Lettre ouverte aux utilisateurs des titres-services, aux patrons et aux pouvoirs publics

Plusieurs déléguées FGTB dans le secteur des titres-services ont souhaité aussi faire entendre leur voix quant à leur quotidien au travers d’une lettre ouverte qu’elles souhaitent rendre publique.

Il y a quelques jours, sortait le film-documentaire ‘Au bonheur des dames?' qui accompagne plusieurs aide-ménagères dans leur quotidien souvent difficile.

Après avoir vu ce film, plusieurs déléguées FGTB dans le secteur des titres-services ont souhaité elles aussi faire entendre leur voix au travers d’une lettre ouverte qu’elles souhaitent rendre publique.

Un message qui concerne une grande partie de la population vu qu’un million de familles utilisent le système.

Chers clients, patrons ou dirigeants

Nous nous appelons Chloé, Laura, Fatima ou Valérie. Nous sommes vos aide-ménagères. Depuis bientôt 15 ans, nous sommes les petites fées de vos logis. Nous mettons toute notre énergie pour rendre votre logement propre et pimpant. Cependant, nous devons bien admettre que nous ne recevons pas toujours la considération que nous méritons. Ne vous méprenez pas, avec certains d’entre vous, nous avons tissé au fil du temps une véritable relation de confiance et c’est grâce à vous que nous aimons notre travail et que nous y mettons autant d’énergie.

Malheureusement, ce n’est pas la majorité…

Il y a ceux qui ne comprennent pas que même l’adage ‘le client est roi’ a ses limites. Payer pour trois heures et nous donner 4 heures de boulot, ça ne va pas. Tout comme ceux qui jouent au patron alors qu’ils sont clients,… ce n’est pas correct.

Ceux qui confondent aide-ménagère et boniche. Ceux qui attendent de nous que nous rangions leurs linges sales qui jonchent le sol, qui ne se donnent même pas la peine de tirer la chasse avant notre passage… ce n’est pas tolérable.

Ceux qui comparent les aide-ménagères entre elles. Chacune d’entre nous a son mode de fonctionnement mais le résultat est identique: à la fin de la prestation, la maison est propre.

Ceux qui ne comprennent pas pourquoi nous refusons de laver la voiture ou de repeindre le salon. Nous sommes obligées de refuser certaines tâches qui sont hors compétences.

Ceux qui nous demandent de nettoyer une salle de bains à la brosse à dents, de travailler en chaussettes pour éviter les traces sur le carrelage, de laver les vitres extérieures quand il fait froid ou encore de travailler sans prendre une pause. Sans parler d’absence d’eau chaude, de chauffage en hiver ou simplement de produits d’entretien adaptés.

Enfin, chers clients, nous voudrions que vous sachiez que nous avons des dizaines de ‘patrons’ que nous nous efforçons de satisfaire mais, en retour, nous vous demandons de nous écouter, de nous respecter et de nous fournir du matériel adapté, comme une raclette à la bonne hauteur, un aspirateur qui aspire et des produits de qualité.

A nos patrons (les vrais), nous avons aussi quelques messages à faire passer.

Le secteur des titres-services a 15 ans, c’est relativement jeune mais déjà très professionnalisé. Dès lors, comprendre que les règles qui existent doivent être respectées, c’est élémentaire, non ?

Ainsi, vous trouvez ça juste qu’en cas d’annulation de prestations au dernier moment, si vous ne nous trouvez pas de remplacement nous ne sommes pas payées ? Ce n’est pas légal, pourtant, c’est loin d’être une exception.

Et vous trouvez ça juste que dans certaines entreprises, en cas de maladie, nous sommes systématiquement convoquées chez le médecin-contrôle dans l’heure qui suit la communication de notre absence ? Et qu’ensuite, vous nous harceliez pour nous faire revenir au boulot le plus vite possible ? Laissez-nous le droit d’être malades.

Nous vous demandons aussi de jouer le jeu jusqu’au bout. Nous défendre mieux face aux clients irrespectueux. Avoir un coach ou un médiateur en cas de difficultés avec un client, c’est bien, mais si au final, c’est juste pour refiler le client difficile à une collègue, ce n’est pas suffisant. Quand allez-vous enfin établir une liste noire de clients inacceptables, pour nous, nos collègues mais aussi nos collègues des autres entreprises des titres-services? Pourquoi la mauvaise expérience de l’une d’entre nous ne peut-elle pas servir à toutes ?

Au monde politique, nous demandons de continuer d’assumer ses responsabilités à l’égard du secteur, voire d’améliorer le financement du dispositif et de rester garant de son bon fonctionnement en luttant contre la fraude.

Si chacun y met du sien, nous sommes convaincues que nous y arriverons et que c’est avec plaisir que nous continuerons de bichonner vos maisons pour que vous puissiez pleinement en profiter!

Chloé, Laura, Fatima ou Valérie