. Le procès de première instance durera 6 ans. Jean-Michel est débouté. La procédure d’appel aboutit au même résultat. Mais Walter et Jean-Michel persévèrent. Ils passent tout leur temps à constituer des dossiers et parcourir des textes de loi et parviennent à convaincre les avocats et la FGTB de se tourner vers la Cour de Cassation.

C’est le grand tournant. Jean-Michel l’emporte devant le tribunal et Esso doit payer des dommages et intérêts conséquents. Les dossiers des autres chauffeurs peuvent donc être présentés à leur tour au tribunal. Sentant le vent tourner, Esso propose un arrangement aussitôt refusé par les chauffeurs. Dès lors, Herman Baele, secrétaire fédéral de la Centrale Générale – FGTB, obtient un mandat pour négocier avec Esso. En 2013, les négociations aboutissent, un accord est trouvé et approuvé par l’ensemble des chauffeurs.

23 ans de combat syndical. 23 ans de persévérance et de solidarité, avec une victoire à la clef.

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