Un ouvrier ukrainien chute et décède sur le chantier du Grand Hôpital de Charleroi

Le lundi 27 septembre, deux ouvriers de la construction sont tombés d’un échafaudage sur le chantier du nouveau site du Grand Hôpital de Charleroi (GHdC) à Gilly. L’un d’eux a perdu la vie alors que son collègue est grièvement blessé. Ces deux travailleurs ukrainiens travaillaient pour une société polonaise elle-même sous-traitante d'un sous-traitant néerlandais de Jan De Nul. Les circonstances exactes de ce dramatique accident ne sont pas encore connues. 

« C’est un choc. Lundi dernier, les deux ouvriers plaçaient des solins sous les fenêtres à 6-7 mètres avant leur chute. En tant que syndicat, nous n’avons été informés que mercredi de l’accident par un journaliste et nous n’avons pu nous rendre sur place que le vendredi, soit 4 jours après les faits ! » s’indigne Carlo Briscolini, permanent de la FGTB Charleroi. « Notre visite sur les lieux n’a pas permis d’y voir clair sur les circonstances mais nous nous posons vraiment des questions quant aux mesure de sécurité sur le chantier. Toutes les mesures ont-elles été respectées et comprises ? L’équipement était-il suffisamment adéquat ? De plus, nous regrettons que tous les délégués actifs sur les lieux n’aient pas été mis au courant de l’accident !  »

Environ 200 travailleurs sont à pied d’œuvre depuis plus d’un an et le chantier est fragmenté en différents lots. Deux grandes entreprises chapeautent ce gigantesque projet (Franki et Jan De Nul) mais sous-traitent à tout va. Au final, peu de personnel de ces entreprises s’affaire sur place, à l’exception des responsables et de quelques ouvriers belges. Les autres sont des sous-traitants détachés originaires de Pologne, Roumanie, Portugal, Ukraine…. 

Dumping social : vigilance

« Nous sommes dans une situation de sous-traitance à deux niveaux, ce qui est toléré par la loi. Mais en tant que syndicat, nous sommes particulièrement attentifs à la situation et combattons le dumping social. Nous avons d’ailleurs déjà rencontré des problèmes en la matière sur ce chantier où les responsables font preuve de peu de transparence concernant les travailleurs détachés. »

Et se pose naturellement la question de la sécurité sur le chantier où de nombreuses nationalités se côtoient au quotidien. Des mesures sont mises en place mais elles ne sont pas déclinées dans toutes les langues. Et tous les travailleurs ne parlent pas anglais et encore moins le français. 

« Pour nous, il est indispensable que les responsables du chantier puissent communiquer avec tous les ouvriers. Ils doivent parvenir à se coordonner malgré leurs différences de langues et de lots. Suite aux récents événements, nous avons obtenu que deux ouvriers de l’entreprise en charge des échafaudages restent sur les lieux pour assurer la maintenance de l’outil. Quoi qu’il en soit, avec la sous-traitance, nous avons l’impression de voir sans cesse se répéter la même histoire. La problématique du dumping social, les salaires justes, le respect des conditions de travail. Il est grand temps de montrer à ceux qui profitent du dumping social, à ceux qui exploitent les travailleurs, que leurs actes sont punissables par la loi. Nous restons vigilants. » déclare Carlo.