12 milliards de cadeaux aux entreprises, où sont les emplois ?

Les entreprises perçoivent des cadeaux pour un total de 12 milliards. Et tout cela sans la moindre obligation de créer des emplois. Mais pour les patrons, ce n’est pas encore assez.

Pour les entreprises, les cadeaux pleuvent: diminution des cotisations à l’ONSS, non versement d’une partie du précompte professionnel, réductions diverses de cotisations pour les groupes cibles. Des cadeaux pour un total de 12 milliards, sans compter le saut d’index ni le gel des salaires. Et tout cela sans la moindre obligation de créer des emplois. Mais pour les patrons, ce n’est pas assez, ils continuent de se plaindre que le travail coûte trop cher en Belgique. Pour la Centrale Générale-FGTB, il est urgent de rétablir la vérité. C’est ce qu’elle fait notamment en informant ses délégués au Conseil d’Entreprise lors de journées d’études. 

12 milliards de cadeaux. C’est la bagatelle que les entreprises engrangent au travers d’une longue liste de mesures avantageuses pour les patrons. On parle de cadeaux parce qu’effectivement,  les employeurs bénéficient de ces aides sans la moindre contrepartie ni la moindre obligation en matière d’emploi. 

Des patrons plutôt discrets

La liste des mesures avantageuses est longue. Sur autravail.be, on en recense plus de 120 ! Malheureusement, les patrons ne sont pas très bavards à ce propos et lorsqu’ils parlent du coût de la main-d’œuvre, ils oublient toujours de parler des réductions dont ils bénéficient. Pourtant, cette information, ils sont supposés la remettre à vos délégués au sein du Conseil d’Entreprise. Une information essentielle pour avoir le reflet fidèle de la réalité. Cette information permet aussi de savoir si des emplois ont été créés grâce à ces diminutions – ce qui est rarement le cas - et surtout, de savoir ce que font les entreprises avec ces gains. Car force est de constater que ce système ne crée pas d’emplois, il sert uniquement à subsidier les bénéfices des actionnaires.

Je suis tellement choquée. On donne des cadeaux aux employeurs sur le dos des travailleurs. Et on ne voit rien sur notre fiche de paie. Le plus grave, c’est justement ce côté caché des cadeaux aux entreprises. (Béatrice Schwind, déléguée dans les titres-services)

Effets pervers

En outre, toutes ces aides ont parfois des effets pervers. C’est notamment le cas des aides dont les entreprises bénéficient pour le travail en équipe et de nuit. Prenons l’exemple révélateur des blanchisseries. Il y a 10 ans de cela, le travail de nuit n’existait pratiquement pas dans le secteur. Aujourd’hui, à cause des réductions dont les employeurs bénéficient sur le travail en équipe et de nuit, ce type de travail prend de l’ampleur. Pour les patrons, c’est le double jackpot puisque d’une part, les machines tournent plus longtemps et d’autre part le coût salarial est moins élevé.

Si on continue comme ça, bientôt toutes les entreprises vont nous faire travailler la nuit. Nous devons réagir et penser à l’avenir de nos enfants. (Beccet Oztekin, délégué dans le nettoyage)

Pour une fiscalité juste

La question des cadeaux aux entreprises est essentielle alors que les négociations au sein des secteurs démarrent et que les employeurs ont clairement annoncé leur intention de se faire offrir le tax shift par le gouvernement. Soi-disant pour créer des emplois, mais toujours pas question d’y associer la moindre obligation d’emplois.

Pour la Centrale Générale-FGTB, il est grand temps de mettre en œuvre une fiscalité juste et courageuse, qui ira enfin prendre l’argent là où il se trouve et qui permettra au pays de repartir sur des bases plus saines. Et que l’on ne nous dise pas que c’est impossible, l’Autriche vient juste de choisir cette option par le biais d’un tax shift de 5 milliards d’euros qui fait payer aux plus riches et qui donne aux plus bas revenus. C’est quand même pas si compliqué que ça !

Notre dossier Cadeaux aux entreprises