Quelle place pour les jeunes dans l’Europe ?

Pas d’Europe économique sans une Europe sociale forte. C’est une évidence pour tous les syndicalistes européens, mais il faut aussi assurer la relève. Et ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui seront les leaders syndicaux de demain. C’est pourquoi IndustriAll Europe – la fédération qui regroupe les syndicats nationaux de l’industrie - a organisé à la veille de son congrès un forum de discussion réservé aux jeunes syndicalistes européens. Si nous voulons une Europe plus juste demain, nous avons besoin de jeunes qui sont conscients des enjeux et qui sont prêts à relever le défi. Nous avons demandé à Marie, Thomas et Dries qui ont participé à ce forum, de répondre à nos questions.

Que retenez-vous de cette grande rencontre virtuelle?

Thomas : C’est très enrichissant d’entendre les témoignages d’autres syndicalistes. D’un pays à l’autre, nous ne sommes pas logés à la même enseigne en matière de droits. En Belgique, on nous respecte en tant que délégué, mais ce n’est pas le cas partout. Même si à l’heure actuelle, et la crise ne nous a pas aidé, on a le sentiment que nos libertés sont réduites.

Maintenant, avec Youth for Climate, on a pu voir que les jeunes peuvent eux aussi se mobiliser pour une cause. Ils ont du caractère, des valeurs et n’ont pas peur de les exprimer. Ils ont vraiment des choses à apporter. Les jeunes ont des codes et des réalités différentes. Il faut leur laisser une place.

L’Europe qu’est-ce que ça vous inspire ?

Marie : L’Europe est censée nous rapprocher mais quand on regarde comment la crise a été gérée, on déchante vite. Rien n’est uniformisé. On est censés être tous égaux, mais il n’en est rien. L’Europe doit nous rendre plus forts, mais dans cette crise, ça a été l’inverse. Entre délégations de Comité d’Entreprises Européen, nous avons des contacts avec les autres délégations en cas de crise. Mais ce qui manque vraiment, ce sont des liens. 

Dries : Aujourd’hui, l'Europe est là pour la régulation : fixer un minimum, veiller à ce qu'il y ait une limite pour que les choses ne s'aggravent pas. Les attentes à l’égard de l’Europe sont élevées, mais l'Europe est très grande et il n’est pas facile de faire bouger les choses. Parfois, des décisions sont prises, mais elles ne sont pas toujours mises en œuvre par les États membres, ou seulement partiellement (climat, sécurité,...).

Qu’attendent les jeunes de l’Europe ?

Dries : L'Europe n'est pas assez attrayante pour les jeunes. Pour eux, la seule chose que l'Europe fait, c'est que lorsqu'ils reçoivent leur colis alimentaire du CPAS, il contient des produits de la banque alimentaire européenne. C'est tout. Les jeunes n'en attendent donc pas grand-chose. 

Marie : Plus de contacts, ce serait un plus énorme. Allier nos forces en interne. Faire coller plus d’infos dans chaque pays. On ne connait pas toujours la réalité des autres pays. Par exemple la Grèce où les conditions de vie sont fort différentes de chez nous. Nous ne connaissons pas les mêmes réalités.

Le syndicalisme européen, une plus-value ?

Dries : Je pense que nous devons commencer par travailler ensemble sur des questions plus concrètes. Par exemple l'action que la FGTB a mené ce 1er  mai avec le syndicat hollandais FNV sur le salaire minimum à 14 €. Nous devons raconter notre histoire ensemble, avec des points de vue similaires. Nous devrions mener plus d’actions ensemble.

Qu’apportent les jeunes aux syndicats ?

Thomas : un mode de fonctionnement différent, un œil neuf. C’est bon à avoir. Des choses qu’on ne voit plus que les nouveaux verraient.

Dries: Il est important de laisser la parole aux jeunes, de comprendre comment ils voient les choses et d'ajouter encore plus d’outils numériques. En tant que syndicat, nous devons innover et créer plus d'interactions.