Monitoring des morts au travail : PLUS JAMAIS ÇA

Pour la Centrale Générale-FGTB, chaque mort au travail est un mort de trop et presque toujours, une mort évitable. Depuis le 28 avril dernier, nous recensons  chaque accident du travail mortel afin d’éveiller les consciences et faire de ces décès un débat de société. Nous voulons éviter que d’autres travailleurs n’aient à vivre ce genre de journée de travail. Nous exigeons que toutes les précautions soient prises pour éviter les accidents mortels, peu importe les investissements nécessaires en termes de moyens de prévention et de protection. 

Malheureusement, nous devons déjà commencer notre monitoring des morts au travail dans nos secteurs par le triste témoignage de Sami. 

 

Bruxelles, le 19 mai 2025

Je viens d’avoir Sami au téléphone. Sami travaille dans le secteur du bois dans une entreprise de 300 personnes en Wallonie. 

Le mois dernier, l’entreprise a connu un accident mortel, le troisième en 10 ans. 

Mais pour Sami, cette fois, c’est surtout son ami Laurent qu’il a perdu. 

Les circonstances de l’accident, il ne les comprend pas : « on ne saura jamais ce qui s’est passé ! ». 

Ce qui est sûr, c’est que ce mercredi-là, même pas une heure après avoir pris le travail, il est appelé pour un accident grave. 

Arrivé sur les lieux, il ne voit que les pieds de la victime, le reste du corps se trouve dans une machine dont la fonction est de nettoyer et de se débarrasser des crasses. 

Il se rend compte que c’est son ami Laurent, il lui parle mais il ne répond pas. 

Alors, avec quelques collègues et les secours qui arrivent, on s’y met : on commence par faire une ouverture dans la machine pour libérer le collègue. Avec une disqueuse on ouvre la plaque métallique de la machine.

Au fur et à mesure, on commence à voir le reste du corps de Laurent et les blessures sont tellement importantes qu’on finit par espérer qu’il ne s’en remettra pas. 

Le verdict tombe quand il prend les paramètres vitaux : Laurent n’est plus. 

Laurent qui travaillait dans la boite depuis plus de 10 ans, 

Laurent, toujours prêt à faire des heures supplémentaires,  

Laurent qui a 38 ans est devenu père pour la première fois depuis seulement 6 mois. 

Celui que Sami avait quitté la veille sur le parking de l’entreprise en lui lançant un « Que Dieu te garde », 

Et bien Laurent n’est plus.