Plus d'argent pour la défense ? En faveur de qui ?

SIOEN fabrique les uniformes de l'armée belge au Myanmar !
Cela doit cesser !
Le gouvernement veut augmenter le budget de la défense de 4,5 milliards d'euros et présenter la facture aux travailleurs, pensionnés, malades et chômeurs. Selon le gouvernement, il s'agirait d'une occasion de renforcer et d'ancrer l'industrie belge et de créer des emplois supplémentaires. Pour les syndicats, il est indispensable d’avoir des garanties que cette augmentation du budget de la défense sera utilisée de manière socialement responsable et bénéficiera à des emplois de qualité pour les travailleurs. Ce n'est pas le cas de l'entreprise Sioen, basée en Flandre occidentale, qui produit actuellement des uniformes de l'armée belge au Myanmar.
Sioen au Myanmar
Depuis le coup d'État de 2021, le Myanmar est une dictature militaire : répressions violentes des manifestants, d’hommes politiques, de travailleurs et des syndicats. Les violations massives et répétées des droits de l'Homme et du travail dans les usines textiles y sont, entre autres, la réalité. Le bilan est très lourd: près de trois millions de réfugiés, des milliers de civils tués, des prisons surpeuplées et des militants des droits de l'Homme et des dirigeants syndicaux poussés dans la clandestinité. Sous la protection de la loi de programmation militaire, Sioen produit depuis deux ans des uniformes pour l'armée belge à Yangon (Myanmar). Non seulement elle légitime ainsi le régime militaire, mais elle contribue aussi indirectement au financement de la junte militaire qui opprime et bombarde son propre peuple.
Appel mondial à quitter le Myanmar
Dès 2021, le syndicat mondial IndustriALL Global auquel sont affiliées la FGTB, la CSC et la CGSLB a appelé les multinationales à quitter le Myanmar. Avec succès, puisque de grandes entreprises telles que H&M, Lidl, C&A et Inditex (Zara) mettent fin à leurs activités au Myanmar. Les syndicats ont déjà demandé à plusieurs reprises à Sioen d'arrêter la production, au moins temporairement, au Myanmar... en vain.
Les syndicats belges réagissent également
Le 24 mars, les représentants des travailleurs de tous les sites belges et leurs directeurs nationaux ont été reçus par le PDG Bart Vervaeke et la directrice générale Mme Sioen elle-même. Les trois syndicats y ont à nouveau expliqué leur demande de quitter le Myanmar. Les syndicats ont été clairs : Sioen doit quitter le Myanmar... au moins de manière temporaire jusqu'à ce que les violations des droits de l'homme cessent et que la démocratie revienne. Les syndicats jugent inacceptable que l'argent des contribuables belges soit utilisé pour financer le régime meurtrier du Myanmar, dont des centaines de milliers de travailleurs sont victimes.
Sioen affirme avoir besoin des revenus provenant du Myanmar (compte tenu des salaires très bas dans ce pays, 2,5 euros par jour) pour maintenir l'emploi en Belgique. Sioen possède encore des sites de production dans d'autres pays à bas salaires, tels que la Tunisie et l'Indonésie, où sont également fabriqués des vêtements de protection. Nous suggérons d'y transférer la production, au moins temporairement, et de verser aux travailleurs de Yangon des indemnités de chômage temporaires.
Message au ministre Francken
Pour conclure, un message clair au ministre de la Défense Theo Francken : « Le budget supplémentaire de la défense doit également profiter aux travailleurs de l'industrie manufacturière belge. L'argent ne peut pas être utilisé pour employer des travailleurs ailleurs dans le monde à des salaires de misère ou pour financer la guerre ! » Les syndicats belges demandent davantage de clauses sociales dans les appels d'offres publics et des contrôles stricts sur le respect des droits de l'homme dans les chaînes d'approvisionnement.