Palestine: Ouvrez vos yeux, vos oreilles et ouvrez votre bouche quand vous serez rentrés chez vous

Une délégation de la Centrale Générale - FGTB s’est rendue en Palestine pour une voyage d’immersion. A leur retour, les participants étaient unanimes: on ne revient pas indemne d’un tel déplacement.

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Début novembre, une délégation de la Centrale Générale - FGTB s’est rendue en Palestine pour une voyage d’immersion d’une semaine. Les participants nourrissaient deux grands objectifs. Le premier était de rencontrer les acteurs du projet de soutien destiné aux travailleurs du secteur des carrières. Ce projet vise à améliorer les conditions de sécurité et à informer les travailleurs de leurs droits. Le deuxième objectif était plus global à savoir se rendre compte de l’état des choses sur le terrain : l’impact de l’occupation et du Mur dans différents villes et villages, la situation des réfugiés, des jeunes et des enfants. Mission accomplie.

A leur retour, les participants étaient unanimes, on ne revient pas indemne d’un tel déplacement. Mais ils reviennent avec la conviction qu’il est nécessaire de témoigner de la situation sur place et que de fil en aiguille, de témoignage en témoignage, ça puisse faire bouger les choses pour le peuple palestinien.

Patrick Hoyois, délégué chez Lhoist (Namur)

Déjà votre 4ème mission sur place, quel est votre sentiment ?

Que ça va de moins en moins bien. La police et les militaires sont à chaque fois plus nombreux dans la rue. La liberté d’expression des palestiniens est réduite. On restreint de plus en plus leurs déplacements en multipliant les routes destinées uniquement aux israéliens. Les villages sont ainsi isolés et les travailleurs sont obligés de passer par un checkpoint. L’autorisation de passer dépend du bon vouloir des soldats. Bref, on tente de faire disparaître un peuple…

Qu’est-ce qui vous a particulièrement frappé ?

La situation dans la vallée du Jourdain. Les colons israéliens se sont appropriés des territoires et privent les palestiniens de l’accès à l’eau. Cette vallée jadis très fertile est donc devenue désertique là où vivent les palestiniens. Alors que tout est verdoyant du côté des colons. Le contraste est frappant. Des conduites d’eau traversent également les territoires palestiniens. Mais elles sont seulement destinées aux israéliens. Les Palestiniens ne peuvent pas en obtenir une seule goutte.  C’est une injustice totale. Un crime contre l’humanité.

Les Palestiniens te semblent-ils résignés ?

Non la population se défend mais la situation est malgré tout très difficile. Les anciens tentent de transmettre leur savoir aux jeunes et les encouragent à s’opposer à la colonisation. Mais beaucoup de jeunes quittent la Palestine en espérant trouver du travail ailleurs. A Gaza on doit frôler les 50% de chômage alors qu’en Cisjordanie on est de l’ordre de 25-30%. Certains palestiniens travaillent pour les colons, ils n’ont pas vraiment le choix… mais du coup, ils craignent de s’opposer à la politique d’Israël.

Quel est l’objectif de cette mission en Palestine ?

Lorsqu’on se rend sur place, nos contacts nous demandent d’être leurs ambassadeurs, de témoigner de ce qui se passe en Palestine. C’est ce que je m’efforce de faire dans ma région. Nous avons des problèmes par chez nous mais ce que vivent les palestiniens, c’est difficilement imaginable depuis la Belgique. Il est essentiel de faire écho de l’injustice dont est victime le peuple palestinien.

Anne-Catherine Coulon, déléguée Horval

Image retirée.C’était votre première mission en Palestine. Quel est votre sentiment ?

Il me semblait important de voir sur place ce qui se passait. On entend beaucoup de choses à ce sujet. J’ai rapidement pu me rendre compte que ce sont les Palestiniens qui sont chassés de leurs terres et pas l’inverse. En Belgique, nous avons la chance de travailler librement. Les Palestiniens doivent eux se lever à 4h du matin et passer le checkpoint pour aller travailler. Et leur journée de travail peut dépendre d’un gosse de 18 ans qui, l’arme à la main, décide ou non de le laisser passer.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement frappé ?

J’y suis allé avec mon cœur de maman. Et le sort des enfants m’a énormément touché. Sur place, nous avons rencontré une organisation qui s’occupe des enfants. C’était une rencontre bouleversante, émouvante. On nous a raconté l’histoire d’une enfant qui a été réveillé en pleine nuit par la police, et qui a été placé en prison. Vous imaginez la torture psychologique de cet enfant ? Les enfants sont innocents, ils ne demandent qu’à profiter de la vie. C’est une honte.

Les Palestiniens te semblent-ils résignés ?

Malgré cette injustice envers le peuple palestinien, ils gardent le sourire. J’ai été marqué par notre rencontre avec une famille de bédouins. Leur fille a été victime de violence et a été gravement brûlée. Ils nous ont pourtant reçu comme des rois, avec un sourire jusqu’aux oreilles alors qu’ils n’ont pas le moindre confort. Nous avons beaucoup de leçons à tirer de ces gens. Ils font de la résistance pacifique. Ils gardent l’espoir de récupérer leurs terres.

Quel est l’objectif de cette mission en Palestine ?

L’objectif est de constater ce qui se passe sur place et de le relayer chez nous, dans notre entreprise, auprès de notre famille. Nous devons parler de ce qui se passe sur place car tout est caché. En invitant les autres centrales à les accompagner, la Centrale Générale – FGTB permet d’étendre davantage le message. On ne peut vraiment pas rester insensible à de tels voyages, on voit la vie différemment quand on revient en Belgique.

Maintenant, la délégation est de retour. On s’organise sur tous les fronts. Au niveau local, à Namur et dans la section du Centre, nous sensibilisons nos affiliés. Au niveau national nous nous engageons à défendre nos résolutions de congrès et à dénoncer la complicité des entreprises. Au niveau européen, nous tissons des liens avec d’autres syndicats européens afin de défendre la population palestinienne contre l’injustice, pour faire respecter les droits humains, les droits syndicaux et le droit international.

Vous pouvez retrouver le carnet de voyage de notre délégation sur la page facebook Centrale Générale FGTB Namur.

Plus d'infos aussi dans l'article de Solsoc: A la rencontre de la Palestine résistante