TotalEnergies, la multinationale française de pétrole et de gaz, a annoncé au début de l'année qu'elle vendrait plus de 2.000 stations-service en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Allemagne à Couche-Tard. Nous avons rencontré notre délégué Eric Lambert, qui a exprimé sa solidarité avec d'autres travailleurs des pays touchés lors du Comité d'entreprise européen de TotalEnergies qui a eu lieu le mois dernier.

40% TotalEnergies, 60% Couche-Tard

‘’Il y a quelques semaines, la société a annoncé la vente du réseau de services dans quatre pays‘’, a déclaré Eric, qui est déjà depuis plus de 35 ans actif au sein de TotalEnergies en tant que représentant syndical. ‘’Les 1.198 stations-service aux Pays-Bas et 392 en Allemagne seront entièrement vendues au groupe canadien Couche-Tard. Pour les 619 stations en Belgique et au Luxembourg, il est question d'une joint-venture, avec une majorité de 60 % pour Couche-Tard‘’, poursuit Eric.

Des mesures d'accompagnement s'imposent

Grâce à son ancienneté dans l'entreprise, Eric a vu passer de très nombreux projets couvrant un large éventail d'activités ou de dimensions. La grande différence avec ce projet ? Les autres projets étaient encadrés par une sorte de plan social. ‘’Au fur et à mesure que la procédure avançait, il s'est avéré que dans trois des quatre pays, ils étaient bloqués au niveau des négociations nationales concernant le volet social, c.-à-d. les mesures d'accompagnement pour les travailleurs qui quitteraient le groupe. Actuellement, un plan d'accompagnement à long terme est prévu sur cinq ans... pour les produits et la marque. TotalEnergies peut donc continuer à distribuer des carburants sous la même enseigne pendant cinq ans‘’, précise Eric.

Pour le personnel, par contre, les conditions de travail et de salaire ne seraient garanties que pour un an (le minimum légal en Belgique !). "En d'autres termes, nos collègues seront repris et n'auront que pendant un an la garantie de gagner la même chose et de travailler dans les mêmes conditions. Mais que se passera-t-il après cette année ?! Ils pourraient tout simplement être remplacés par des travailleurs moins chers, par exemple ! Des garanties sociales supplémentaires sont donc indispensables", ajoute Eric. 

"Il est important que les salaires et les conditions de travail

pour lesquelles nous nous sommes battus pendant des années

ne soient pas purement et simplement effacées.

Il faut absolument les préserver pour ces travailleurs !”

 

Solution au niveau européen

Lors du Comité d'entreprise européen, Eric a donc décidé de faire une déclaration au nom des représentants des travailleurs belges. Il y a lancé un appel pour que le PDG débloque le dossier et tente de trouver une solution au niveau européen pour les travailleurs des pays concernés. ‘’Ma déclaration a été soutenue par plusieurs syndicats. Le PDG a fait savoir qu'il n'était pas insensible à cette situation, étant donné qu'il s'agissait de travailleurs loyaux depuis des années. Il comptait débloquer le dossier et examiner les possibilités d'un plan social", explique Eric.

Outre un plan social, Eric a également demandé une indemnité de départ pour ces travailleurs loyaux qui doivent quitter l'entreprise indépendamment de leur volonté. ‘’Ils devraient avoir la possibilité de revenir si les résultats ne sont finalement pas aussi roses par rapport à ce qui avait été présenté. Il est important que tous ces éléments soient pris en compte lors des négociations, afin que ces travailleurs ne soient pas simplement expulsés de l'entreprise’’, poursuit Eric. Par ailleurs, un appel a également été lancé par IndustriALL Europe pour que cela puisse également être négocié au niveau européen.

Enfin, Eric souligne qu'il suit le dossier de très près au sein de la raffinerie et des autres sites de TotalEnergies : ‘’il est important que les conditions de travail et de salaire pour lesquelles nous nous sommes battus pendant des années ne soient pas purement et simplement effacées. Il faut absolument les préserver pour ces travailleurs !”