Le climat, une affaire syndicale ?
La Centrale Générale a la volonté de s’engager résolument sur les questions climatiques. Mais, le climat, est-ce vraiment une affaire syndicale ?
Oui, car...
- Le dérèglement climatique est une réalité : étés plus chauds et plus secs, hivers plus doux et humides, événements météorologiques extrêmes, …
- Les gaz à effet de serre, émis par des activités humaines, en sont la cause.
- Les conséquences de ce dérèglement sont déjà visibles : les dramatiques inondations de cet été en sont la parfaite illustration ! Elles vont encore s’amplifier si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites fortement et rapidement.
- Nos manières de vivre, de consommer, de produire doivent s’adapter à cette réalité. Le monde du travail est donc directement concerné. L’ensemble de nos secteurs sont concernés : l’industrie qui consomme beaucoup d’énergie et dont certains processus émettent une grande quantité de gaz à effet de serre ; la construction, car nos manières de construire et de rénover doivent se transformer ; et les secteurs de service (gardiennage, nettoyage, …) qui viennent « se greffer » sur d’autres secteurs.
- Des politiques climatiques sont mises en oeuvre à chaque niveau de pouvoir, car nos dirigeants ont enfin réalisé l’urgence climatique. Au niveau de l’Union Européenne, l’objectif est de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) et d’arriver à zéro émission nette en 2050. Cela signifie que les émissions devront baisser de 10 % chaque année…
Oui, mais...
- Notre modèle économique reste dépendant des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), à l’origine des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont également elles qui ont permis le développement industriel qui, grâce aux luttes sociales, a permis d’atteindre un niveau de bien-être inégalé dans l’histoire. Tout l’enjeu des années à venir sera donc de construire une économie basée sur des sources d’énergie qui n’émettent pas ou peu de gaz à effet de serre (soleil, vent, eau) tout en garantissant le bien‑être de tous et toutes. C’est cela qu’on appelle la Transition Juste.
- La Transition Juste, c’est donc lier les enjeux environnementaux et sociaux, sans que l’un des deux ne prennent le pas sur l’autre. En tant que syndicat, notre responsabilité est de faire pression pour que la dimension sociale de la Transition Juste soit traitée sur le même pied que sa dimension environnementale. Ou, pour reprendre un slogan bien connu, accorder autant d’importance à la « fin du mois qu’à la fin du monde ».
- De nombreuses études indiquent que passer d’une économie basée sur des énergies fossiles vers une économie basée sur des énergies renouvelables ne fera pas baisser le nombre global d’emplois. Au contraire, celui-ci devrait même augmenter. Mais il ne s’agira pas nécessairement des mêmes emplois. Les conditions de travail, les salaires, le temps de travail, … ne sont pas comparables dans l’industrie pétrolière et dans les énergies renouvelables, par exemple. Les nouvelles manières de construire demanderont de nouvelles compétences. Notre combat syndical doit être de nous battre pour que les « nouveaux emplois » bénéficient des conditions de travail aussi bonnes que les « anciens emplois ». Nous devrons également être attentifs à l’émergence de nouveaux dangers en matière de santé et sécurité au travail.
Pour mieux aborder tous ces enjeux, la CG a créé en interne une coordination Travail-Environnement-Climat. Son objectif est d’être un lieu d’échanges et de débats sur des enjeux concrets liés aux questions environnementales et climatiques dans le monde du travail. La première réunion de la coordination a eu lieu fin 2021 et elle se réunira au moins tous les trimestres. Nous analysons également, avec l’aide de notre service d’études et d’experts externes, les conséquences des politiques climatiques sur l’avenir de nos secteurs (chimie, ciment, …).
Nous considérons en effet qu’il est essentiel de développer une vision syndicale des politiques climatiques et d’anticiper les bouleversements à venir.
Lexicon
Afin de permettre à nos militants et militantes de s’approprier les enjeux de la Transition Juste, nous allons régulièrement expliquer une notion ou un concept particulier.
Gaz à effet de serre
C’est grâce à l’effet de serre que la totalité de l’énergie envoyée par le soleil vers la Terre n’est pas renvoyée à son tour dans l’espace. Cela permet de garder la température moyenne de la Terre aux alentours de 15°C. Si cette température moyenne augmente (ou diminue), les conditions de vie sur terre seront radicalement différentes de celles que nous connaissons actuellement et depuis des milliers d’années.
Or, certains gaz ont comme action d’augmenter cet effet de serre, et donc la température moyenne de la Terre : ce sont les gaz à effet de serre (GES). Les principaux sont le dioxyde de carbone (CO2) mais également le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N20). Ils sont principalement produits lorsqu’on brûle une source d’énergie (pétrole, charbon, bois, …) ou lors de certaines réactions chimiques (lors de la fabrication du ciment, de l’utilisation d’engrais, …).