Nancy a une carrière de 37 ans en tant que travailleuse domestique. D'abord avec le CPAS, et depuis 12 ans dans le secteur des titres-services, dans une entreprise qui compte plus de 2000 aide-ménagères. En tant que déléguée syndicale et déléguée au CPPT et au CE, elle a été un pilier de soutien pour ses collègues pendant de nombreuses années. Les priorités de son combat ? Des salaires plus élevés, plus de respect et plus de sécurité.  

A quel genre de problèmes les travailleuses domestiques sont-elles exposées ? 

Il s'agit souvent de problèmes en matière de sécurité. Des clients où il fait vraiment sale, où elles doivent travailler dans des conditions insalubres, sans matériel décent pour nettoyer, des maisons où il fait extrêmement froid. La semaine dernière, j'ai été contacté par une aide-ménagère qui avait demandé, à juste titre, à son client de porter un masque buccal, mais il refusait. Après une dispute, le client a finalement renvoyé l’aide-ménagère. L'employeur a contacté le client et a cru sa version des faits. L’aide-ménagère est pour l’heure prétendument en congé.  Si on dit une chose et que le client en dit une autre, on va croire le client... 

Mais le harcèlement sexuel est également encore trop fréquent dans notre secteur : hier encore, une travailleuse domestique m’a contactée pour me dire qu’elle a été agressée. Une autre victime m'a récemment dit que le client l'observait et qu'il avait également essayé de la toucher. 

Vous avez mené des actions concernant les salaires ces dernières années. C'est important pour vous ? 

Nous avons un travail très pénible par rapport au salaire dont nous bénéficions. Le fait que, en tant que secteur des titres-services, nous soyons subventionnés par le gouvernement n'est pas un avantage, car cela signifie que tout est fixe. Le salaire maximum qu'ils sont autorisés à donner est de 12,06 €/heure (avec 4 ans d'ancienneté). C'est vraiment bas. Et celui qui débute dans le métier doit commencer à 11,35 €. De nombreuses travailleuses sont à temps partiel parce que c'est physiquement exigeant. Il y a aussi beaucoup de pauvreté dans notre secteur, c'est pourquoi il y a des travailleuses qui font de la guidance budgétaire. Parfois, les histoires sont vraiment poignantes. Il y a quelque temps, j'ai été contacté par une personne qui, à 14 jours de la fin du mois, n’avait plus que 20 euros pour vivre, avec deux enfants.  

En tant que déléguée, pouvez-vous faire la différence pour vos collègues ?  

Pour les cas individuels, nous pouvons souvent trouver une solution en nous asseyant avec le service du personnel. Et il y a huit ans, nous avons complètement fermé l’agence. Nous avions déjà mentionné à plusieurs reprises que les conditions salariales n'étaient pas correctement communiquées, mais il n'y a eu aucun retour, et ils ont ensuite commencé à supprimer le téléphone portable qui nous avait été fourni au départ. Après ces actions, nous nous sommes assis autour de la table et avons trouvé un compromis.  

Si vous pouviez accomplir une chose pour les travailleurs domestiques, quelle serait-elle?  

Des salaires plus élevés ! Si les aide-ménagères recevaient un euro de plus par heure à partir de demain, elles sauteraient de joie. C'est ce qui les pousse à tenir le coup. (Et de préférence 14€/heure !) Si nous pouvions aussi obtenir plus de respect pour notre travail, ce serait aussi le bienvenu !