Quand le travail syndical est créateur d’emplois

Unilin Feluy est une entreprise du secteur de la chimie spécialisée dans les panneaux d’isolation. L’entreprise de Feluy a été créée en 2015 avec une dizaine de travailleurs, et aujourd’hui, elle en compte une soixantaine. Suite à la pandémie et à la crise énergétique, l’entreprise connait un essor fulgurant et les heures supplémentaires ne cessent de s’accumuler. Ce qui pousse Salvatore Alaimo, délégué Centrale Générale – FGTB à entreprendre des négociations avec la direction afin de trouver une solution pérenne. 

aa"Pour moi, ça a été une expérience enrichissante, j’ai passé quelques nuits blanches, mais au final, le compromis est bon pour les travailleurs, sans quoi, je ne l’aurais pas signé.

Et  la solution, pour Salvatore, c’est de créer une quatrième équipe du week-end. Après des négociations assez longues avec la direction, l’usine vient de lancer début juin une quatrième équipe et 12 emplois ont été créés. Histoire d’une success-story. 

Délégué un jour, délégué toujours

En 2015, quand Salvatore perd son emploi chez AGC, c’est une tradition familiale 
qui se brise. Pour ce fils d’ouvrier verrier, l’entreprise était un peu une deuxième famille, mais pas le temps de s’apitoyer sur son sort, il a besoin de travailler et retrouve assez rapidement du travail dans une petite entreprise qui occupe une dizaine de travailleurs. 8 ans plus tard, après plusieurs rachats, l’entreprise est en pleine expansion et devient une branche du groupe Unilin.

À son arrivée, tout est à construire au niveau syndical et c’est tout naturellement que Salvatore retrouve ses réflexes de délégué : « Au début, on tournait avec deux équipes, puis trois. Et puis, après les crises du Corona et de l’énergie, la demande a explosé. On n’arrivait plus à suivre et on avait de plus en plus d’heures supplémentaires le week-end. À un moment, j’ai demandé à discuter avec la direction et j’ai été très clair : s’il y a autant d’heures supplémentaires le week-end, c’est qu’il y a du travail. Dans ce cas, il faut repenser l’organisation du travail et engager ». 

On est alors en septembre 2022, la direction accepte et veut même que ça aille vite. Les réunions s’enchainent, les discussions aussi mais Salvatore refuse de se précipiter : « Au départ, je pensais transposer le système en vigueur chez AGC, mais la direction ne voulait pas. Il fallait s’inspirer de ce que le groupe Unilin faisait en Flandre. Mais lorsque je lisais la convention, il y avait des choses qui ne me plaisaient pas. Nous avons donc négocié, cherché et trouvé des solutions. Je partais du principe que si on crée une équipe du week-end, cela doit se faire correctement et sans perte de salaire». La convention sera finalement signée en décembre 2022. 

Une nouvelle organisation du travail

Au final, Salvatore est satisfait du système retenu. Les travailleurs du week-end sont occupés le samedi de 6 h00 à 18h00 et le dimanche de 18h00 à 6h00. Ils doivent en outre prester 5 jours fériés et 15 jours de travail en semaine sur l’année. Ces jours sont planifiés 
et ils ont également deux week-ends libres par an, pour garantir l’équilibre vie privée – vie professionnelle. En outre, la nouvelle équipe est constituée de nouveaux travailleurs mais aussi d’anciens.

« Pour moi, il était important d’arriver à un système équilibré, on ne pouvait pas mettre juste les nouveaux en équipe du week-end, ni retirer trop de travailleurs de la semaine pour les mettre le week-end. On est donc arrivé à un mix équilibré et au final, 12 emplois CDI ont été créés. J’ai aussi insisté pour laisser la possibilité aux travailleurs qui estimeraient par la suite que cette organisation de travail ne leur convient pas de revenir en semaine ». 

Un délégué n’est jamais seul

Pour Salvatore, cette expérience est enrichissante, même s’il a passé quelques nuits blanches : «J’ai le soutien des travailleurs et de ma section, c’est important ». À la question que retiens-tu de cette expérience, il répond : « Avant de se précipiter, il faut bien réfléchir, se renseigner et en parler avec son permanent. Il faut aussi laisser parler la direction, analyser et puis faire ses propositions. On sait très bien qu’elle ne va pas tout accepter. Mais nous aussi, nous devons soigneusement tout analyser, ce sont des choix importants , on parle quand même de l’avenir des travailleurs ».