Enquête sur le congé de vaccination des aide-ménagères : des résultats hallucinants

Le mois dernier, Sciensano a fini par enfin reconnaitre que les aide-ménagères encouraient un risque élevé en raison de la crise sanitaire. Une vaccination rapide était donc plus qu'indispensable, pour la sécurité des travailleuses  mais aussi pour celle des clients. La FGTB Titres-services, CSC Alimentation et services  et la CGSLB ne se sont pas croisés les bras. Entre le 19 mai et le 14 juin, les trois organisations ont mené une enquête auprès de 1673 aide-ménagères afin de savoir comment les employeurs gèrent le congé de vaccination. Les résultats sont hallucinants. La majorité des employeurs du secteur des titres-services n'appliquent PAS correctement la législation sur le congé de vaccination.   

Le principe du congé de vaccination n'est pas compliqué en soi : le travailleur peut se faire vacciner pendant les heures de travail, sur invitation du centre de vaccination, sans subir de perte de salaire. L'objectif est très clair: éviter que les travailleuses ne renoncent à se faire vacciner pour éviter une perte de revenu. Pour les secteurs "traditionnels", ce n'est généralement pas un problème. Le congé de vaccination est facile à appliquer et sans ambiguïté, sauf pour le secteur des titres-services.  Ce qui ne semble pas perturber les employeurs du secteur. 

Aide-ménagère avec une invitation à la vaccination

Premièrement, moins de la moitié (41%) des 548 travailleuses qui avaient déjà reçu une invitation à se faire vacciner ont eu suffisamment de temps pour le faire. En outre, pour environ 39% d'entre elles, le salaire n'a PAS été payé pendant leur absence pour la vaccination. Ce n'est pas une surprise, étant donné que les entreprises de titres-services commerciales ont fait preuve d'une grande créativité pour contourner cette règle. Par exemple, 42 % de ces employeurs ont enregistré les heures de vaccination comme une "absence autorisée", tandis que 25 % ont même demandé que le rendez-vous soit reporté en dehors des heures de travail. D'autres aide-ménagères ont rapporté que leur prestation avec un client avait été annulée parce que leur rendez-vous de vaccination tombait pendant une prestation prévue. Qu'est-il arrivé aux heures restantes avec ce client ? Malheureusement, seulement 42% des travailleuses ont reçu leur salaire complet. Quant aux 58 %, elles ont été mises en congé sans solde (!), se sont retrouvées au chômage temporaire, ont dû prendre des congés ou récupérer leurs heures.  

Aide-ménagère sans invitation à la vaccination

Parmi les aide-ménagères interrogées n’ayant pas encore reçu d'invitation à se faire vacciner, 60% ont déclaré qu'elles n'avaient pas été informées par leur employeur des directives relatives au congé de vaccination. Parmi les travailleuses informées, moins de la moitié des employeurs appliquent la législation relative au congé de vaccination. Là encore, 20 % des employeurs demandent que le rendez-vous soit déplacé s'il se situe durant les heures de travail, et quelque 32 % des aide-ménagères bénéficient d'un nombre prédéterminé d'heures de congé de vaccination. En d'autres mots, il se peut qu'elles ne bénéficient pas de suffisamment de temps pour se faire vacciner.  

Les abus et les tentatives des employeurs de contourner le congé de vaccination pour ne pas payer le salaire des travailleuses qui vont se faire vacciner ne sont pas des exceptions, c’est une pratique courante. Ainsi, de nombreux employeurs ne respectent pas la législation sur le congé de vaccination. Et les aide-ménagères vont en payer le prix. Leur salaire étant déjà très bas, cette situation peut les démotiver à se faire vacciner. Une fois de plus, la crise du coronavirus se répercute sur les salaires de ces travailleuses. A l’heure où nous devrions tous encourager la vaccination, il existe un risque réel qu’un certain nombre des 145.000 aide-ménagères ne soient pas vaccinées.  

Pour les trois syndicats, cette situation est inacceptable. La liste des entreprises qui ne respectent pas les règles a été remise aux services d'inspection. Les syndicats leur demandent d'agir le plus rapidement possible. Les ministres concernés doivent eux aussi prendre leurs responsabilités. C'est une très mauvaise habitude de la part des sociétés de titres-services de ne pas respecter les règles sociales. Il est inacceptable de prendre un tel risque avec la santé des travailleuses d'un secteur subventionné par le gouvernement. Un signal politique clair est nécessaire, les pommes pourries doivent être écartées !