Campagne 'Respectez-les': "La lutte pour la reconnaissance n'a pas été facile".

Myrtle Witbooi, secrétaire générale du syndicat sud-africain des travailleurs domestiques SADSAWU, était présente lors de l'adoption de la C189 à la Conférence internationale du travail à Genève, il y a 10 ans jour pour jour.

Pouvez-vous donner un aperçu général de l'évolution depuis l'adoption de la convention 189 ?

Les travailleurs domestiques sont faiblement rémunérés. Cela est dû à une série de manquements en matière de travail décent. Chaque jour, nous recevons des rapports quotidiens sur les abus, tels que les bas salaires et les licenciements abusifs. Souvent, les lois ne sont pas bien appliquées. Au fil des ans, nous avons constaté une certaine amélioration de la législation. Par exemple, les travailleurs domestiques n'étaient pas initialement couverts par la loi sur l'indemnisation des accidents du travail et des maladies professionnelles (COIDA). Grâce à nos efforts, la COIDA s'applique désormais aux travailleurs domestiques et sont donc protégés des accidents du travail.

L'Afrique du Sud a ratifié la C189 en 2013. Quel rôle votre organisation et d'autres syndicats ont joué dans le lobbying et le plaidoyer pour la ratification de l'instrument par l'Afrique du Sud en 2013 ?

Nous avons suivi différentes stratégies de lobbying. Nous avons organisé des manifestations devant le parlement, les travailleurs ont signé des pétitions et, enfin, nous avons tenu plusieurs réunions avec le Ministre du travail et le comité en charge de l'emploi. Le soutien d'organisations partageant les mêmes idées a également été utile. Nous étions soutenus par la Confédération des syndicats sud-africains (COSATU), la Fédération des syndicats d'Afrique du Sud (FEDUSA) et la Fédération nationale des syndicats de l'habillement, du textile et des branches connexes (NACTWU).

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette évolution, en vous concentrant également sur les conditions des travailleurs domestiques en Afrique du Sud ?

Des progrès ont été engrangés pour les travailleurs domestiques. Ils ont désormais droit à la législation du travail qui s'applique déjà aux autres travailleurs. Par exemple, ils bénéficient d'un salaire minimum et ont droit à un travail décent. Ils ont également le droit de s'affilier à un syndicat. La lutte pour la reconnaissance n'a pas été facile.

Selon vous, que faut-il encore faire pour améliorer les conditions des travailleurs domestiques ?

Il y a encore beaucoup de travail à réaliser pour sensibiliser le public aux droits des travailleurs domestiques. Nous devons nous assurer que les travailleurs domestiques connaissent leurs droits.

Et qu'en est il de la situation des travailleurs domestiques ayant des besoins particuliers, tels que les travailleurs migrants et les travailleurs handicapés.

Notre travail s'étend aux travailleurs migrants. Nous les éduquons sur leurs droits. De nombreux travailleurs migrants ont des difficultés à faire valoir leurs droits. Ils ont peur de se retrouver au chômage. Combattre les idées fausses reste l'un des plus grands défis. En tant que SADSAWU, nous avons des relations stratégiques avec d'autres organisations de femmes, y compris des organisations travaillant avec des femmes en situation de handicap.

Foto © FOS

Campagne 'Respectez-les'

Une aide ménagère qui nettoie pour vous, un jardinier qui s’occupe de votre espace vert, une aide qui cuisine pour vous? Quel luxe. Et pourtant, nous ne récompensons pas les travailleurs domestiques pour les gros efforts qu’ils déploient. Ensemble, nous pouvons y remédier.  Aujourd’hui, nous saisissons cet anniversaire spécial pour souligner une fois de plus l’importance de la C189 et pour convaincre tout un chacun dans la société: faites de chaque foyer un lieu de respect. Plus d'info dans le magazine Fosfor. Plus d'infos sur notre partenaire Sadsawu sur www.accg.be