Le gouvernement Arizona attaque le monde du travail
Pourquoi faire grève le 29 avril ? Parce que le gouvernement Arizona se moque du monde du travail. On nous annonçait un pouvoir d’achat en hausse, et des améliorations pour les carrières des travailleurs et travailleuses. Mais rien de tout cela ne se concrétise.
Ce que les mesures du gouvernement Arizona nous réservent :
- La disparition complète des RCC (anciennes prépensions), sans tenir compte des métiers lourds
- Le droit à un emploi de fin de carrière passe de 25 à 35 ans.
- Malus de pension de 5% par année de départ anticipé avant 67 ans.
- Aucune marge pour une augmentation salariale.
- Encore plus de flexibilité dans le travail
Quel impact aura l’accord de gouvernement sur…
Vous n'êtes pas d'accord ?
Agissez MAINTENANT.
Ce n’est pas nouveau, depuis la crise sanitaire et la crise énergétique, il devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts, même lorsqu’on travaille. C’est pourquoi lorsque le gouvernement se vante d’agir pour le pouvoir d’achat des travailleurs, nous ne partageons pas du tout son enthousiasme. A quoi devons-nous réellement nous attendre ?
A la lecture des textes disponibles, nous ne pouvons que constater qu'il n'y a aucune garantie et que peu ou pas d'amélioration pour les deux prochaines années. L'accord de gouvernement de la coalition Arizona ne résout pas le problème du pouvoir de vivre des travailleurs, au contraire, il les enfonce encore un peu plus.
Marge salariale de 0%
Depuis des années, la FGTB se bat pour obtenir une révision de la loi de 96 sur les salaires. C’est désormais un fait, le gouvernement de l'Arizona ne la modifiera pas et il suivra l'avis du Conseil Central de l’Economie qui préconise une marge salariale de 0 % en 2025 et 2026. Cela signifie que pour les deux prochaines années, il ne sera pas possible de négocier des augmentations salariales brutes, que ce soit dans le cadre de l'Accord Interprofessionnel, au niveau des secteurs ou des entreprises.
Indexation : maintenue pour l’instant
Le gouvernement ne touchera pas à l'indexation automatique des salaires... pour l'instant. En effet, le gouvernement demande aux interlocuteurs sociaux de formuler un avis sur la modernisation de l'indexation. Il est évident que les employeurs et les syndicats ne partagent pas du tout la même vision et que s'ils ne parviennent pas à un accord, le gouvernement proposera sa propre version de la réforme de l'indexation... En clair, dès 2027, nous pouvons nous attendre à de nouvelles attaques contre notre système d’indexation automatique des salaires.
Que signifie l’indexation pour vous ? Trop souvent, les travailleurs associent l’indexation à une augmentation or, il s’agit de deux choses différentes. Grâce à l’indexation, lorsque les prix des produits augmentent, les salaires augmentent proportionnellement. Vous pouvez donc continuer à faire les mêmes achats avec votre salaire, mais vous ne gagnez pas plus !
Depuis le Covid-19, de nombreux travailleurs ont déjà du mal à joindre les deux bouts, mais le fait que le gouvernement qui avait promis plus de pouvoir d'achat annonce qu’il n’y aura pas de marge de négociation dès le premier jour de sa mandature et que le système d’indexation doit être modernisé laisse augurer le pire pour de nombreux travailleurs.
Sonia est une maman solo de trois enfants. Elle travaille dans les titres-services depuis plus de quinze ans. Un métier qu’elle apprécie mais qui l’empêche de vivre dignement : “ C’est très difficile de joindre les deux bouts. Tu ne peux pas te permettre le moindre écart. Quand je reçois mon salaire, je paie mes factures et avec ce qu’il me reste, on mange. Avec une marge salariale de 0%, nos salaires vont rester bloqués alors qu’ils sont déjà très bas. J’ai des collègues qui en arrivent à devoir choisir entre se soigner et pouvoir manger. J’ai également des collègues qui n’ont plus assez d’argent à la fin du mois pour payer leurs tickets de bus pour aller travailler. Vous imaginez ça ?”
Après une carrière bien remplie, vous vous imaginiez déjà finir en douceur, en prenant un emploi de fin de carrière, ou via le système des RCC, les anciennes prépensions… mauvaise nouvelle, vous pouvez oublier. Non seulement ce gouvernement veut nous faire travailler plus longtemps, mais en plus, on assite à la destruction programmée de tous les systèmes qui permettaient des fins de carrière plus humaines.
Le coup est dur pour les travailleurs qui avaient l’intention de prendre un RCC ou un emploi de fin de carrière. Le gouvernement, qui n’a jamais caché son intention de supprimer certains systèmes et de rendre les autres quasiment inaccessibles, passe à l’action et une fois de plus, les femmes sont particulièrement touchées.
Emplois de fin de carrière
Le gouvernement durcit immédiatement la condition de carrière pour les emplois de fin de carrière à partir de 55 ans. Pour rappel, ce système permet au travailleur de réduire sa carrière de 1/5e temps ou de ne plus prester qu'un mi-temps tout en bénéficiant d'une indemnité de l'Onem qui vient compléter son salaire à temps partiel.
Ce durcissement prive de nombreux travailleurs du droit aux indemnités en cas de diminution de prestation, ce qui constituera un obstacle à l'accès à l'une des seules mesures d'allègement de fin de carrière pour les travailleurs âgés. Les femmes risquent particulièrement d'être affectées par cette mesure.
Si vous souhaitez réduire vos prestations d'un cinquième ou d'un mi-temps jusqu'à l'âge de la retraite :
- La condition de carrière est portée de 25 à 30 ans en 2025 et augmentée progressivement jusqu'à 35 ans en 2030.
- En outre, chaque année de carrière doit compter 156 jours de travail effectif pour être prise en compte.
Systèmes de chômage avec complément d'entreprise (RCC)
D’emblée, le gouvernement Arizona a annoncé son intention de supprimer purement et simplement la possibilité de quitter le monde du travail plus tôt via les RCC.
Le gouvernement avait annoncé qu'après la date de l'accord de coalition, plus aucun entrant ne serait admis dans ces régimes, à l'exception du RCC médical et du RCC d'entreprise en restructuration pour les entreprises ayant annoncé leur intention de procéder à des licenciements collectifs avant la date de l'accord de coalition.
La pension anticipée
En ce qui concerne la retraite anticipée, il y aura une porte d’accès à partir de 60 ans après 42 années de carrière « effectives » (avec, chaque année, 234 jours de travail effectif). En raison des conditions préalables strictes, selon les estimations, à peine 3% des hommes et 1% des femmes pourraient utiliser cette possibilité et 6 travailleurs sur 10 devront de ce fait travailler au moins un an de plus.
Par ces mesures, le gouvernement Arizona a une attitude totalement irresponsable et méprisante vis-à-vis des travailleurs âgés. Dans les mesures annoncées, aucune ne tient compte de la pénibilité (métiers pénibles, etc.) ni de la soutenabilité pour les travailleurs.
Wim travaille depuis plus de 20 ans dans le secteur de la chimie en équipes. Il est responsable sécurité. Il souffre déjà de problèmes de santé et se demande comment il va tenir jusqu’au bout: “Lorsque j’ai pris ce travail, je savais que le travail de nuit et en équipes était très exigeant mais il y avait la possibilité de prendre sa prépension à 56 ans. Mais les règles ont changé plusieurs fois et maintenant, le gouvernement Arizona veut le repousser à 63 ans. Ce n'est pas réaliste. Et même les emplois de fin de carrière deviennent inaccessibles. Nous allons devoir ressortir le slogan « du travail à la tombe ». Le gouvernement doit s'attendre à une forte opposition face à ces mesures. C'est totalement inacceptable, surtout après avoir travaillé tant de nuits et après avoir mis notre santé en jeu.”
N’y allons pas par quatre chemins, les mesures du prochain gouvernement en matière de pensions sont un véritable carnage. Dans les 4 prochaines années, le gouvernement Arizona souhaite économiser pas moins de 2,4 milliards d’euros sur le dos des pensions, en plus d’une économie de plus de 1,6 milliard sur l’enveloppe bien-être pour la branche Pensions.
Pension anticipée : durcissement
6 travailleurs sur 10 devront travailler au moins un an de plus à la suite du durcissement de la pension anticipée. Les conditions d’accès seront compliquées et seules les années de travail effectif compteront pour composer la carrière.
Celles et ceux qui souhaiteront arrêter plus tôt que l’âge légal de la pension (66 ou 67 ans en 2030), verront leur pension réduite du malus de pension, une sanction financière, en cas de prise de pension avec moins de 35 ans de travail effectif (chaque fois 156 jours de travail effectif par an) et 7020 jours de travail effectif.
À partir de 2030, celui-ci sera de 4% par an, à partir de 2040, de 5% par an. Près de 3 personnes en retraite anticipée sur 10 n’arrivent pas actuellement aux 35 années de travail effectif.
Les travailleurs qui pensaient encore pouvoir partir à 60 ans après 42 ans de carrière devront prouver 234 jours de travail effectif par an.
À partir de 2027, une année de carrière sera prise en compte pour la retraite anticipée à partir de 6 mois prestés (ou assimilés) au lieu de 4 mois actuellement.
Un accident de la vie durant la carrière ? Moins de pension !
Les femmes sont particulièrement prises pour cible avec la mesure qui limitera les périodes assimilées (hormis les congés pour soins et périodes de maladie), à 20% de la carrière.
Le chômage temporaire n’est (presque) plus repris pour le travail effectif. Et la pension de survie (avant la première date de pension possible) est elle aussi supprimée.
Liaison au bien-être des pensions : coup de sabre dans le montant de la pension
Le gouvernement a décidé de 0% d’octroi de l’enveloppe bien-être pour toute la législature, y compris pour la branche pensions. Ce qui veut dire qu’il n’y aura aucune augmentation des pensions, sauf via l’indexation. De plus, celle-ci ne sera attribuée que le troisième mois suivant le dépassement de l’indice pivot.
En juillet 2029, la pension minimum sera de 6% inférieure à ce qu’elle aurait été à politique inchangée. De plus, le gouvernement annonce vouloir profondément réviser l’enveloppe bien-être dans le futur.
Luc Pieters pourra prendre sa retraite anticipée l’année prochaine, mais en tant que délégué, il se soucie de tous les travailleurs qui viendront après lui.
"Plus la retraite approche, plus les gens sont inquiets. Il y a ceux qui ont une longue carrière, mais qui apprennent qu'ils devront travailler une année de plus et il y a ceux qui ne sont pas sûrs du montant qu'ils recevront parce qu’ils ne remplissent pas toutes les conditions. Et il y a ceux qui sentent simplement qu'ils n’y arrivent plus, qu’ils doivent prendre leur retraite, mais qui sont pénalisés par ces mesures. Qu'en est-il de toutes ces femmes qui sont parfois restées à la maison pour s’occuper de leurs enfants ? Qu'en est-il des jeunes qui ont fait de longues études ? Quelles certitudes leur reste-t-il ?"
Début février, la première photo de groupe du gouvernement Arizona a été publiée. Elle est frappante : les quatre femmes ministres sont littéralement dans l'ombre de leurs collègues masculins. Cette photo illustre parfaitement le mépris l'aveuglement de ce gouvernement face à la réalité des femmes. En effet, ce gouvernement leur est particulièrement défavorable aux femmes !
Un « boys club » impose des mesures qui pèseront plus durement encore sur les femmes.
Quelques-unes des mesures proposées :
- Un emploi à temps partiel peut être inférieur à 1/3 d'un emploi à temps plein. Les femmes occupées à temps partiel seront par conséquent obligées de combiner plusieurs contrats pour parvenir à un revenu décent. 40% des femmes travaillent à temps partiel !
- Indemnités de protection limitées en cas de licenciement. Un employeur peut donc vous licencier à moindre coût lorsque vous êtes enceinte, par exemple.
- La pension minimum sera calculée sur base de prestations effectives : les femmes travaillant à temps partiel et ayant connu de longues périodes de maladie en seront victimes.
- Le montant de la pension sera réduit en sabrant dans les périodes assimilées... sachant que 39% de la carrière de pension des travailleuses est constituée de périodes assimilées (chômage temporaire, congé de maternité, périodes de congé pour soins par le biais d'un crédit-temps, etc.)
- Suppression des pensions de survie et de conjoint divorcé, alors qu'environ 95 % des bénéficiaires de pensions de survie sont des femmes.
- Réintégration plus rapide en cas de maladie de longue durée : 60 % des malades de longue durée sont des femmes. Nombreuses sont celles qui seront contraintes de reprendre le travail plus tôt, même si elles ne sont pas encore prêtes.
- Règles d'accès aux emplois de fin de carrière plus strictes : seulement après 35 ans de carrière ! En tant que femme, il est déjà moins facile d'accéder à un emploi de fin de carrière, étant donné que les conditions actuelles sont déjà basées sur des carrières masculines dans des secteurs principalement industriels. Près de la moitié des femmes qui partent aujourd'hui à la retraite à l'âge de 65 ans n'ont pas une carrière de 35 ans.
Par conséquent, cette stratégie d’austérité irréfléchie appliquée par ce « boys club » de l'Arizona sera un véritable désastre pour les femmes. Ce sont elles qui paieront le prix fort de ce gouvernement. Cette focalisation aveugle sur le travail et les économies rendra la situation de plus en plus compliquée pour les femmes.
Jennifer travaille depuis 26 ans à temps partiel. Aujourd’hui, avec ces nouvelles mesures imposées par l’Arizona, elle se sent dupée : “ En 26 ans de travail à temps partiel, je n’ai jamais eu la moindre proposition de temps plein. L’argument des employeurs est toujours le même, c’est mieux pour une femme, ça permet de combiner la vie familiale et professionnelle... C’est de l’hypocrisie pure et aujourd’hui, nous, les femmes occupées à temps partiel, nous allons payer le prix fort.”
L’accord du gouvernement fédéral prévoit une plus grande flexibilité sur le marché du travail, à l’avantage des employeurs. La protection sociale des travailleurs est progressivement réduite et les accords négociés collectivement (CCT) régissant entre autres l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des travailleurs risquent d’être remplacés par des accords individuels déséquilibrés conclus entre employeurs et travailleurs.
Heures supplémentaires
Augmentation de la durée du travail et rendre les heures supplémentaires moins chères :
- Annualisation du temps de travail : l’employeur pourra vous faire travailler plus pendant les périodes chargées et moins pendant les périodes creuses ; éventuellement sans supplément ni récupération, sans encadrement syndical, selon le bon-vouloir de l’employeur.
- Elargissement des heures supplémentaires avantageuses (sans contrôle syndical): 180 heures supplémentaires exemptées d’impôts pour tous + 360 heures supplémentaires pour tous, dont 240 heures sans sursalaire.
- Contrats à temps partiel : fin de l’obligation d’avoir 1/3 d’un emploi à temps plein.
Augmentation du travail de nuit
- Suppression de l’interdiction du travail de nuit, les employeurs pourront instaurer plus facilement du travail de nuit via une modification du règlement de travail.
- Début du travail de nuit à minuit et non plus à 20h, ce qui entraîne une perte du supplément pour le travail du soir dans bon nombre de secteurs.
Plus de travail intérimaire, de jobs d’étudiant et de flexi-jobs :
- Elargissement du prêt de personnel à d’autres employeurs.
- Le travail d’étudiant passe à 650 heures par an et à partir de 15 ans.
- Elargissement des flexi-jobs à l’ensemble des secteurs, sans disposition claire pour contrôler les abus. Les travailleurs à temps plein peuvent exercer un flexi-job dans leur propre entreprise, ce qui ouvre la porte aux abus et à l’augmentation des prestations supplémentaires.
Licenciement et préavis :
- Délais de préavis raccourcis et révision de la protection contre le licenciement : le licenciement par l’employeur devient moins cher.
- Réintroduction de la période d’essai de six mois, avec des possibilités en matière de préavis raccourcis dès 2026.
L’accroissement de la flexibilité, et particulièrement au niveau du temps de travail, ouvre la porte au travail bon marché sans aucune disposition de contrôle ni possibilité d’ajustement. L’accord de gouvernement représente, dans le fond, une évolution vers un marché du travail moins réglementé collectivement, donnant une marge de manœuvre et une autorité plus importante aux employeurs et mettant les travailleurs, les syndicats et les instances publiques compétentes parfois à l’écart.
Serge est un papa solo et s'inquiète très fortement de la mesure relative aux heures supplémentaires. Un véritable cadeau pour les employeurs et un désastre pour les travailleurs. Avec ces mesures, on va encore demander davantage d'heures sup' à ceux qui occupent un poste clef. Comment tu feras pour organiser ta vie familiale ? Et si tu es une famille monoparentale, que tu n'as personne pour t'aider au pied levé ? Nous devons nous opposer à ce gouvernement !