METRO, boulot… et encore boulot

Un logiciel est-il à même d’optimiser les livraisons d’une entreprise? Pour les chauffeurs de camions malaxeurs de l’entreprise Inter-béton, la réponse est un « NON ».

Un logiciel est-il à même d’optimiser les livraisons d’une entreprise? Pour les chauffeurs de camions malaxeurs de l’entreprise Inter-béton, la réponse est un « NON » retentissant, qu’ils ont une nouvelle fois fait entendre en arrêtant le travail le 18 mai dernier.

L’humain prié de s’adapter aux machines

L’origine de la grogne s’appelle METRO, le nouveaux système de gestion logistique dans l’entreprise, qui semble avoir une fâcheuse tendance à ne prendre en compte que la disponibilité des camions. D’autres critères, plus gênants et moins productifs, tels que le nombre d’heures prestées par les chauffeurs, voire s’ils ont eu l’occasion de prendre une pause, sont totalement oubliés. L’humain est prié de s’adapter aux machines, pas l’inverse. Mais le contrôle exercé par le logiciel ne s’arrête pas là, puisque c’est à l’aide d’un appareil portable que les chauffeurs sont informés de leurs missions pour la journée suivante. Il leur faut donc constamment tenir à l’œil un petit boitier portable, y compris après des journées excédant régulièrement les 12 heures ! Pour le « droit à la déconnexion », on repassera. Sans parler de sécurité routière : chauffeurs exténués, véhicules de plus de quarante tonnes, le « mélange » est loin d’être idéal.

Des travailleurs déterminés

Le problème n’est pas nouveau et avait d’ailleurs provoqué un arrêt de travail il y a près d’un an dans le dépôt limbourgeois de l’entreprise. La direction avait fait part de sa compréhension et promis d’apporter les adaptations nécessaires au système. Reste que ces bonnes intentions sont manifestement restées lettre morte, puisque le mouvement de grève est cette fois suivi dans tout le pays. Ce 18 mai, aucun mixeur d’Inter-béton n’est sorti. Dans un premier temps, la direction a fait mine de vouloir entamer un bras-de-fer, en annonçant unilatéralement l’ouverture de la centrale à béton de Leeuw-Saint-Pierre durant la nuit de vendredi à samedi, pour compenser la perte de la journée. C’était sans compter sur la détermination des chauffeurs et de leurs représentants, qui ont dès lors organisé un piquet de grève nocturne, auquel pas moins de 30 à 40 travailleurs ont répondu présents. La tension était à son comble lorsqu’ils se sont retrouvés face à une quinzaine de mixeurs de location venus charger, mais les grévistes n’ont pas bougé, la direction s’est ravisée et les camions ont fait demi-tour.

Depuis, les négociations ont pu repartir sur des bases plus sereines et la direction a déposé une proposition comprenant des modifications concrètes au système METRO. La délégation syndicale reste sceptique, mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, il s’agit d’attendre le résultat de la consultation des travailleurs.

Les travailleurs d'Inter-Beton ont décidé de laisser du temps à la direction jusque fin septembre 2018 avant de réévaluer l'évolution des choses sur le terrain.