STOP aux comportements inappropriés !

La FGTB Chimie - Pétrole a lancé fin janvier une enquête sur les comportements inappropriés sur le lieu de travail. Pas moins de 892 travailleurs y ont participé... et les résultats sont frappants ! Parce qu'il est urgent que les choses changent, une journée d’étude a été organisée pour permettre aux victimes de témoigner et pour outiller les délégués syndicaux dans ce combat.  

Plus d’une centaine de délégués de la FGTB Chimie - Pétrole ont participé à notre journée d’étude sur les comportements inappropriés. Différents thèmes ont été abordés : les motifs, les leviers syndicaux, les mesures anti-femmes du gouvernement Arizona et les résultats de notre enquête (voir ici). Nous avons notamment accueilli Maïté Meeûs, militante féministe et fondatrice de « Balance ton bar », la conseillère en prévention Brigitte Cianci et plusieurs victimes de tels comportements.  
 

Elisa

Lorsque j'ai commencé à travailler dans l'entreprise, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. L'un des collègues masculins, dont le bureau était un peu plus éloigné, passait tous les jours et me faisait des petits compliments. Je me sentais très mal à l'aise, mais je n'osais rien dire... Je venais de commencer et c'était mon premier job. De plus, je ne voulais pas qu'il ait des ennuis à cause de moi. Je me suis dit qu'il fallait faire profil bas. Un jour, un autre collègue masculin a été témoin de son comportement. Il m'a conseillé d'en parler à la direction et m'a dit que lui aussi voulait le dénoncer. Je ne voulais pas, je n'osais pas. Finalement, il est allé voir la direction. Cette dernière a pris des mesures immédiatement : le collègue en question n'était plus autorisé à se rendre dans nos bureaux... mais il l'a quand même fait pour me réprimander agressivement : « pourquoi as-tu fait une chose pareille ?! » Même si je n'étais pas d'accord au départ, je suis heureuse que les choses se soient passées ainsi. Aux autres victimes, je dirais de ne pas se culpabiliser. Il faut oser demander de l'aide ou oser en parler pour que le comportement de l'agresseur ne s'aggrave pas.  - Elisa

Dominique


En tant que femme, je me sens isolée sur mon lieu de travail. Je fais moi-même partie des 20 % de femmes qui présentent des symptômes sévères de la ménopause : des douleurs très fortes et un manque de sommeil important. À cause de ces problèmes et des médicaments que je prends, je n'ai plus le droit de conduire une voiture. Je suis donc tributaire des transports publics. Lorsque je suis allée demander au HR de m'autoriser à commencer ma journée et à m'arrêter 15 minutes plus tôt, en dérogeant aux horaires en vigueur - et donc de m'exposer -, je comptais sur un peu de compréhension. Hélas. Son message était clair : aucune exception n'est faite (alors que je suis la seule femme de mon service à prendre les transports en commun), le travail à domicile n'est pas autorisé (même si mon travail le permet), il existe des médicaments contre la douleur et le travail à temps partiel est également une option. Je me sens extrêmement limitée. La solution qui m'est proposée équivaut à arrêter de travailler à temps plein, mais je veux rester active. Ce n'est pas un choix que je veux faire. Il est clair qu'il n'y a pas d'autre option. Il n'y a manifestement plus de place pour la concertation sociale ! Faire toujours plus de chiffre et de profit sont la priorité absolue ! C'est dommage, changeons de cap et utilisons la force et les connaissances de la femme « plus mûre » de manière harmonieuse sur le lieu de travail. 

 

DennyJ'ai demandé deux heures de récupération, mais par étourderie, j'ai apposé deux signatures : une sous mon nom et quelques jours plus tard sous le nom de mon responsable. Je ne me suis pas rendu compte de rien et je suis parti en vacances. Un collègue délégué m'a contacté et m'a informé que j'étais accusé de falsification, entre autres, et qu'une lettre recommandée allait suivre... et peut-être une sanction. Pour étoffer le dossier, des mensonges ont également été rapportés. La responsable RH a utilisé une méthodologie particulière. J'ai prévenu mon secrétaire et ai-je lui ai raconté mon histoire. Il a envoyé une lettre recommandée à l'entreprise et la question a également été inscrite à l'ordre du jour des organes de concertation. J'ai été lésée... Après 38 ans dans cette entreprise, cette façon d'agir me semble incorrecte et discriminatoire à mon égard en tant qu'employée, mais aussi en tant que déléguée : jamais je n'ai été autorisée à raconter mon histoire. En tant que délégué principale, je ne voulais pas laisser passer cela et je veux aussi dire à tous les autres délégués ici présents qu'ils ne doivent pas se laisser faire. Osez passer à l'attaque et ne vous laissez pas pousser au pied du mur ! - Denny

 

Maïté

 

 

Il est important d'oser parler des comportements inappropriés. Ils n'ont pas d'âge ni de sexe. Il ne faut pas minimiser ces comportements : cela peut aller des mots qui mettent mal à l'aise jusqu'au viol ou pire. Mon message aux victimes est clair : nous vous croyons, vous et ce que vous avez vécu ! Osez demander de l'aide !  - Maïté (a lancé un mouvement à Bruxelles appelé « Balance ton Bar ».

 

Andrea Della Vecchia, secrétaire fédéral de la FGTB Chimie - Pétrole, conclut : « Il n'y a pas de solution universelle, compte tenu des défis et des tendances actuelles. L'histoire nous apprend que nous devons créer des solutions. Si nous ne nous impliquons pas en tant que syndicat, les années défileront et il y aura à terme une régression sociale. Ne rien faire n'est pas une solution !