Manifestation pour un cessez-le-feu

Soumis depuis 16 ans à un blocus israélien responsable d'une catastrophe humanitaire majeure, les habitants de la bande de Gaza font actuellement face à l'offensive la plus meurtrière de leur histoire.

Nous condamnons sans équivoque toutes les attaques contre les populations civiles, y compris celles perpétrées par le Hamas depuis le 7 octobre contre des civils israéliens qui ont fait des centaines de morts. Aucune attaque subie ne peut justifier toutefois de s'affranchir des lois de la guerre.

En quelques jours, plus de 6 000 tonnes de bombes ont pourtant été déversées sur des zones civiles densément peuplées, occasionnant en une semaine plus de 2 750 morts, dont un tiers d' enfants (situation au 17 octobre à mi-journée). A cela s'ajoute un siège total décrété par Israël contre la bande de Gaza, dont l'approvisionnement en eau, électricité, nourriture et carburants a été coupé, de même que son accès à l'aide humanitaire. Human Rights Watch rapporte également que l'armée israélienne a fait usage du phosphore blanc, une arme dont l'emploi est interdit dans les zones densément peuplées.

Constitutives de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité, ces actions doivent être perçues à la lumière de déclarations alarmantes d'officiels israéliens témoignant d'une volonté de s'en prendre non pas au Hamas, mais à la population gazaouie dans son ensemble. Le 9 octobre, le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a qualifié les Gazaouis "d'animaux humains à traiter comme tels". "C'est une nation entière qui est responsable", a quant à lui affirmé le président israélien Isaac Herzog le 14 octobre. Cette volonté de punir collectivement l’ensemble de la population gazaouie fait craindre le pire.
Depuis le 13 octobre, dans le cadre de la guerre lancée contre Gaza, Israël a lancé un ordre d'évacuation aux 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza, leur intimant de se rendre dans le sud du territoire, décision annonciatrice d'une catastrophe humanitaire majeure, équivalant à une « condamnation à mort » selon l'OMS. La Fédération internationale des droits humains (FIDH) dénonce ces ordres comme une tentative de déplacement forcé et illégal de civils pouvant refléter une intention génocidaire. La Rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, quant à elle, appelé la communauté internationale à prévenir le danger de nettoyage ethnique, faisant ainsi écho aux déplacements forcés de centaines de milliers de personnes lors de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967. De fait, les colons, qui redoublent de violence en Cisjordanie et, qui avec l’armée israélienne, ont tué plus d'une cinquantaine personnes en Cisjordanie et à Jérusalem depuis le 7 octobre, et leurs relais politiques n'ont jamais abandonné leur rêve de « reconquérir » et recoloniser Gaza.

En refusant systématiquement d’obliger toutes les parties à respecter le droit international et en laissant les violations impunies, la communauté internationale porte une responsabilité écrasante dans la situation désespérée que nous connaissons aujourd’hui.

Face au drame qui se déroule sous nos yeux, la boussole de la Belgique et de l’Union européenne doit plus que jamais rester le droit international et la protection de la vie, de la dignité et des droits humains. Une large coalition de la société civile manifestera ce dimanche 22 octobre à partir de 14h devant le siège de la Commission européenne pour exiger de l'UE et de la Belgique :

  • qu’elles mettent tout en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu, la protection de toutes les populations civiles, et un accès à l'aide internationale pour la population gazaouie actuellement en urgence humanitaire absolue ;
  • qu'elles appellent au respect des droits de tous, conformément au droit humanitaire international et au droit international des droits de humains, y compris la libération de tous ceux qui ont été illégalement privés de leur liberté ;
  • qu’elles exigent d'Israël la levée du siège de Gaza dans la perspective de la levée du blocus et de sa reconnexion avec le reste du territoire palestinien occupé ;
  • qu’elles apportent un soutien politique et financier à l'enquête en cours de la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine et encouragent le procureur de la Cour pénale à en faire une priorité afin que tous les criminels de guerre soient rapidement tenus responsables ;
  • qu’elles s’attaquent aux causes structurelles du présent conflit en adoptant des mesures contraignantes contre Israël afin qu'il mette fin à l'occupation, à la colonisation et à l'apartheid contre le peuple palestinien, à commencer par la fin du commerce avec les colonies israéliennes.

Les organisateurs appellent les participants à respecter ces mots d'ordre et à manifester pacifiquement.

Toute apologie de crimes de guerre, d'attaques contre des civils, ou toute manifestation d'antisémitisme ou de toute autre forme de racisme entraînera une exclusion du rassemblement.

Cet appel à manifester a été publié lundi 16 octobre. La rapidité à laquelle la situation évolue risque sans doute de rendre certains éléments dépassés d’ici au dimanche 22 octobre.

Liste provisoire des signataires : 11.11.11., Association belgo-palestinienne, Les Ambassadeurs d'expression, Agir pour la paix, CNAPD, De-Colonizer, Een Andere Joodse Stem, Intal, Jeunes CSC, Jeunes FGTB, Palestina Solidariteit, Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), Présences et actions culturelles (PAC), Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté, Solsoc, Soutien belge Overseas, Vrede, la Centrale Générale - FGTB