Travailler jusqu’à 67 ans… les fédérations professionnelles doivent assumer!

Aujourd’hui, le gouvernement rend les fins de carrière de plus en plus pénibles. Travailler jusque 67 ans relève de l'utopie. Des travailleurs témoignent.

Aujourd’hui, le gouvernement rend les fins de carrière de plus en plus pénibles. Pensions à 67 ans, prépensions de plus en plus inaccessibles, crédit-temps cadenassés et aucune garantie sur le dossier pénibilité du travail. Nous avons donc décidé de rendre visite à différentes fédérations professionnelles pour leur demander d’admettre qu’il ne sera pas possible de demander aux travailleurs de travailler jusqu’à l’âge de 67 ans.

Une centaine de militants de notre centrale se sont ainsi rendus à Fedustria (textile, bois et ameublement), à la Confédération de la Construction et à la Fédération pétrolière belge pour inviter leurs dirigeants à signer une charte qui les engage à plaider au conseil d’administration de la FEB (la fédération des entreprises de Belgique) pour des pensions décentes, pour un âge légal à 65 ans et pour une liste de critères de pénibilité objectivables et non pour une liste de métiers pénibles.

Les rencontres ont été constructives, les trois fédérations nous rejoignent sur beaucoup de points. Malheureusement, aucune d’elles ne s’est engagée en signant notre charte. Aujourd’hui, nous attendons d’elles qu’elles fassent remonter notre requête vers la FEB. 

Quoi qu’il en soit, les premiers concernés par ces mesures de fins de carrière sont les travailleurs. Ils nous expliquent pourquoi travailler jusqu’à 67 ans est une utopie. 

Mickaël – Nettoyage

Tenir jusqu’au bout, pour les gens du nettoyage, ça ne va pas être possible. Nous devons monter sur des échelles, travailler dehors par tous les temps… ce n’est vraiment pas possible. La seule solution, ce serait de diminuer les cadences, mais c’est tout le contraire : on n’arrête pas de nous en demander toujours plus en toujours moins de temps.

Fabian – Gardiennage

Sérieusement, vous nous voyez, dans le gardiennage, à 67 ans, courir derrière un petit jeune… ce n’est vraiment pas possible. En plus, dans notre secteur, il y a aussi la flexibilité et des prestations de 12 heures. Ça aussi, ça use, sans parler du stress dans certains postes.

Robert – Transformation papier

Chez nous, on cumule les difficultés : on travaille en trois équipes, dans le bruit et les odeurs d’encre. Tenir jusqu’à 67 ans sera impossible et au final, c’est la mutuelle qui va payer. Moi, je dirais juste à ces ministres qu’ils viennent travailler chez nous et ils comprendront vite que ce n’est pas possible. Mais ça, ils ne veulent pas l’entendre. Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure…

Isabelle – ETA

Les ETA n’ont déjà plus d’adapté que le nom. On nous fait travailler comme tous les autres travailleurs en nous imposant des cadences infernales mais à des salaires et des conditions de travail largement inférieurs. C’est impossible que nous puissions tenir jusqu’à 67 ans à ce rythme. A partir de 50 ans les travailleurs du secteur sont déjà cassés. On mourra avant la pension.

Claude - Construction

Coffreur, maçon, ce sont des métiers lourds ! On travaille par tous les temps, courbés, à porter des poids, c’est pénible. Peu de collègues restent jusqu’à 60 ans. La prépension à 58 ans permet aux gens de partir plus tôt et dans la construction. Rares sont ceux qui restent plus longtemps.. Travailler jusqu’à 67 ans, c’est juste impensable.