Construire des droits syndicaux en Colombie

La Centrale Générale – FGTB d’Anvers soutient, en collaboration avec le FOS, l’organisation Nord-Sud du mouvement socialiste en Flandres, trois projets syndicaux en Colombie. En mai, Joke Dupont, secrétaire syndicale et Rudy Sohier, coordinateur de projet, se sont rendus sur place afin de rencontrer nos partenaires colombiens et de définir avec eux les priorités pour les années à venir. 

Pourquoi soutenez-vous des projets en Colombie?

Joke: Pour nous, la solidarité internationale est essentielle. En Belgique, nous avons un système de droits sociaux relativement bien structuré et les syndicats sont reconnus. Ce qui est loin d’être le cas partout dans le monde. Dans certains pays, les employeurs ont le champ libre et les travailleurs n’ont peu ou pas de droits. Nous voulons soutenir les syndicats locaux et les aider à construire un contre-pouvoir. Et en fin de compte, ça bénéficie à tout le monde.

Concrètement, sur quoi porte votre soutien?

Joke: Depuis 2005, nous investissons 5 euro cents de chaque cotisation de nos affiliés dans nos projets internationaux qui visent à renforcer les structures syndicales locales et ce en collaboration avec les autorités belges qui contrôlent si tous les moyens sont utilisés à bon escient.

Quel était l’objectif de votre voyage?

Joke: Nous pensons que les gens sur place sont les mieux placés pour définir leurs besoins. Nous en avons discuté avec eux et nous avons regardé de quelle manière nous pouvions les soutenir au mieux. Nous avons élaboré pour chaque projet un plan d’un an.

Pouvez-vous comparer la situation en Colombie avec celle de la Belgique?

Joke: En Colombie il existe un système de sécurité sociale. Mais dans la pratique, peu de gens y ont accès, souvent parce que les employeurs ne paient pas les cotisations. Les syndicats y sont reconnus et peuvent conclure des conventions collectives de travail. Mais même ces droits sont souvent bafoués. Les leaders syndicaux sont mis sous pression et parfois même menacé de mort.

La situation ne s’est-elle pas améliorée depuis l’accord de paix?

Joke: Un accord de paix a effectivement été conclu entre le gouvernement colombien et les rebelles du Farc. Mais les bases du conflit sont toujours là: les injustices sociales. Et il y a toujours la violence des organisations paramilitaires.

Lors de votre voyage, avez-vous vous-même été victime de cette violence?

Joke: En effet. Un de nos partenaires a utilisé une ambulance pour nos déplacements au lieu d’un simple bus, afin que nous soyons moins exposés. Et suite à une interview donnée pour une radio locale, l’accès à une série de plantations nous a été refusé et un de nos partenaires locaux a même reçu des menaces téléphoniques.

Que retiendrez-vous de ce voyage pour votre travail syndical quotidien?

Joke : J’ai un respect incroyable pour les militants colombiens qui risquent leur propre vie pour aider leurs collègues. C’est à la fois inspirant et motivant. En outre, je constate que le paysage syndical en Colombie est encore très fragmenté. Il y a beaucoup de petits syndicats et d’organisations qui ne collaborent pas toujours, comme chez nous il y a 100 ans de cela. Nous sommes parvenus à construire une structure et une unité. C’est très précieux.

3 projets:

 

Sintraimagra

 

Sintraimagra est un syndicat actif dans un certain nombre de secteurs industriels mais aussi pour le personnel domestique. Le projet met surtout l’accent sur les travailleuses domestiques occupées la plupart du temps dans des conditions pénibles: des journées de travail de plus de 8 heures, pas de droits sociaux et bien souvent payées sous le salaire minimum.

 

Coiso

 

Il s’agit d’une organisation coupole qui dispense aux travailleurs des formations sur la santé et la sécurité au travail. Ce projet met l’accent sur la mise en place d’un plan d’action en faveur de l’égalité homme- femme.

 

Fensuagro

 

Fensuagro est un syndicat actif dans le secteur de l’industrie agro-alimentaire. Il est essentiellement actif dans les zones rurales et rassemble de petits agriculteurs sans terre et des ouvriers agricoles. L’objectif de ce projet est de construire une grande plate-forme inter syndicale qui réunit tous les syndicats de l’industrie agro-alimentaire afin d’exercer un maximum de pression sur le monde politique.

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