La pression syndicale chez Conwed Plastics sauve des emplois

Nous avons rencontré Steffy Mulders, secrétaire de la FGTB Chimie Limbourg.

Steffy, ces dernières semaines, un conflit a éclaté chez Conwed Plastics à Genk. Quel a été l'élément déclencheur ?

La direction a annoncé neuf licenciements, soi-disant pour des raisons économiques. Pour les travailleurs cependant, cette nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, étant donné que récemment encore, deux contrats fixes avaient été signés.

Dès les premières discussions, il est apparu clairement que les travailleurs n'étaient pas écoutés et que la direction n'était pas ouverte à leurs suggestions. Suite à cette annonce et une concertation difficile, les travailleurs ont arrêté le travail.

Cette action ne visait pas seulement à obtenir des éclaircissements sur leur emploi, mais touchait également un problème plus profond : le mécontentement croissant à l'égard du manager du site de Genk. Selon les travailleurs, la méfiance était devenue telle qu'il n'était plus possible de travailler ensemble.

Quel a été le résultat de cette grève ?

Après trois jours de grève, le licenciement du manager du site a été annoncé. Selon ses propres dires, celui-ci aurait jeté l'éponge et occuperait dorénavant un autre poste au sein du groupe. Cependant, la direction a posé comme condition au licenciement que le manager du site reste sur place jusqu'à fin décembre au plus tard afin d'assurer une transition sans accrocs, en s'abstenant de toute activité liée à la production.

Les travailleurs ont fini par accepter.

Toutefois, avant de licencier les travailleurs concernés, les syndicats ont été invités à reconnaître la situation économique de l'entreprise dans une CCT, afin de ne pas devoir demander une reconnaissance officielle auprès de la Commission paritaire.

En tant que syndicat, nous ne pouvions en aucun cas accepter cela.

L’employeur a alors annoncé qu'il mettait fin à la concertation sociale et qu'il négocierait individuellement avec les travailleurs touchés. Ceci était inacceptable pour les travailleurs, qui ont donc poursuivi la grève.

Un accord a-t-il finalement été trouvé ?

Oui, d'une part, 6 des 9 travailleurs concernés pourront garder leur emploi. Pour les 3 employés qui doivent quitter l'entreprise, un plan social a été négocié en plus du cadre légal.

D'autre part, le poste de manager du site a été supprimé avec effet immédiat et un manager ad interim a été nommé en attendant un successeur externe. Nous espérons que cela permettra un nouveau départ et que le nouveau responsable adoptera une méthode de travail plus humaine, permettant le retour de la confiance.

Tout cela démontre que la pression syndicale et des négociations intensives peuvent réellement faire la différence !

Les travailleurs ont dû faire face à une agression de grande ampleur. Que s'est-il passé ?

La nuit, pendant la grève, une voiture a délibérément percuté un bloc de béton placé devant l'entrée de l'usine, où se trouvaient nos militants.  Les occupants de la voiture sont sortis, ont recouru à la violence et ont menacé les travailleurs. Ils ont également tenté de pousser des travailleurs dans leur voiture, mais heureusement, ils n’y sont pas parvenus. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de blessés.  Inutile de vous dire que les travailleurs présents à l'entrée étaient choqués par ce qui s'était passé.

Le parquet enquête sur l'affaire, car soyons clairs : faire grève est un droit fondamental. Y porter atteinte, c'est porter atteinte à nos acquis démocratiques. Nous ne pouvons et ne voulons jamais accepter cela. Je fais d'ailleurs pleinement confiance à la justice pour prendre cette affaire au sérieux.