Un travailleur sur trois a le statut de "cadre" dans le secteur de la chimie. En tant que cadre, ils jouent évidemment un rôle important dans leur entreprise, mais ces responsabilités doivent être liées à des conditions de travail et un salaire décents. Trop souvent, les employeurs semblent oublier que les cadres ont eux aussi des droits et qu'ils doivent être respectés !

Le statut de cadre est souvent associé par l'opinion publique à de bons salaires et de bonnes conditions de travail... mais rien ne saurait être plus éloigné de la réalité. Bien souvent, les heures supplémentaires ne sont pas compensées car les cadres ne sont pas concernés par les accords sectoriels. Ils ne peuvent dès lors pas bénéficier d'une rémunération pour ces heures supplémentaires et/ou avantages. En d'autres termes, de nombreuses heures de travail sont effectuées gratuitement. Une augmentation de salaire doit être négociée individuellement et n'est donc pas inclue dans le cadre de négociations sectorielles bisannuelles.

Il n'est donc pas surprenant de voir les employeurs redoubler d'efforts pour placer le plus grand nombre possible de travailleurs sous ce statut. Dans certaines entreprises, 30% des travailleurs disposent d'un statut de cadre alors que dans d'autres, ce chiffre grimpe à plus de 50% ! 

Malheureusement, la situation décrite ci-dessus n'est pas une fiction, c'est la réalité quotidienne à laquelle sont confrontés de nombreux cadres.  

"L'entreprise est complètement opaque en ce qui concerne les fonctions de cadre : il y a des négociations individuelles avec chacun d'entre eux, personne ne sait quels sont les barèmes en vigueur. Ce sont les cadres eux-mêmes qui en sont victimes, car ils ne savent pas à quel salaire ils ont droit et ce qu'ils peuvent exiger. De nombreux cadres se rendent compte qu'ils pourraient changer les choses en ayant une représentation syndicale, mais ils ont peur de s'impliquer. L'entreprise leur fait fréquemment comprendre que l'engagement syndical n'est pas souhaitable". - Dominique  

"Dans l'entreprise où je travaille, ils fonctionnent avec des classifications de fonction. J'ai un travail très spécifique en tant que cadre. Je travaille dans le laboratoire et pour certains tests, je dois être présent le weekend ou prester des heures supplémentaires. Pour les cadres, l'entreprise a récemment introduit une nouvelle politique, qui prévoit que nous ne percevions plus de rémunération "supplémentaire" pour les heures prestées le weekend et les heures supplémentaires. Apparemment, ce bonus serait déjà inclus dans notre salaire de cadres". - Sven  

"Dans notre entreprise, les cadres obtiennent des augmentations ou avantages à la tête du client. De cette manière, il y a moins de négociations collectives et la stratégie du diviser pour mieux régner pour les travailleurs. C'est celui qui sautera le plus haut durant l'année qui pourra espérer l'augmentation la plus élevée." - Achim

"Dans mon entreprise, nous essayons de conclure des CCT pour l'ensemble des travailleurs de l'entreprise (employés et cadres). Cependant, l'entreprise refuse de conclure des conventions collectives pour les cadres. Ils rédigent une directive qui est selon leurs dires un copier-coller de la CCT, mais que nous, en tant que délégué/syndicat, ne sommes pas autorisés à signer/consulter. Ils vont alors appliquer, selon leur envie et la personne devant eux, les mêmes conditions pour ce cadre que pour les employés." - Bill

"Chez nous, on semble viser une population de travailleurs uniquement composée de cadres. Au plus le temps passe, au plus le nombre de cadres augmente. L'entreprise veut attirer des profils ayant un diplôme plus élevé, qu'ils peuvent ensuite utiliser comme cadres. Et dès lors, le terme "cadre" est encore usurpé davantage". - Yasmine 

"En tant que cadre, il est difficile de participer à des actions syndicales. L'employeur est très négatif à ce sujet. Ca peut avoir un impact négatif pour mon salaire et ma carrière, et donc je préfère éviter d'exprimer mon opinion. L'entreprise indique clairement que l'engagement syndical n'est pas le bienvenu. " - Hanne

"Lorsque des cadres sont en chômage temporaire chez nous, leur situation est d'autant plus compliquée. Ils se retrouvent soudain avec une allocation très faible pour vivre, alors qu'ils disposaient d'un salaire décent auparavant. Il faut pouvoir honorer ses prêts auprès des banques, payer son loyer... Une délégation syndicale pour les cadres serait déjà un pas dans la bonne direction."  - Mario

"Lorsqu'un cadre est confronté à une surcharge de travail, il n'y a rien à faire d'autre que d'avoir recours au burn-out. Les plaintes informelles sont inutiles et les plaintes formelles comportent trop de risques. Certes, nous disposons d'une protection pendant les douze premiers mois, mais après cela, l'employeur peut vous licencier et ne se gêne pas pour le faire". - Carmen

"De nombreuses entreprises rivalisent d'inventivité pour donner à leurs travailleurs un statut de cadre. Il y a bien sûr plusieurs raisons à cela, mais l'une des plus importantes est que les employeurs veulent réduire les droits des travailleurs". - Isis

"En tant que cadre, il est très risqué de s'opposer à la direction. C'est pourquoi de moins en moins de cadres participent aux formations syndicales. Ils sont mal vus lorsqu'ils demandent à être libérés pour leur travail syndical. Sans cadres formés syndicalement, il est donc difficile d'offrir de fournir des informations sur mesure aux autres cadres" - Julien

"Une prime? Dans notre entreprise, tu dois la négocier en tête à tête avec la direction..." - Cédric 

C'est un fait : le statut de "cadre" n'est certainement pas synonyme de conditions de travail et de salaire décents. Dans de nombreuses entreprises, les droits des cadres sont bafoués... et nombreux sont ceux qui doivent recourir à la négociation individuelle le moment venu.

En tant que FGTB Chimie, nous voulons mettre un terme à ces pratiques. Stop aux faux statuts de cadre ! Les cadres doivent être récompensés justement et leurs droits respectés.

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