Une semaine syndicale à Cuba : peu ensoleillée – fort nuageuse

Une délégation de la CG Limbourg s'est rendue à Cuba pour participer à la première conférence du syndicat de la construction SNTC. Ils ont été frappés par les conditions difficiles auxquelles doivent faire face les entreprises et par les bas salaires. 

A la mi-novembre, une délégation de la CG Limbourg s'est rendue à Cuba. Ils ont visité des entreprises et ont participé à la toute première conférence du syndicat de la construction SNTC. Ils ont été frappés par les conditions difficiles auxquelles doivent faire face les entreprises et par les bas salaires. Ils nous ont fait part de leur sentiment au retour de leur mission syndicale. 

"Peu ensoleillé – fort nuageux". Cette description des conditions climatiques peut être interprétée tant au sens littéral que figuré. Les ‘séquelles’ de l’ouragan ont provoqué un ciel nuageux et beaucoup de pluie. Reconstruire tout ce qui a été détruit coûte une fortune. Les maigres ressources en matériel de construction sont toutes affectées à cette reconstruction.

Cependant, le plus grand ouragan qui ait dévasté Cuba est celui du blocus des Etats Unis, qui dure entre-temps déjà plus de 50 ans. L’étranglement incessant de l’économie cubaine est véritablement un acte criminel!

Des vieilles machines d’au moins 40 ans

Nous avons passé l'essentiel de notre séjour entre assister à la première conférence du SNTC (la centrale de la construction à Cuba) et la visite d'entreprises. 

Il était émouvant de voir avec quelle fierté les entrepreneurs présentaient leur entreprise. Avec fierté et ferveur, ils nous ont raconté comment ils géraient leurs entreprises, et ce avec des vieilles machines d’au moins 40 ans. Les pièces de rechange, ils les fabriquent eux-mêmes. A cause de l’embargo américain, ils n’arrivent pas à trouver de nouvelles machines ou ne reçoivent pas de financement pour des investissements nécessaires. Tous se sont plaints de cette situation et exigent la levée de cet embargo.

Nous avons pu constater que les entreprises font preuve de davantage de professionnalisme. Nous avons vu des vidéos d’entreprises bien réalisées. Des analyses des points forts et faibles des entreprises étaient même présentés.

Des salaires qui ne couvrent pas le coût de la vie

Notre respect pour eux ne pouvait que croître, tout comme le respect pour les cadres syndicaux. Là où les coopératives fonctionnent bien, les travailleurs sont – selon les normes cubaines – relativement bien payés. Les cadres syndicaux gagnent, comme beaucoup de Cubains, bien trop peu. Des salaires qui ne couvrent pas le coût de la vie. Bon nombre de produits sont plus chers à Cuba que chez nous.

Les magasins de vêtements Benetton et Pepe Jeans à La Havane sont considérés par les Cubains comme des ‘musées’. Tout le monde va voir, mais personne n’achète. Même pour nous, en tant que touristes occidentaux, il est plus intéressant d’aller chez Benetton en Belgique. C’est beaucoup moins cher !

La vie est difficile pour les Cubains. Le gouvernement a augmenté les salaires, mais pas suffisamment. Le fait d’autoriser la création de coopératives et d’entreprises indépendantes a amélioré la situation d’une partie de la population. Les Cubains sont satisfaits de ces évolutions. Des évolutions auxquelles le gouvernement a d’ailleurs mis fin. Il veut procéder à un véritable audit.

Travailler dans le 'privé'

Le fait d’autoriser les initiatives privées a cependant quelques conséquences négatives. Beaucoup de travailleurs très expérimentés quittent les entreprises publiques pour aller travailler dans le « privé ». Les personnes hautement qualifiées qui travaillent pour l’Etat sont mal payées. Les ouvriers du bâtiment, les chauffeurs de taxi qui travaillent pour leur propre compte, les personnes actives dans le tourisme, … gagnent plus qu’un médecin ou un prof à l’université. Les impôts (qui n’existaient pas auparavant) sont contournés. Toutes les coopératives ne sont pas gage de réussite. Certaines coopératives de la construction sont confrontées à de grandes difficultés parce que le matériel dont elles ont besoin pour leurs projets est utilisé en priorité pour la reconstruction suite à l’ouragan.

Les Cubains font preuve d’inventivité dans leur lutte pour survivre, mais notre solidarité reste nécessaire. Ils ont besoin de notre aide, et surtout de notre soutien contre l’embargo des Etats Unis. 

La seule délégation européenne

Lors de la conférence, nous étions la seule délégation européenne, mais aussi la plus grande. Des militants syndicaux du Brésil, de la Colombie, du Chili, d’Équateur et du Panama ont également répondu présent.

Notre délégation a été accueillie chaleureusement avec cette typique cordialité cubaine et une quantité imposante de nourriture pour nous faire honneur. A Santa Clara, un militant avait même été à la pêche spécialement pour nous et nous a servi personnellement le poisson qu’il avait pêché. 

Lors de la soirée d’ouverture, la CG du Limbourg a reçu un ‘Reconocimiento Especial’ (reconnaissance spéciale) pour la solidarité et le soutien témoignés aux ouvriers du bâtiment cubains. Il va sans dire que nous étions extrêmement fiers.

Le discours que nous avons pu tenir au congrès a été accueilli par de longs applaudissements des congressistes.