Travailler selon des horaires atypiques : partie 2
Nous avons également interrogé Andrea Della Vecchia, Secrétaire fédéral FGTB Chimie. Quels sont les conclusions à tirer de l’enquête HIVA pour le secteur de la chimie ?
Les travailleurs de la chimie sont-ils concernés par de horaires atypiques de travail ?
Les horaires atypiques de travail tels que les horaires décalés, le travail en équipes ou de nuit et le travail du week-end sont une réalité pour de nombreux travailleurs du secteur de la chimie. Selon le SERV, un travailleur de la chimie sur quatre preste la nuit. Ce qui est largement au-dessus de la moyenne. A ce propos, 33% des répondants de l’enquête de l’HIVA proviennent du secteur de la chimie. Cela prouve que ce thème est important au sein du secteur.
Quelles conclusions tirez-vous des résultats de cette enquête ?
Tout d’abord, les travailleurs méritent de meilleures conditions de travail. Leur capital santé est plus important que les bénéfices de l’entreprise. Le politique et les employeurs doivent accorder de l’importance aux résultats de cette enquête. Ensuite, les chiffres de l’enquête nous donnent raison dans nos combats syndicaux d’entreprise et de secteur visant à humaniser le travail en équipes et de nuit. On ne peut pas rester les bras croisés ou fermer les yeux face à de tels résultats.
Que fait la FGTB Chimie pour les travailleurs concernés par des horaires atypiques de travail ?
A titre d’exemple, je songe à nos délégués d’INEOS de la région du Centre qui ont négocié un système qui permet aux travailleurs en équipes et de nuit de terminer plus tôt leur carrière. Ensuite, pour l’ensemble du secteur, nous avons négocié des compensations financières pour les travailleurs de nuit qui se dirigent vers un travail de jour. Ces compensations tiennent compte des primes de nuit dont ils bénéficiaient. Nous pouvons être fiers de ce conquis social car l’aspect financier freine des travailleurs à se diriger vers des emplois de jour. Nous avons aussi créé la Journée du travail en équipes et de nuit du 24 juillet car cette date (24/7) correspond au rythme de travail en continu. Enfin, je songe au Fonds démographie car celui-ci soutient les entreprises du secteur qui améliorent les conditions de travail. Les adaptations en lien aux horaires atypiques de travail font partie des mesures prisées par nos délégués. Et ils ont raison !
Quels sont les suites de cette enquête ?
L’enquête réalisée n’est pas une finalité. Elle nous fournit des arguments pour poursuivre ce combat à différents endroits. Tout d’abord, dans les entreprises, nos délégués continueront à revendiquer des adaptations de travail qui tiennent compte des réalités vécues par les travailleurs en équipes et de nuit. Ensuite, dans le secteur, je suis convaincu que les compensations financières en cas de passage d’un travail de nuit vers un travail de jour peuvent être améliorées et élargies pour toucher plus de personnes. Encore au sein du secteur, nous prévoyons du matériel à destination de nos délégués pour la Journée des travailleurs en équipes et de nuit du 24 juillet prochain. Il est important de conscientiser les travailleurs et le politique sur les enjeux de santé entourant cette forme de travail. Le thème de cette année sera le sommeil. Mais nous communiquerons prochainement à ce sujet. Enfin, l’enquête fournit aussi des arguments chiffrés utiles pour adopter les fins de carrières. Avec le durcissement des conditions d’âges, la disponibilité des RCC et le recul de l’âge de départ à la pension à 67 ans, les fins de carrières deviennent encore plus pénibles pour les travailleurs en équipes et de nuit. Le prochain gouvernement devra trouver des solutions adaptées aux travailleurs.