Covid-19 est synonyme de flexibilité et de perte de revenu

Dans les petites entreprises, 3 travailleurs sur 4 voient leur revenu baisser

Les résultats de notre enquête auprès des travailleurs (ouvriers, employés et cadres) du secteur de la chimie sont clairs : la crise du Covid-19 est synonyme de perte de revenu et d’accroissement de la flexibilité pour une partie non négligeable du personnel :1 travailleur sur 4 voit son revenu diminuer et 1 travailleur sur 3 fait face à de la flexibilité.  Autre enseignement majeur de notre enquête : les femmes et les travailleurs des entreprises sans représentants syndicaux sont les moins bien lotis.  

À la mi-mai, nous avons envoyé une enquête pour mesurer les conséquences sociales de la crise corona dans le secteur. A cet effet, il y avait plusieurs points d’attention : 

  • De nombreux travailleurs ont-ils subi une perte de revenu au cours des dernières semaines ? 

  • Les travailleurs de la chimie peuvent-ils travailler en toute sécurité ? 

  • Qu’en est-il du bien-être des travailleurs pendant la crise ? 

Détails des résultats 

  • La crise du covid-19 est synonyme de perte de revenu pour : 

    • 1 travailleur sur 4. 
    • Chez les femmes, il s’agit de 1 travailleuse sur 3. 
    • Dans les entreprises de moins de 20 personnes, 3 travailleurs sur 4 voient leur revenu baisser. 
  • La crise du covid-19 est synonyme de plus de flexibilité (adaptation des heures de travail et/ou chômage temporaire) pour : 

    • 1 travailleur sur 3. 
    • Chez les femmes, il s’agit de 2 travailleuses sur 5. 
    • Dans les entreprises de moins de 20 personnes, 2 travailleurs sur 3 sont concernés par plus de flexibilité. 
  • En matière de sécurité au travail, les disparités sont grandes entre les entreprises avec ou sans représentants des travailleurs. 

    • Dans les entreprises comptant moins de 20 travailleurs (et sans représentants des travailleurs), 1 travailleur sur 2 déclare que les mesures de protection prises par l'employeur sont insuffisantes. Dans les entreprises avec représentants des travailleurs, 4 travailleurs 5 estiment que leur entreprise prend des dispositions suffisantes en matière de sécurité. 

  • Un télétravailleur sur deux indique que la limite entre le travail et la vie privée s’estompe. 

  • 42% des cadres interrogés ont été contraints de prendre des jours de congé. 

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Les délégués protègent les travailleurs 

Ces résultats font ressortir de grandes disparités au sein des entreprises de la chimie. « Tous les travailleurs ne sont pas logés à la même enseigne. Les conditions de travail sont meilleures là où on trouve des délégués syndicaux. Le constat est très inquiétant dans les petites entreprises » pointe Andrea Della Vecchia, Secrétaire fédéral FGTB Chimie. Il apparaît urgent de permettre à tous les travailleurs de pouvoir être représentés et défendus collectivement. « La démocratie et la justice sociale doivent être instaurées et entretenues dans toutes les entreprises, indépendamment de leur taille. Il en va de la qualité des conditions de travail et du revenu des travailleurs ». 

La crise favorise les inégalités entre les femmes et les hommes 

Le sort des travailleuses inquiète aussi : « L’enquête montre que les femmes sont moins bien loties que les hommes. Que justifie qu’elles soient plus victimes de perte de revenus ou de flexibilité ? Comme pour d’autres crises, on constate que les inégalités grandissent ». Les discriminations entre les femmes et les hommes étaient déjà relevées par l’enquête sur les salaires de mars 2020 de la FGTB Chimie (« 1 femme sur 5 gagne moins que 14 € de l’heure dans la chimie »). 

Le télétravail, en manque de cadre sectoriel 

Pour certaines fonctions, le recours au télétravail s’est accentué depuis le début de la crise. Pour que cette forme de travail réponde aux attentes des travailleurs, il faut entendre leurs plaintes et y répondre : « Difficile de combiner télétravail et vie privée. Le secteur doit leur apporter des solutions nouvelles. Afin d'éviter des burn-out et autres plaintes physiques et mentales, il sera de plus en plus important que les travailleur puissent se déconnecter et prendre suffisamment de repos ».