Syndicats belges et brésiliens unis contre les dérives de la mondialisation

Il est essentiel de nouer des relations avec les syndicats à travers le monde afin de lutter contre les dérives de la mondialisation. Les travailleurs brésiliens sont victimes de cette exploitation.

La solidarité ne peut se limiter à nos frontières. Pour notre centrale, il est essentiel de nouer des relations avec les syndicats à travers le monde afin de lutter contre les dérives de la mondialisation et l’incessante recherche du moindre coût qu’elle engendre. Les travailleurs brésiliens font partie des victimes de cette exploitation. Notre centrale soutient des syndicats du Brésil afin qu’ils puissent mieux s’organiser pour faire face aux entreprises.

La solidarité internationale est un des piliers de notre syndicat. Ainsi, nous réclamons le respect des libertés syndicales, un travail décent pour tous, et nous nous soucions des questions de santé et de sécurité au travail. C’est dans cette optique que nous avons accueilli des syndicalistes brésiliens dans nos locaux pour une journée d’étude axée sur la santé et la sécurité. Actifs dans le secteur du papier, ils ont rencontré une quarantaine de délégués belges issus de ce même secteur.

25 ans, victime de maladies professionnelles

Depuis 2010, notre centrale collabore avec Solidarité Socialiste afin de soutenir la formation de leaders syndicaux brésiliens actifs dans la production du papier et de cellulose. Au Brésil, les conditions de travail sont désolantes. Silvânio et Sapão, respectivement dirigeants syndicaux de SINTREXBEM et de SINTICEL en ont témoigné.

« 600 travailleurs et 2000 sous-traitants sont engagés au sein de notre entreprise. La sous-traitance en cascade déresponsabilise les entreprises et précarise les relations de travail. Le travail d’organisation syndicale est difficile car les travailleurs sont absorbés par la vie de travail écrasante», déclare Sapão. Alors que Silvânio met l’accent sur l’état de santé des travailleurs : « Des jeunes de 25 ans sont invalides suite à des maladies professionnelles, des troubles musculo squelettiques et des lésions au niveau des épaules. Mais les entreprises ne veulent pourtant pas reconnaitre ».

Le combat des travailleurs brésiliens est aussi le nôtre

La mondialisation fait des ravages. La lutte des travailleurs d’Afrique, d’Amérique latine pour de meilleures conditions de travail, pour une augmentation du pouvoir d’achat, des législations sociales respectueuses des individus, des soins de santé dignes de ce nom, est une des meilleures façons pour y faire obstacle.

Soutenir les travailleurs des pays du Sud à créer ou à renforcer leurs propres organisations syndicales contribue à améliorer les rapports de force et les conditions des travailleurs du Nord. Les camarades brésiliens abondent dans ce sens : « Pour défendre la santé et la dignité des travailleurs face à la voracité du capital nous avons tout intérêt à travailler ensemble, d’une part entre syndicats au Brésil, mais également avec les syndicats de Belgique et d’ailleurs. Notre tâche est immense » déclare Sapão.

Cette journée d’étude a le mérite d’avoir boosté les syndicalistes brésiliens. Silvânio s’est réjoui de cette rencontre : « Je reste très impressionné par la capacité de la Centrale Générale - FGTB d’avoir des bons délégués sur le terrain et des représentants syndicaux qui maitrisent si bien la réalité des travailleurs, cette mission me donne encore plus de motivation pour continuer mon travail à Bahia ».

Les pays du Sud s’accaparent le marché de la pâte à papier mais à quel prix pour les travailleurs ?

Toute la croissance du marché de pâte à papier est accaparée par les pays du Sud, Brésil en tête. Une des raisons principales: les coûts de production imbattables dont bénéficient les industriels de l’hémisphère sud. Ce résultat est dû en partie aux excellentes conditions climatiques de ce pays tropical pour la croissance des eucalyptus. Il faut savoir qu’au Brésil, 1 eucalyptus pousse tous les 6 ans. Les papetiers finlandais pour reprendre leur exemple doivent attendre 30 à 45 ans pour couper les arbres qui leur sont nécessaires. Quand on sait que le bois pèse pour près de la moitié du coût total de la production de pâte à papier, la tendance du marché est tracée.

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Catastrophe écologique au Brésil - une coulée de boue de résidus miniers détruit tout sur son passage

Le 5 novembre, l’entreprise minière Samarco, qui appartient à l’entreprise brésilienne Vale et à BHP Billiton, a été la scène de l’une des pires tragédies minières de l’histoire du Brésil. La rupture d’un barrage contenant des résidus a libéré une énorme coulée de boue toxique qui a inondé la vallée en tuant une dizaine de personnes et en blessant de nombreuses autres, une dizaine de personnes sont portés disparus et il n’y a plus d’espoir de leur retrouver en vie. On estime que 500 personnes ont été déplacées de leurs foyers. Plus de 600 des plus de 900 kilomètres d’extension du fleuve « doux », le Rio Doce, ont été détruits. Les ONG estiment à plus de 800.000 le nombre de personnes touchées par cette tragédie. Des villes entières sont affectées par le manque d’eau et la pollution.

La notion d’accident naturel est largement exploitée par les médias et véhiculée par l’entreprise. Mais pour Beto Loureiro, coordinateur de l’ONG FASE-ES, partenaire de Solidarité Socialiste au Brésil, « dire que c’est un accident c’est comme si un accident de voiture avec une personnes qui ne respecte pas les limitations de vitesse ou l’usage de l’alcool était un simple accident, non, ici il y a de la négligence ».

La boue et les résidus miniers se sont déversés dans la rivière Doce, qui est une source d’eau potable au sud-est du Brésil. De ce fait, les autorités municipales ont interdit la consommation humaine de l’eau de la rivière.

Lire l'interview des syndicalistes brésiliens réalisée par Solsoc