Le sort des travailleurs de Durobor suspendu à un fil

La gobleterie Durobor (Soignies) est à la recherche d'un repreneur dans l'espoir d'éviter la faillite. Sans solution avant le 30 juin, l'industrie verrière belge perdra un de ses derniers fleurons.

L’attente est infernale pour les 210 travailleurs de la gobeleterie Durobor. L’entreprise sonégienne a été mise en Procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) le temps de trouver un repreneur et dans l’espoir d’éviter la faillite. Mais le sursis est de courte durée, si aucune solution n’est trouvée avant le 30 juin, les travailleurs resteront sur le carreau et l’industrie verrière belge perdra un de ses derniers fleurons.

Ils s’appellent Salvatore, Eric et Rosette, tous trois travaillent depuis de nombreuses années chez Durobor. Ils sont aussi délégués pour la Centrale Générale – FGTB. Cette entreprise, c’est leur vie et sortir des produits de qualité, c’est leur fierté. Pour eux comme pour leurs collègues, c’est une terrible course contre la montre qui a commencé.

Manque d’informations

La Sogepa (un bras financier de la région wallonne) est l’actuelle propriétaire de l’entreprise. Et même si deux managers ont récemment été affectés dans l’entreprise pour évaluer tant l’aspect commercial que l’aspect technique de l’entreprise, très peu d’’informations circulent.
Et ce manque d’informations inquiète fortement les travailleurs. D’autant plus que désormais, tout se fait en ayant l’échéance du 30 juin comme date butoir. Il faut commander des gants ou du nouveau matériel ? Si le délais de livraison va au-delà du 30 juin, on ne commande pas. La Sogepa avance aujourd’hui l’argent pour les dépenses quotidiennes et les salaires des travailleurs, mais elle ne va pas au-delà.

Une situation très pénible, comme nous l’explique Salvatore : « Pour le moment, il y a beaucoup de questions et très peu de réponses. Certains travailleurs nous sonnent tous les jours pour savoir s’il y a du nouveau. Et on les comprend. Nos travailleurs ont une grande expertise, mais ciblée dans le domaine du verre».

Les travailleurs ont déjà tout donné

Les travailleurs ont déjà vécu en 2012 une grosse restructuration. Outre les pertes d’emplois, ils ont subi une baisse de salaire de 19%. Le tout sans un seul jour grève. Ils ont fait passer leur entreprise avant tout le reste.

Pour Eric, on ne peut pas dire aux travailleurs que leurs efforts n’ont servis à rien : « Ils ont déjà tout donné, toutes les dépenses ont déjà été réduites de manière drastique». Aujourd’hui, la situation est telle qu’une seule personne fait le travail de 4. Il n’est plus possible de licencier.
Rosette nous explique que les travailleurs se sentent sur un fil : «Je connais des travailleurs qui n’osent même pas s’absenter pour cause de maladie, ils ont peur que cela joue en leur défaveur. Une travailleuse brulée au 3e degré voulait continuer à travailler».

Pour Michel Martelez, secrétaire régional pour la région du Centre, il faut du sérieux: « On ne veut plus d’un emplâtre sur une jambe de bois. Les gens sont depuis trop longtemps dans l’incertitude. Ils ont besoin d’un vrai projet industriel, ils ont besoin d’y croire. Les travailleurs ont peur de demain. Ils ne savent plus faire le moindre projet ».

Salvatore résume très bien la volonté et la détermination des travailleur : « Nous aimerions qu’on parle encore de nous dans 100 ans. Même si le travail est difficile, on se dit tous pourvu que ça continue ». C’est ce que nous leur souhaitons.