L’employeur ne peut pas lésiner sur les investissements en matière de santé et sécurité

Pour la FGTB Chimie-Pétrole, la surveillance de la santé est une priorité absolue. Et ce n’est pas sans raison. En effet, les deux secteurs en question exposent de nombreux travailleurs à des agents physiques, chimiques ou biologiques qui peuvent avoir des conséquences désastreuses en matière de santé. D’où l’importance d’une surveillance régulière de leur santé et ce, tout au long de leur vie. Chez GSK, une multinationale de l’industrie pharmaceutique, Florian Thiron et ses camarades de la délégation FGTB Chimie veillent à ce que des moyens soient mis en place pour protéger la santé des travailleurs. 

Es-tu satisfait des mesures mises en place pour protéger la santé des travailleurs chez GSK ?

Florian : Chez GSK, la délégation et la direction font un gros travail en la matière depuis des années et ça porte ses fruits. Dans l’entreprise, si un problème survient, nous intervenons dans le département pour garantir la sécurité. Ce n’est pas forcément le cas dans les petites et moyennes entreprises sans délégation syndicale. Maintenant, j’ai conscience qu’il y a toujours moyen d’améliorer les choses. Il y a quelques années, un travailleur est malheureusement décédé sur son lieu de travail. Cela a été un gros traumatisme. 

Qu’avez-vous mis en place pour réduire le facteur risque chez GSK ?  

Nous sommes près de 9000 travailleurs sur le site de GSK et chaque travailleur est exposé à différentes substances, à différents risques. Il faut effectuer une analyse de risques pour chacun d’entre eux, pour chaque équipement et chaque produit chimique. Dès que tu réalises une tâche, tu as ainsi une analyse de risques associée. Demain j’arrive sur une machine, j’ai une fiche avec les risques (émission de vapeur, risque électrique, risque mécanique…). Tu peux tout voir : ergonomie, produits utilisés, produits de nettoyage. Et des EPI (équipement de protection individuel) et EPC (équipement de protection collectif) sont fournis à l’avenant. Chaque année, on refait l’analyse pour vérifier qu’il n’y ait pas de nouveaux produits ou d’évolution dans le processus. 

Nous effectuons environ 200 visites de sécurité par an avec un responsable environnement hygiène et sécurité, et avec la médecine du travail. Il est important de faire ces visites auprès des équipes de jour et de nuit car les problèmes ne sont pas les mêmes. De nuit, les travailleurs sont davantage exposés à la fatigue, et sont plus isolés.

Comment faites-vous pour y voir clair parmi ces différents profils d’exposition ? 

Nous disposons d’un fichier central dans lequel toutes les données recensées sont répertoriées. Chaque mois, nous reprenons le fichier du mois précédent pour voir si toutes les plaintes ont été prises en compte, et voir si elles ont été solutionnées. Ce suivi mensuel nous permet de nous améliorer en continu. 

Sans oublier des risques qui pourraient paraître anecdotiques mais auxquels il faut être vigilants ?

Tout à fait. À côté des substances chimiques dangereuses, on peut avoir un accident à cause d’une poignée de porte glissante, d’une lampe défectueuse ou d’un passage piéton mal placé. On doit recenser le moindre risque. Pour ce faire, il faut signaler le moindre danger. Il est ensuite remonté vers le service EHS (Environnement, hygiène, sécurité) pour être traité. Si c’est un problème majeur, ça remonte au CPPT et on en débat.

Quels sont les types de travailleurs les plus exposés aux risques ? 

Le risque est plus élevé pour les travailleurs issus de sociétés externes. Ils sont de passage et ne sont donc pas drillés comme les travailleurs de GSK. Dès lors, pour pouvoir travailler sur le site, les travailleurs sous-traitants doivent passer un test après avoir étudié la politique de GSK. Ce test est d’ailleurs disponible dans toutes les langues : arabe, polonais… 

Les conséquences de l’exposition à certains produits durant sa carrière ne s’arrêtent pas à l’heure de la pension. Existe-t-il un système de surveillance de la santé ?

A partir du moment où les travailleurs sont à la pension, ils peuvent être suivis par la médecine du travail sur base volontaire. Jusqu’à 5 ans après leur pension, ils peuvent ainsi prendre rendez-vous avec le médecin de GSK. C’est aussi d’application pour un travailleur qui a pris un RCC ou qui a été licencié. En amont de la surveillance médicale, il faut surtout investir dans la prévention tout au long du parcours professionnel.

Avez-vous des conseils à donner aux autres délégués en matière de santé et sécurité ? 

Surtout de ne pas hésiter à solliciter l’avis d’un expert extérieur à l’entreprise car on ne remarque  pas toujours certains problèmes. En tant que délégués, nous sommes les numéros 1 pour améliorer les choses, pour sensibiliser les travailleurs. Dans les différents départements, on a des relais qui sensibilisent, qui mettent en place les procédures et vont voir les travailleurs pour leur demander s’ils ont des idées d’améliorations. Il ne faut pas imposer les choses aux travailleurs. Ce qui compte c’est de les impliquer.