Grave menace sur l'Accord Bangladesh

Cinq ans après l'incendie meurtrier du Rana Plaza, l'Accord Bangladesh sur la prévention incendie et la sécurité des bâtiments a considérablement amélioré la sécurité des usines de confection au Bangladesh. Pourtant, le gouvernement de ce pays menace d'expulser cet accord. Des milliers de travailleurs du textile sont morts d'inquiétude.

Souvenez-vous, le 24 avril 2013, un incendie détruisait une usine au Bangladesh et entraînait la mort de plus de 1125 travailleurs. Cette tragédie s'inscrivait dans la triste lignée des incendies d'usine les plus meurtriers de l'histoire moderne. Pour que de telles catastrophes n'aient plus lieu, un accord juridiquement contraignant a été signé par par des organisations syndicales internationales et du Bangladesh, 220 entreprises de l’habillement, dont six entreprises belges. L'Accord Bangladesh voyait ainsi le jour sous la pression internationale permettant de contrôler la sécurité et les conditions des travail et de les améliorer.

Depuis, la prévention en matière d'incendies et la sécurité des bâtiments ont été considérablement améliorées dans le pays. Lors des inspections initiales des usines en 2013, les ingénieurs de l’Accord ont par exemple constaté que 97% des 1600 usines inspectées ne disposaient d'aucune sortie de secours sécurisée et que 91% d'entre elles ne disposaient pas de système de détection d'incendie ou d'alarme adéquate. Cinq ans plus tard, grâce à l'Accord, 89% des plus de 130.000 défauts de sécurité identifiés par les inspecteurs de l’Accord ont été corrigés. Néanmoins, de graves problèmes persistent. Il existe encore environ 700 usines dépourvues d'installations adéquates de lutte anti-incendie et plus de 500 usines qui n'ont pas encore effectué les rénovations nécessaires de la structure de leurs bâtiments.

Malgré l'utilité avérée de l'accord, le Bangladesh menace d'expulser le personnel et les institutions à l'origine de cet accord. Les services d'inspection seraient dès lors contraints d'opérer depuis l'étranger, ce qui pourrait entraver considérablement l'amélioration des conditions de travail des employés. La décision sera prise le 6 décembre.

Une expulsion de l'accord aurait pour conséquence que des dizaines d'usines ne pourraient plus fournir les documents nécessaires aux marques et chaînes qui avaient signé l'accord dans le passé. Elles ne pourraient donc plus fournir de vêtements à ces marques. Cette décision aurait des conséquences majeures sur la sécurité de millions de travailleurs de l’industrie de l’habillement. Sans l’Accord 2018, il y a de grandes chances pour que la situation revienne à ce qu’elle était avant la catastrophe du Rana Plaza.

Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur www.achact.be ou suivez les hashtags #RanaPlazaNeverAgain, #TurnaroundHM en #TurnaroundHMChallenge (Photo : Kristof Vadino)