Dumping social - L’exploitation humaine, encore et toujours

Des travailleurs étrangers, instrumentalisés et exploités alors que des travailleurs de Belgique se retrouvent au chômage économique ou perdent leur emploi. Ca devient intenable sur le terrain. 

Les ravages du dumping social ne sont plus à prouver. Des travailleurs étrangers, instrumentalisés et exploités chez nous tandis que des travailleurs de Belgique se retrouvent au chômage économique ou perdent leur emploi. Une situation qui devient intenable sur le terrain. C’est ce qu’attestent nos sections régionales. Régulièrement, elles tirent la sonnette d’alarme et dénoncent des abus. Récemment encore, nos sections de Liège, Charleroi et Anvers ont été amenées à agir sur le terrain.

Quand on parle de dumping social, on pense immédiatement au secteur de la construction, mais c’est loin d’être le seul secteur impacté. Le nettoyage ou le transport paient eux aussi un lourd tribu. En outre, le dumping social peut prendre des formes diverses. Le cas le plus connu est celui du travailleur portugais, payé 5 ou 6 euros de l’heure, qui vient travailler via un sous-traitant sur un gros chantier en Belgique durant six mois et qui rentre ensuite au pays. Inutile de préciser que l’employeur ne paie pour ce travailleur aucune sécurité sociale et que les conditions de travail sont souvent scandaleuses, à la limite de l’esclavagisme.

Responsabiliser les communes

Aussi surprenant cela puisse paraitre, les communes belges profitent souvent du dumping social lorsqu’elles lancent un appel d’offre et qu’elles prennent pour seul critère le prix le plus bas. C’est cette situation que la FGTB Construction d’Anvers, avec le sp.a, ont tenté de dénoncer via une action. Ce qu’ils demandent, c’est une charte communale contre le dumping social. Aussi longtemps que seule la loi du moins offrant sera prise en compte, il y aura du dumping social. Plusieurs communes ont déjà signé une telle charte, c’est le cas par exemple à Herstal. Les communes signataires s’engagent à exclure les offres anormalement basses et à travailler avec des entrepreneurs ou des sous-traitants qui respectent les lois sociales et les CCT en vigueur en Belgique. C’est incontestablement un pas dans la bonne direction.

Travailleurs désespérés

Le cas révélé la semaine dernière par notre régionale de Charleroi est très révélateur de ce que vivent aussi les travailleurs étrangers. 7 travailleurs égyptiens n’ont trouvé d’autre alternative que de se retrancher en haut d’une grue, au beau milieu du chantier Rive Gauche. Un véritable cri de détresse de 25 travailleurs dont le contrat vient bientôt à échéance et dont l’employeur, une société italienne, les paye depuis 6 mois uniquement avec des avances sur salaire. Pour Sébastien Dupanloup, responsable syndical pour la Centrale Générale-FGTB de Charleroi, c’est l’écœurement : « Le sous-traitant, Edile, et le donneur d’ordre, la société Valence-Duchêne, se lancent mutuellement la balle et les travailleurs, ils subissent. Ce qui me choque le plus, c’est que pour une société comme Valence-Duchêne, avancer 500.000€, ce n’est pas la mer à boire. Pour moi, ça veut clairement dire qu’elle considère que son image de marque ne vaut pas 500.000 €. Suite à l’intervention de notre centrale, la situation est en passe de se régler. »  

Et la société Edile fait encore parler d’elle mais à Liège cette fois où une centaine de travailleurs indiens, pakistanais ou roumains étaient occupés pour le gros œuvre du grand hôpital de Glain. Là, ce sont des problèmes graves de malfaçons qui ont conduit le consortium d’entreprises belges à casser le contrat. Avec comme conséquence que les travailleurs belges mis en chômage économique ont été rappelés en urgence pour réparer les erreurs des autres. Ca aussi, c’est le dumping social.

Les politiques doivent prendre leurs responsabilités

Pour la Centrale Générale-FGTB, il est grand temps que nos politiques prennent leurs responsabilités et qu’ils encadrent mieux le détachement de travailleurs étrangers en Belgique. Avec des contrôles renforcés sur le terrain. Mais nos responsables ont du mal à comprendre l’urgence de la situation. C’est dans ce contexte qu’un colloque sur le dumping social a été organisé avec le PS et le sp.a. de nombreux militants étaient eux aussi présents. L’occasion pour les politiciens d’entendre les situations réellement vécues par les travailleurs mais aussi de mieux comprendre les besoins pour sortir de l’impasse.