« Ouvriers – employés, on se renforce mutuellement »
A Charleroi, l’entreprise de titres-services Sinap Services a connu des mois difficiles, mais grâce à l’engagement de la délégation syndicale FGTB, l’entreprise a retrouvé un peu de sérénité et les travailleurs bénéficient d’une représentation syndicale plus forte que jamais. Ce résultat est le fruit du travail acharné de Laeticia, Brigitte, Anaïs et Sebastiano, le petit nouveau. Le principal enseignement de la campagne Sinap, c’est qu’ouvriers ou employés, peu importe, les deux sont complémentaires et le travail de l’un permet de renforcer l’efficacité de l’autre.
Ces dernières années, l’entreprise Sinap a fortement évolué. Aujourd’hui, elle dispose d’un comité d’entreprise, d’un comité pour la prévention et la protection au travail et d’une liste pour les employés. Et grâce à la vigilance de Laeticia, d’une nouvelle direction.
Main dans la main
Tout commence lorsque Laeticia, alors déléguée au CPPT pour les ouvriers, se voit proposer une promotion. Elle devient formatrice et accède ainsi au statut employé. Pas question pour autant d’arrêter ses activités syndicales : « Lorsqu’on m’a proposé ce nouveau poste, j’ai demandé à pouvoir encore assister au CPPT jusqu’à la fin de la législature. Et lorsqu’il a fallu constituer les listes pour les élections sociales, je me suis directement portée candidate pour la liste employés.» C’est alors que Laeticia prend Brigitte sous son aile pour la former et l’aider durant la campagne. Laeticia : « En tant qu’ancienne déléguée ouvrière, j’avais déjà la confiance des travailleuses, ce qui nous a permis de construire une stratégie commune au niveau de la FGTB. Ca a vraiment été notre force. » Entre Brigitte et Laeticia, l’alchimie a tout de suite opéré : « Laeticia faisait des photos des communications importantes et nous les partagions chacune via nos propres réseaux et nos outils, Messenger, WhatsApp...» explique Brigitte. Et Laeticia d’ajouter: « Grâce à nous, l’information circule très bien entre les ouvriers et les employés et ça nous renforce. Chacune gère son petit groupe de contacts pour communiquer rapidement et efficacement. Évidemment, construire un réseau, cela ne se fait pas du jour au lendemain, c’est un investissement de temps important, mais après, ça devient une force qui assure une efficacité redoutable.»
Une période de turbulences
Il faut savoir que Sinap est une entreprise de titres-services à finalité sociale. Malgré tout, l’ancien directeur mettait la pression aux travailleuses trop souvent malades. Laeticia : « J’ai averti le conseil d’administration de la situation invivable qu’il faisait vivre aux travailleuses. Et même si j’ai subi pas mal de pression de l’ancienne direction, c’était un combat important pour moi. Je n’oublie pas d’où je viens et ce qui est juste doit être juste. Le directeur indélicat a finalement été licencié et il a entrepris de recréer une nouvelle entreprise de titres-services. Et pour être sûr de commencer sur de bonnes bases, il a tenté de débaucher les ‘bonnes’ aide-ménagères - entendez : celles qui ne sont jamais malades et qui ne font pas de vagues. » Là encore, Laeticia a joué son rôle en informant les aide-ménagères : « Pendant près de 15 jours, je me suis retrouvée seule, à devoir gérer les clients mécontents et les travailleuses inquiètes.»
Une sincérité qui paie
A la question quel est le rôle du délégué, Laeticia répond : « Mon rôle, c’est d’informer les travailleuses afin qu’elles puissent se faire une opinion par elles-mêmes, pas de leur dire ce qu’elles doivent faire ou qui elles doivent croire. Les travailleuses ont vu et apprécié les efforts que les délégués FGTB ont fait sur le terrain pour les accompagner pendant cette période difficile. Mais surtout, tout au long de la campagne, les candidats FGTB sont restés sincères. Les travailleuses ont vu clair et au moment de voter, elles ont accordé 3 sièges sur 4 à la FGTB. Elles ont également élu le premier délégué aide-ménager pour Charleroi.” Pour Sebastiano, son engagement était assez logique : « Il y a de plus en plus de travailleurs masculins dans le secteur des titres-services. Il est donc normal de s’investir au niveau syndical. Aujourd’hui, ma priorité est d’apprendre un maximum de choses afi de pouvoir apporter ma contribution au travail de la FGTB. »
Des délégués armés
Pour Catherine Mathy, permanente syndicale à la Centrale Générale de Charleroi, les beaux résultats ne sont pas le fruit du hasard : « Le travail syndical commence au lendemain des élections sociales. A Charleroi, dans toutes les entreprises de titres-services où la centrale a déposé une liste, on a pris des mandats à l’autre organisation syndicale. Pour cette dernière, ce qui compte vraiment, c’est de boucher les trous, mettre des noms sur les listes. A la différence de la FGTB qui a pour principal objectif de rendre ses délégués autonomes, de les former pour qu’ils puissent à leur tour aider les travailleurs. »
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