Première grève dans l’histoire de Recticel

Chez Recticel, une entreprise chimique de Wetteren, les ouvriers et les employés ont manifesté ensemble pour une augmentation salariale. Avec succès. Interview de deux délégués.

Chez Recticel, une entreprise chimique de Wetteren, les ouvriers et les employés ont manifesté ensemble pour une augmentation salariale. Avec succès. Nous avons interviewé Dirk Van de Velde, délégué de la Centrale Générale – FGTB, et Dominique Langaskens, délégué SETCa.

Quelles étaient vos principales revendications?

Dirk: Nous voulions surtout une augmentation salariale et une diminution de notre durée de travail.

Dominique: Pour la première fois, nous avons déposé un cahier de revendications commun pour les ouvriers et les employés. Nous voulions faire bloc devant l’employeur. Mais lui ne voulait pas négocier de la sorte.

Dirk: C’est clair. L’ambiance était déjà très tendue avant même le début des négociations.,

Comment se sont déroulées les négociations?

Dominique: D’entrée de jeu, l’employeur nous a annoncé qu’il y avait peu de marge pour les négociations. En ce qui concerne la diminution du temps de travail, il ne voulait même pas en parler. Pour le pouvoir d’achat aussi la marge était très faible.

Dirk: Nous demandions une augmentation du salaire horaire de 35 cents. Dans un premier temps, l’employeur proposait une augmentation de 19 cents. En fin de compte, après quelques actions « coup de poing », il est revenu avec une proposition de 27 cents. Ce qui nous semblait encore trop faible.

Les négociations ont donc été gelées?

Dirk: En effet, nous étions dans une impasse. L’employeur a donc décidé de présenter sa propre proposition aux travailleurs. Il a bien sûr expliqué la situation de son point de vue en mettant l’accent sur les coûts et non pas sur les gains.

Dominique: Mais nous avons bien entendu informé les travailleurs nous aussi. Sur les gains importants qui ont été réalisés l’année dernière et le fait que nous n’en demandions qu’une fraction, sur les 7% d’augmentation des salaires de la direction, sur l’augmentation de la productivité de 6%,… Avec succès. La proposition patronale a été rejetée à plus de 70%.

Ce qui vous a mis en position de force?

Dirk: Oui. Nous avions le sentiment d’être soutenu sur le terrain mais nous étions agréablement surpris par la volonté massive d’agir. La charge de travail a énormément augmenté tout comme la flexibilité. Et l’employeur ne voulait rien lâcher en retour. Hors de question pour les travailleurs !

Dominique: Le lendemain, nous avons tenu un piquet devant l’entrée. Pour la première fois depuis la naissance de Recticel. Ouvriers et employés main dans la main. Nous avons fait grève pendant 3 jours avec un piquet toujours bien garni. C’était une bonne chose. L’employeur nous a alors rappelés à la table de négociation.

Comment les négociations se sont-elles alors déroulées?

Dominique: L’ambiance était totalement différente. L’employeur a été impressionné par la solidarité et la volonté d’agir des travailleurs. Il s’est rendu compte que le syndicat disait vrai et que nous avions bien le soutien des travailleurs. Il ne s’attendait pas à cette grève et n’avait pas de plan B.

Dirk: Nous avons finalement trouvé un accord pour une augmentation salariale de 27 cents en 2017, et ce dès le 1er janvier. Et une nouvelle augmentation de 8 cents est convenue pour 2018. 83% des travailleurs ont validé cet accord.

Quelle est la morale de l’histoire?

Dirk: Qu’ensemble, on est plus forts.

Dominique: Que l’action paie lorsque les discussions n’aboutissent pas !