Covid-19 : En Palestine, les syndicats défendent toujours les travailleurs

Depuis l’annonce de l’état d’urgence le 3 mars 2020 pour endiguer la pandémie Covid-19 en Cisjordanie, la PGFTU, notre partenaire syndical, est sur le front pour défendre les travailleurs. Le syndicat a rapidement mis sur pied une délégation formée en urgence pour suivre et évaluer la situation des travailleurs.

La PGFTU a débloqué des fonds pour soutenir les travailleurs en Cisjordanie face aux besoins sanitaires, les compenser financièrement avec l’aide d’une caisse solidaire financée par le syndicat et le secteur privé, ainsi que des distributions de produits de première nécessité pour les familles les plus démunies dans plusieurs villes. Le syndicat a également interpellé le secteur privé pour payer une partie des salaires des mois de mars et avril, mais la réponse des employeurs était très variable en fonction des secteurs.

Très rapidement, la PGFTU a constaté une forte proportion de personnes touchées par le virus parmi les travailleurs. Parmi elles, deux cas différents : les palestiniens travaillant en Israël, très touchés par le virus (en particulier dans les secteurs de la restauration, des hôtels, des boucheries et des abattoirs, moins parmi les travailleurs des secteurs de la construction et de l’agriculture), et ceux qui travaillent en Cisjordanie, un peu moins touchés par la maladie, mais plus par l’impact économique causé par l’arrêt des activités de tous les secteurs.

Action au niveau des check-points

Leurs moyens étant limités, l’accent a été mis au niveau des check-points, au moment du retour des travailleurs palestiniens d’Israël vers la Cisjordanie. Aux check-points, la PGFTU a pris comme mesures : le testing des travailleurs, la désinfection de leurs effets, la prise de la température et l’organisation de campagnes de sensibilisation aux risques de diffusion de la maladie. Un contact permanent a été entretenu avec les travailleurs infectés pour suivre leur état et celui de ceux qui les ont côtoyés. La sensibilisation avait également une grande importance, vu que la population était hostile envers les travailleurs revenant d’Israël à cause des chiffres de contamination qui étaient très importants en Israël au début de la pandémie. 

Une coordination entre les autorités palestinienne et israélienne a été établie pour loger sous contrôle les travailleurs en Israël et ainsi éviter de trop nombreuses entrées et sorties. Quelques jours après, force était de constater qu’aucune initiative n’avait finalement été prise en ce sens et qu’il y avait de nombreux cas d’infections chez les Palestiniens sur place, ce qui a obligé plusieurs travailleurs à rentrer quotidiennement et repasser les examens. Cela a demandé un effort supplémentaire au syndicat et a obligé les travailleurs à rester 14 jours chez eux, procédure très contraignante pour des familles dépendant fortement des revenus des travailleurs en question.

Reprise dans les carrières de pierre

Les carrières de pierres ont, quant à elles, cessé toutes leurs activités.  Les pertes ont été énormes, car le secteur vit de la production réalisée au jour le jour. Les employeurs et les travailleurs ont ainsi averti le syndicat que la situation devenait très difficile, et que de nombreuses familles allaient se retrouver sans moyens de subsistance : la relance de l’activité était essentielle.

Le syndicat a ainsi engagé un dialogue avec les autorités mettant en avant que sans compensation de l’État, le respect du confinement n’allait pas continuer. Ainsi l’État a autorisé le secteur à reprendre avec des restrictions (tel que le respect de la distanciation sociale).

Et au sein de la PGFTU

Malgré la situation, les syndicalistes ont fait preuve de solidarité, avec des mesures de précautions très limitées faute de moyen. Ils ont maintenu leur soutien aux travailleurs, supportant une épreuve supplémentaire aux nombreuses autres déjà causées par l’occupation.