Stop au dumping social - objectif zéro

La FGTB Construction lutte contre le dumping social depuis plus de 20 ans. Pour démontrer que le problème n'est toujours pas réglé, nous organisons aussi annuellement une journée d'action. Cette année, une nouveauté a été ajoutée : le mercredi 23 avril, une journée d'étude a été organisée. Quelque 200 délégués de la FGTB Construction se sont réunis pour mieux comprendre ce que le dumping social signifie aujourd'hui - même au-delà de leur propre chantier ou de leur région.

Arnaud Leveque
Arnaud Leveque

Le dumping social est la dégradation délibérée des conditions de travail par les employeurs, souvent par le biais de constructions transfrontalières visant à réduire les coûts des salaires. Cela conduit à une concurrence déloyale et mine la protection sociale des travailleurs ainsi que l’emploi. Les travailleurs détachés sont des travailleurs qui effectuent temporairement une prestation en Belgique. Ils travaillent souvent dans plusieurs pays ou ont été embauchés ailleurs qu'en Belgique et ne parlent donc souvent pas la langue.

Gianni
Gianni De Vlaminck

La cause ? "Nous sommes confrontés à une concurrence déloyale", a déclaré Arnaud Leveque, secrétaire fédéral de la FGTB Construction. Plus on descend dans la chaîne, plus les problèmes de sécurité, de détachement sont importants... Ce sont surtout les sous-traitants les plus bas dans la chaîne qui ont des travailleurs d'origine étrangère. Pour être clair : "Nous ne sommes pas contre les travailleurs étrangers, nous sommes contre l'exploitation de ces travailleurs étrangers", a souligné Gianni De Vlaminck, également secrétaire fédéral de la FGTB Construction.

Check-in & check-out

Le programme antisocial du gouvernement Arizona a de nombreux effets négatifs sur les travailleurs, mais certaines mesures permettront malgré tout de lutter contre le dumping social, si elles sont effectivement mises en place. le Gouvernement souhaiterait, par exemple, davantage de mesures de prévention, davantage de renforcement des sanctions, et il est également prévu des mesures spécifiques à notre secteur. Une de celles-ci attire l'attention : le check-out. Le check-in sur chantier existe déjà, mais le check-out vient compléter le tableau. Ainsi, il y aura toujours un aperçu clair des personnes présentes et absentes sur le chantier, ce qui peut être positif pour la sécurité. 

Surveillance et détection

Bart
Bart Stalpaert

Les témoignages recueillis lors de la journée d’étude ont montré que la lutte contre le dumping social est très importante. Il est question d’exploitation, d’accidents parmi les travailleurs détachés... La réalité n'est pas positive. C'est pourquoi le SIRS existe, le Service d'Information et de Recherche Sociale. C'est le service fédéral auquel les travailleurs peuvent faire appel en cas de besoin d'intervention externe. "Nous aimerions intervenir, mais nous dépendons aussi de nos collègues étrangers, qui ont les mêmes difficultés que nous. Nous avons encore trop peu de capacité pour agir, la loi n'est pas encore suffisamment forte contre le dumping social...", a déclaré Bart Stalpaert, directeur du SIRS.

En outre, le dumping social ne se produit pas uniquement dans la construction, il suffit de penser aux travailleurs des carwash, de l’Horeca, du nettoyage, des salons de beauté... Sur la base des chiffres entre 2021 et 2024, le secteur de la construction se trouve à la 7ème place avec 39,21% de contrôles qui ont débouché sur un constat de dumping social.

Jan
Jan, sécreatire du Limbourg

Jan, un secrétaire du Limbourg, intervient : "Le gouvernement n'est-il pas lui aussi en tort ? Le gouvernement est un donneur d’ordre important pour le secteur de la construction. Lorsqu'ils choisissent un entrepreneur, ils optent souvent pour le prix le plus bas, plutôt que pour la meilleure qualité. Nous devons vérifier à la source s'il est normal que certains de ces travaux puissent être réalisés à ces prix. Les contrats sont confiés à des sous-traitants, qui deviennent alors des entrepreneurs principaux. Le gouvernement court-circuite ainsi nos propres entreprises"

Bart confirme qu'il faut effectivement sensibiliser davantage le gouvernement. Le ministre Dermagne, lors du précédent Gouvernement, a également tenté de renforcer les critères pour la sous-traitance. Il devrait ainsi y avoir une législation qui exclut des marchés publics les entreprises qui utilisent des travailleurs illégaux. 

Que fait l'UE?

Estelle
Estelle Ceulemans

Au Parlement européen, 25 % des députés sont membres de partis d'extrême droite. Cela complique la situation lorsqu'il s'agit de légiférer en faveur du travailleur. Pour Estelle Ceulemans, députée européenne et coordinatrice du groupe S&D pour l'emploi et les affaires sociales, c'est clair : "Le dumping social ne doit plus être toléré. La législation relative aux marchés publics, où le prix le plus bas est essentiel, doit être révisée de toute urgence".

Tom Deleu, secrétaire général de la FETBB (fédération syndicale européenne pour la construction), ajoute : "Une grande partie de notre législation belge en matière de sécurité provient de la législation européenne. Prenons l'exemple de la récente législation européenne sur l'amiante, qui se traduit désormais par une législation belge concrète. Nous devrions oser revendiquer cela comme une victoire".

Tom Deleu
Tom Deleu

Pourtant, tout n'est pas positif. L'UE a récemment lancé un Talent pool, une plateforme où les travailleurs non européens peuvent postuler à des emplois en Europe. Ça sonne bien, mais Tom s'inquiète : "Qui contrôle les conditions dans lesquelles ces personnes travaillent ? Ont-ils un contrat ? Un point de contact ? Ils sont souvent entièrement dépendants des intermédiaires. C'est ainsi qu'ils finissent par être exploités, voire victimes de la traite des êtres humains. Est-ce le modèle que nous voulons ?"

Estelle voit la même chose : "L'extrême droite est enthousiaste à l'égard du système. Mais la réalité est navrante. Ces personnes arrivent sans famille, sans réseau et souvent sans protection. Et s'ils veulent faire venir leur famille ? Alors, on parle soudainement « d'immigration volontaire » et on veut les empêcher d'entrer. Il y a tout simplement trop peu de garanties pour les protéger réellement".

Encore une fois, nous ne sommes pas contre les travailleurs étrangers, nous sommes contre l'exploitation de ces travailleurs étrangers.