Le nettoyage de jour doit devenir la règle

Des délégués du nettoyage de Belgique et des Pays-Bas se sont rassemblés le 7 juin dernier devant le Parlement européen pour appeler au respect et à une vie digne pour les travailleurs du secteur. Pour améliorer leur situation, un changement radical est nécessaire en matière d’organisation du travail : le travail de nuit doit disparaître et le travail de jour doit devenir la règle !

Près d’une centaine de militants du nettoyage membres du syndicat néerlandais FNV et des syndicats belges CSC et FGTB Nettoyage ont fait entendre leur voix à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement européen le 7 juin dernier. Durant cette action coordonnée avec UNI Europa, la fédération européenne des travailleurs des services, toutes et tous ont appelé au respect pour leur travail essentiel et pour leur vie, ce qui passe par des salaires équitables, un nettoyage de jour et par l’attribution des marchés publics à des entreprises qui appliquent une convention collective. Dans cette optique, les institutions européennes doivent être les moteurs du changement.

Les militants rassemblés sur la place du Luxembourg pour une action dans le cadre de l’ « International Justice Day » se sont entretenus avec Agnés Jongerius, membre du Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen, et ont témoigné devant elle de l’impact de la crise du covid et de la crise l’énergie sur leur pouvoir de vivre. Les résultats de la toute première enquête mondiale sur les travailleurs du secteur du nettoyage lui ont également été présentés. 

Nettoyage - parlement européen
Des militants du secteur du nettoyage sont entrés au Parlement européen pour s'entretenir avec la députée européenne Agnés Jongerius dans le cadre de l'International Justice Day.

Impact du travail en équipes sur la vie des nettoyeurs

L'enquête menée auprès de 2500 travailleurs du nettoyage à travers le monde se concentre sur l'impact du travail en équipes et de nuit sur la vie sociale, le bien-être et la santé mentale du personnel du nettoyage. Les résultats de cette enquête démontrent que le mode de fonctionnement actuel nuit à la santé des nettoyeurs :  

  • 72% des travailleurs du nettoyage de nuit font état de troubles du sommeil.
  • Près de 46% des travailleurs du nettoyage de nuit et 48% des travailleurs du nettoyage du soir ont subi des effets néfastes sur leur santé mentale.
  • Les nettoyeuses travaillant de nuit sont plus susceptibles d'être harcelées lors de leurs trajets que leurs homologues travaillant dans d'autres équipes.
  • 50,9% des travailleurs du nettoyage de nuit ressentent un manque de contrôle sur leurs horaires.

"Je travaille en différentes équipes au cours de la semaine. Tôt le matin, le soir et même la nuit. C’est épuisant ! Les clients peuvent penser qu'ils font des économies, mais c'est notre santé, notre sécurité et notre vie familiale et sociale qui en pâtissent" témoigne une travailleuse présente lors de l’action. Un autre élément notable révélé par l’enquête menée par UNI réside le fait que les problèmes rencontrés par les travailleurs du nettoyage des différents pays du globe sont les mêmes. 

Avancées notables dans les institutions européennes

En dépit des défis, les syndicats ont réalisé des progrès significatifs en termes d’influence des gouvernements, des responsables politiques et des employeurs. En octobre 2022, les partenaires sociaux européens du nettoyage EFCI et UNI Europa ont signé une déclaration commune exhortant les institutions européennes à adopter le nettoyage de jour et les équipes continues pour les travailleurs du nettoyage. Plus récemment, le ministre allemand du Travail et des Affaires sociales, Hubertus Heil, a annoncé la suppression des heures du soir pour le personnel de nettoyage dans son ministère. Pour les syndicats, cette règle qui devrait être d’application pour tous les contrats de nettoyage conclus par les institutions européennes. Autre appel lancé par les syndicats durant l’action, celui de réviser les directives sur les marchés publics afin d'améliorer les conditions de travail.

Oliver Roethig, Secrétaire régional d’UNI Europa, souligne la nécessité d'un traitement équitable en déclarant : "Rogner sur les coûts ne devrait pas être récompensé. Lorsque les entreprises sont en concurrence pour les appels d'offres publics, elles ne devraient pas être incitées à compromettre les conditions de travail. La transgression des règles de l'UE en matière de marchés publics doit être corrigée en renforçant les négociations collectives. Les travailleurs du nettoyage méritent un salaire minimum, et la meilleure façon de le garantir est d'attribuer uniquement les marchés publics aux entreprises qui appliquent une convention collective."

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