S’enrichir sur le dos des travailleuses

Sympa l’entreprise Trixxo, elle se bat pour instaurer une réduction collective du temps de travail (RCTT). Une nouvelle à priori positive pour les 6.500 travailleuses sauf qu’il s’agit d’un détournement d’un système existant en vue d’accroitre les bénéfices du groupe. Plus grave: cette RCTT risque de fragiliser des aide-ménagères déjà en situation précaire. C’est pourquoi la Centrale Générale - FGTB a tiré la sonnette d’alarme. Sébastien Dupanloup, secrétaire fédéral en charge du secteur des titres-services, nous explique. 

Pourquoi cette RCTT n’est-elle pas bénéfique pour les travailleuses ?  

Le nouveau contrat proposé par l’employeur sentait l’arnaque à plein nez ! Etant donné la concurrence dans le secteur, il était à la recherche d’autres moyens afin de pouvoir garder son personnel sans réellement augmenter leur salaire brut… Et le moyen qu’il a trouvé, c’est l’instauration d’une RCTT «théorique» pour ses travailleuses, de 38 à 35 heures par semaine. Pourquoi théorique ? Car la plupart des aide-ménagères travaillent à peine 30 heures par semaine et que l’employeur ne veut pas appliquer la péréquation salariale. C’est tout bénéfice pour l’employeur pour qui l’opération permettrait de profiter des réductions de cotisations à l’ONSS de 400 € par travailleur et par trimestre. Si on fait les comptes… 5000 ouvriers lui rapporteraient la coquette somme de 72 millions d’euros, aux dépens de la collectivité. Ce n’est pas l’esprit de la RCTT.

Quel danger pour les travailleuses ? 

L’employeur a vendu son produit en promettant une augmentation des chèques-repas aux travailleuses qui acceptent son offre, mais c’est de la poudre aux yeux. Certes la valeur du chèque-repas augmente légèrement mais il oublie de signaler qu’il change également la méthode d’attribution des chèques et que des travailleuses devront prester deux jours de travail pour bénéficier d’un chèque.  Il y aura clairement un impact pour les travailleuses qui perçoivent un complément de chômage, pour les mères célibataires, une incidence sur la pension. 
Au final, on estime la perte potentielle pour un salaire théorique entre 87 et 109€.

Comment avez-vous pu alerter rapidement les travailleuses ?

Nous avons profité de notre page Facebook FGTB Titres-services pour rapidement informer les travailleuses du secteur. Nous les avons encouragées à ne pas signer le nouveau contrat proposé par l’employeur et à se rendre avec ce document auprès de leur déléguée ou de leur section. Le message a très vite percolé, au grand dam de l’employeur. 

Je salue le travail des déléguées dans les CE. Car c’est grâce à leur réactivité que nous avons été alertés de la manigance de Trixxo. 

Quand on parle de RCTT les employeurs crient aux fous en disant que les syndicats sont insensés mais on constate que quand c’est pour se faire de l’argent sur le dos de la sécurité sociale et des travailleurs, certains n’hésitent pas à franchir ce pas. …