Les travailleurs de Carmeuse défendent les libertés syndicales

Espérant bénéficier d’un vent antisyndical favorable, la direction a fait appel aux huissiers de justice afin de casser la grève. Un choix qui n’a fait que renforcer la détermination des travailleurs, qui n’ont rien lâché.

Fin mai, une partie des travailleurs du groupe carrier Carmeuse se sont mis en grève durant une semaine. En cause, un désaccord concernant la reprise des activités agrégats par le groupe Sagrex. Espérant bénéficier d’un vent antisyndical favorable, la direction a fait appel aux huissiers de justice afin de casser la grève. Un choix qui n’a fait que renforcer la détermination des travailleurs, qui n’ont rien lâché. A l’heure où certains rêvent de réduire les droits syndicaux, cette victoire est un signal fort.

En janvier dernier, le groupe carrier Carmeuse annonçait sa volonté de revendre ses activités agrégats au groupe Sagrex. Une centaine de travailleurs sur 400 sont concernés. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe sur les travailleurs, très attachés à leur identité. Ils se sont donc sentis particulièrement affectés et inquiets pour l’avenir comme le précise Brahim Hilami, secrétaire fédéral en charge du secteur des carrières : « Les travailleurs ont eu le sentiment d’être traités comme des marchandises. On les utilise, on les use, et après on s’en débarrasse. Ce manque de considération les a particulièrement affectés. D’autant que la direction de Carmeuse s’est montrée intransigeante lors des négociations ».

Projet d’accord indécent

Les séances d’information s’en suivent et un projet d’accord est présenté à la mi-mars aux travailleurs des sites concernés. Un projet jugé insuffisant par les travailleurs qui souhaitent obtenir des garanties en matière de sécurité d’emploi et d’acquis sociaux sur le long terme auprès de Sagrex et qui revendiquent une prime de mérite auprès de Carmeuse. Le conflit s’envenime début avril et conduit à une grève de 5 jours sur le site de Moha et un jour sur les autres sites. Les négociations se poursuivent et la direction fait une proposition finale à la fin mai tout en faisant monter la pression via différentes provocations. Ils reprochent notamment la grève menée en avril sur le site de Moha qui a fait perdre de l’argent aux actionnaires. Cette proposition est refusée à son tour et les travailleurs repartent en grève.

Les huissiers s’en mêlent

Plutôt que d’améliorer sa proposition, la direction décide de casser le mouvement de grève en envoyant des huissiers de justice sur les piquets. Ces derniers constatent que l’accès de l’entreprise est bloqué. Fort de ce constat, l’employeur introduit une requête au tribunal de travail contre les délégués. « C’est une nouvelle fois une atteinte au droit de grève » s’insurge Brahim. « Carmeuse voulait casser le mouvement des travailleurs en poursuivant les délégués devant la justice. Mais ils ont obtenu le résultat inverse. Plutôt que de s’avouer vaincus, les travailleurs ont continué leur mouvement. De notre côté nous avons mis la pression sur la direction pour faire annuler ces poursuites contre les délégués. Il était hors de question de céder sur les libertés syndicales. Et notre détermination a payé. »

Victoire syndicale

Après d’intenses négociations, la direction a retrouvé la raison. Les poursuites engagées contre les délégués ont été levées. La direction a revu sa proposition à la hausse et a reçu l’aval des travailleurs. C’est une victoire syndicale, la détermination des travailleurs a payé. Mais la situation rencontrée chez Carmeuse démontre que certains employeurs n’ont aucun scrupule à remettre le droit de grève et les libertés syndicales en question. Plus que jamais, nous devons nous battre pour défendre ces droits.